Pommes de terre
Ces projets industriels qui donnent des ailes aux patatiers
L’implantation de plusieurs usines de transformation de pommes de terre sur le sol français n’a pas fait oublier les sujets de compétitivité, moyens de production, revenu, adaptation au changement climatique et gestion de l’eau aux participants du dernier congrès de l’UNPT.
L’implantation de plusieurs usines de transformation de pommes de terre sur le sol français n’a pas fait oublier les sujets de compétitivité, moyens de production, revenu, adaptation au changement climatique et gestion de l’eau aux participants du dernier congrès de l’UNPT.
Clarebout, Agristo et Ecofrost… Trois noms qui ont résonné plus d’une fois dans la salle où se tenait la séquence plénière du 19e congrès de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre et dans les allées du salon Pro’Pom à Dunkerque (59) le 16 janvier. Si ces noms étaient sur quasiment toutes les lèvres, c’est parce qu’ils sont synonymes d’une dynamique retrouvée pour la filière pommes de terre et correspondent à trois projets d’implantation industrielle sur le territoire des Hauts-de-France : l’un à Dunkerque, l’autre à Escaudoeuvres et le troisième à Péronne.
Permettre l’investissement
Si ces trois industriels ont choisi la France, et plus particulièrement les Hauts-de-France pour leur implantation, «c’est parce qu’ils ont été convaincus que cette région peut leur donner ce qu’ils ont besoin», a déclaré Laurent Degenne, agriculteur dans l’est de la Somme et président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France à l’occasion d’une des tables rondes ponctuant le congrès. Mais comme d’autres avec lui l’ont rappelé, «climat, terroir et savoir-faire» ne font pas tout. Dans les Hauts-de-France, les producteurs de pommes de terre peuvent compter sur le soutien politique de la majorité du Conseil régional ; laquelle s’est engagé à accompagner des projets de stockage de l’eau. En matière de stockage de pommes de terre, l’idée d’un plan dédié à l’investissement a aussi été évoqué.
Pendant toute sa durée, boostés par l’appétit d’industriels pour la pomme de terre française, les représentants des producteurs dont Alain Dequeker ont profité de l’occasion pour adresser aux pouvoirs publics quelques messages, notamment pour permettre aux producteurs d’investir : «Quand un industriel investit 300 millions d’euros sur un territoire, il faudrait idéalement autant sur la table pour permettre à la production de s’améliorer», a-t-il fait valoir. Côté commerce, Francisco Moya (Négonor) a rappelé quant à lui le souci d’avoir «une stratégie commune permettant un développement pérenne de la filière.» Enfin, du côté industriel, ce sont comme chez les producteurs la question de la durabilité et de la productivité qui paraissent prioritaires.
Défis et points de vigilance
Le rôle de l’État et des pouvoirs publics dans tout cela puisqu’un certain nombre de messages leur semblaient adressés ? «Aider les acteurs de la filière de la pomme de terre à gagner en compétitivité, en étant à leurs côtés», a résumé Philippe Goetzmann, spécialiste de la consommation et du commerce de détail. Une manière de sous-entendre que cela n’est pas toujours le cas… «La filière pommes de terre a plus besoin aujourd’hui d’être accompagnée que d’être freinée», a-t-il encore défendu.
Bien que satisfait des perspectives de développement de la pomme de terre offert par l’implantation de trois usines sur le sol français, le président de l’UNPT Geoffroy d’Évry n’a pas fait mystère d’un certain nombre de défis qu’il reste à relever, et de points de vigilance : maintien de la valeur du produit «pommes de terre», respect de la loi Egalim, organisation de la production, disponibilité des plants, transition agroécologique, hausse des coûts de production, réglementation phytosanitaire… ou encore répartition des marges : «La pomme de terre n’a pas à être bradée», a ainsi conclu M. d’Evry.