Distribution
Cette dernière campagne qui ne vient pas pour Francis Mourier
À la tête de Natur’Grains, l’ancien agriculteur Francis Mourier souhaite céder son entreprise depuis plusieurs années, mais les offres de reprise sérieuses ne se bousculent pas au portillon.
À la tête de Natur’Grains, l’ancien agriculteur Francis Mourier souhaite céder son entreprise depuis plusieurs années, mais les offres de reprise sérieuses ne se bousculent pas au portillon.
À 55 ans, après une carrière professionnelle débutée comme agriculteur avant de devenir fabricant et distributeur d’aliments pour animaux, mais aussi éleveur de volailles d’ornement, Francis Mourier était déjà bien décidé à passer la main. Bientôt dix ans plus tard, le chef d’entreprise installé à Mailly-Raineval en est toujours au même point. Malgré plusieurs entretiens et participation à des rencontres avec des porteurs de projets, Francis Mourier n’a toujours pas trouvé de repreneur pour son entreprise. La dernière piste date de décembre 2023, mais l’aventure n’a pas été menée à son terme.
Du hamster au cheval
«Quand je présente mon activité, on me regarde avec de grands yeux», assurait-il encore fin juillet. Ces yeux, ce sont ceux de l’étonnement. Il reconnait volontiers «sortir des sentiers battus. Cette activité, ce n’est pas un métier, mais quatre ou cinq en même temps». Son magasin ne compte pas moins de 1 500 références. «Ce n’est plus une simple activité de diversification comme je l’avais créée au départ…» Natur’Grains a compté jusqu’à neuf salariés. Pour se faire connaître, il a longtemps participé à de nombreux événements : salons et foires agricoles, rencontres de clubs… Aujourd’hui, Francis Mourier l’assure, l’entreprise qu’il veut céder est «un outil de travail complet».
Une certaine idée du profil
Francis Mourier a une certaine idée du profil du repreneur de son entreprise : «Dans l’idéal, il faudrait que ce soit un couple, explique-t-il. Par expérience, sur les dernières années, on voit clairement que l’échec est lié à l’investissement personnel que cela demande.» Lui-même dit y consacrer entre «50 et 60 heures par semaine», en parallèle à d’autres occupations. Parmi les candidats qu’il rencontre, il regrette «un manque de projection». «À mon âge, je ne me projette plus, mais il y a des choses à faire, comme intensifier la vente en ligne, faire plus de communication sur les réseaux sociaux…» L’activité d’une entreprise comme Natur’Grains est prenante, pour ne pas dire dévorante : «C’est une activité qui occupe six jours sur sept. On fait de l’alimentaire, même si ce n’est pas de l’alimentation humaine.» Le gérant de l’entreprise reconnait que la période estivale n’est pas forcément la plus intense sur le plan commercial, «mais il y a tout le reste à gérer», dont les approvisionnements.
Vente directe
Bien qu’il s’agisse d’une SARL, Natur’Grains est bien affiliée à la MSA. Son chiffre d’affaires annuel avoisine les 500 000 €, ce qui témoigne d’une certaine dynamique hebdomadaire. Quant au prix de la cession, il n’a pas évolué depuis la dernière fois où nous avions rencontré Francis Mourier (mars 2020) : 150 000 €, dont la moitié est constituée par les stocks. Et un problème récurrent : l’accès au financement pour un repreneur potentiel. Le gérant se refuse à céder un quelconque fonds de commerce ou clientèle, même s’il assure que le potentiel est là avec un portefeuille constitué de 6 000 clients : «Avec la moitié de la population du département dans un rayon de trente kilomètres, il y a un vrai marché», assure le gérant de Natur’Grains. En l’espace de 30, le portefeuille de clients s’est étoffé et diversifié. «Aujourd’hui, je ne vends plus qu’en direct, avec quelques dépôts, mais c’est tout.» Milieu de semaine dernière, il accueillait sur place, à Mailly-Raineval, le sous-préfet de Montdidier pour une présentation de son entreprise, de ses difficultés à céder, d’aménagement du territoire, «mais aussi parler de l’agriculture au sens large». L’œil pétillant, toujours.