Ces petites mains qui balisent les chemins de la Somme
Elles sont visibles mais discrètes, pour ne pas nuire au charme du lieu. Les marques de balisage des chemins accompagnent le randonneur dans ses escapades. Rencontre avec une randonneuse-baliseuse.
Si vous sillonnez la campagne samarienne, vous les avez sûrement remarquées, ces marques blanches et rouges, ou jaunes, qui bordent les sentiers. Sur un arbre, un piquet en bois ou un poteau électrique, elles sont là pour rappeler la direction à prendre. Deux traits horizontaux (un dans les cas des chemins de promenade et randonnée (PR®)) : vous êtes dans la bonne direction. Un trait fléché orienté vers la droite ou la gauche surmonté de deux traits horizontaux (un trait dans le cas des PR®) : tournez à droite ou à gauche. Une croix : vous êtes dans la mauvaise direction.
Mais quelles sont les petites mains derrière ces signes colorés ? Pour concevoir, aménager et baliser un sentier de randonnée, la Fédération française de la randonnée pédestre s'appuie, la plupart du temps, sur des associations locales de randonneurs. C'est le cas de Monique, randonneuse passionnée et baliseuse bénévole, engagée dans plusieurs associations du département. «J'ai toujours marché : en colonie de vacances, en pension lorsque j'étais enfant... Plus tard, ma soeur m'a incitée à rejoindre un club amiénois. Et voilà trente-cinq ans que je randonne. Le contact avec le sol me procure du bien-être», confie-t-elle.
Avant la retraite, Monique travaillait dans un bureau. Alors, la randonnée était le moyen de s'aérer. «C'est ma bouffée d'oxygène», assure-t-elle. Ses pieds lui ont permis de découvrir la beauté des régions de France : Bretagne, Cottentin, Bourgogne, Jura, Champagne, Petite Suisse normande, et la montagne, qu'elle affectionne particulièrement. La Somme, qu'elle a sillonnée en long, en large et en travers, n'a pas à rougir de ses paysages. Elle l'apprécie particulièrement l'automne, car les couleurs chaudes la magnifient, et au printemps, lorsque la nature se réveille. Son coup de coeur, juste après le secteur de Poix-de-Picardie : le sentier du littoral, de Mers à Ault. «Je n'aime pas la monotonie. Je préfère les paysages vallonnés, pour la beauté du décor et pour l'effort qu'ils impliquent», précise-t-elle.
Des efforts qui ont du mal à séduire les jeunes générations, adeptes du «tout, tout de suite». «L'âge moyen des adhérents des associations locales est de plus en plus élevé. La marche ne les attire pas. Ce qu'elle offre est pourtant délicieux : convivialité, plein air, découverte de l'environnement...»
Voir les choses différemment
Se déplacer à pied offre la chance de voir les choses différemment. «On perçoit les détails. On prend le temps d'entrer dans un petit cimetière, dans une église, de s'attarder sur une fleur que l'on n'avait jamais vue avant... Finalement, les marcheurs ont un petit côté rêveur en eux.» Mais, pour Monique, marcher est tout un apprentissage. «Il faut aimer sentir le vent ou la pluie. Un orage est tellement vite arrivé !» Le rêveur doit donc aussi être organisé : matériel adéquat, repérage de l'itinéraire, carte... Aussi, il doit ouvrir l'oeil pour repérer les marques de balisage.
Ce balisage, justement, est réalisé grâce à l'engagement de bénévoles comme Monique. «Une formation est nécessaire avant de pouvoir être baliseur, explique-t-elle. Les règles sont bien définies, avec une charte que nous devons suivre.» Avec son binôme, Monique entretient chaque sentier ou portion de randonnée qui lui a été confiée une fois tous les deux ans, panier du baliseur sous le bras, avec peinture et pinceaux, sécateur et coupe-branches. Elle a notamment en charge une dizaine de km du récent GR 800, qui longe la Somme de Fonsomme à Saint-Valéry-sur-Somme, et du GR 123 qui relie Contes (62) à Clairy-Saulchoix en passant pas la forêt de Crécy-en-Ponthieu. «Avant de baliser dans la forêt, nous devons signaler notre présence à l'ONF. Si le chemin traverse un terrain privé, nous devons là aussi demander l'autorisation au propriétaire.»
Des déconvenues
Les baliseurs sont régulièrement sujets aux déconvenues. «Nous balisons parfois sur des pylônes électriques, qu'EDF peut renouveler sans nous prévenir. Des plaquettes sont arrachées.. Finalement, la peinture est ce qui se dégrade le moins.» Au-delà de la volatilisation du marquage, des chemins eux-même peuvent disparaître. «En forêt, certains rétrécissent d'année en année faute de passage régulier.» En plaine, d'autres sont tout simplement rayés de la carte, lors d'un labour un peu trop gourmand, par exemple. Les constructions d'éoliennes peuvent aussi bouleverser les tracés : «parfois, nous sommes obligés de modifier l'itinéraire car une éolienne a été construite pile dessus».
Autre déboire : Monique fait partie des premiers témoins des dépôts sauvages qui se multiplient. Une incompréhension, pour les randonneurs chevronnés soumis à une charte d'éthique : «rester sur le sentier, refermer les barrières et les clôtures derrière soi, tenir son chien en laisse, ne pas prélever la faune ni la flore et, surtout, ne laisser aucun déchet dans la nature». Des règles qui permettront à tous de se délecter de paysages préservés.
En chiffres
1 700 km des sentiers entretenus dans la Somme
900 km de GR® (Grande randonnée)
150 km de GR® de Pays (boucle du souvenir)
650 km de PR® (promenade et randonnée)
56 baliseurs bénévoles entretiennent ces chemins
Les prochaines randonnées pour tous
Dimanche 13 septembre : rando aventure de la Moreuilloise, à 8h30, 13 km le matin et 6 km l'après-midi, renseignements au 07 81 23 92 30,
randoaventuremoreuil.e-monsite.com
Samedi 26 septembre : les chemins de ViaSanté (Camon), inscriptions à partir de 13h30, rando de 10, 7 et 3,5 km, marche nordique 10 km. Renseignements au 06 45 43 36 41
Samedi 10 octobre : les Marcheurs péronnais, rando marathon de 36 km Albert Péronne, départ 8h place d'Albert, inscription : 3 EUR avant le 3 octobre, renseignements au 06 75 71 31 46
Le calendrier complet sur https://somme.ffrandonnee.fr