Aménagement du territoire
Chantier du canal Seine-Nord, on y est… presque
La phase de présentation au public du chantier du canal Seine-Nord Europe a fait étape mardi soir à Péronne, avec un focus sur la partie «Somme» de l’ouvrage. Une centaine de personnes y ont participé.
La phase de présentation au public du chantier du canal Seine-Nord Europe a fait étape mardi soir à Péronne, avec un focus sur la partie «Somme» de l’ouvrage. Une centaine de personnes y ont participé.
Le chantier de construction du canal Seine-Nord Europe est bel et bien lancé et, sauf cataclysme, rien ne devrait plus désormais l’arrêter. Pas même les quelques voix (encore) qui parlent d’une «aberration» comme on l’a entendu mardi soir dernier à Péronne lors d’une réunion publique de présentation du projet. Si les travaux ont commencé dans l’Oise, dans la Somme et les autres départements des Hauts-de-France traversés par le canal, «les études se poursuivent», a ainsi résumé Pierre-Yves Biet, directeur «partenariats et territoires» au sein de la Société du canal Seine-Nord Europe. Dans le Santerre et la Haute-Somme, si les travaux ne sont pas encore vraiment visibles, «cela fait deux ans qu’on a commencé les sondages géotechniques et on fait aussi des diagnostics archéologiques», a exposé le responsable de la société du canal Seine-Nord. Le gros des travaux devrait, quant à lui, y débuter dans le courant du deuxième semestre 2024. Avant de poursuivre la présentation du déroulé de la réalisation secteur par secteur, M. Biet est revenu sur différents aspects du projet - financement, alimentation en eau, impact pour l’agriculture et l’environnement et même opportunité de ce canal à grand gabarit -, comme une manière de lever les doutes.
Limiter les impacts
En ce qui concerne le financement du projet, «il y a eu de longues discussions, mais il est bouclé depuis le 27 juin 2019», a ainsi détaillé Pierre-Yves Biet. Cofinancé par l’Union européenne, les Régions Hauts-de-France et Île-de-France, l’État et les départements des Hauts-de-France, le projet de canal affiche un montant d’un peu plus de 5 milliards d’euros. Pour l’alimentation en eau du canal Seine-Nord, «le sujet a été pris en compte dès le début», rappelle encore M. Biet. Et d’assurer «qu’on ne puisera pas les nappes pour remplir le nouveau canal, mais dans les eaux de surface». Le futur tracé devrait ainsi être alimenté par l’Oise ainsi que par une réserve installée sur les communes d’Allaines et de Bouchavesnes-Bergen. Dans sa conception, le canal a aussi été imaginé pour être «économe» grâce à un système de recyclage au niveau des écluses et l’installation de dispositifs d’étanchéité «performants». En matière d’agriculture, «nous avons travaillé dès le début avec la profession agricole pour limiter l’emprise. L’objectif est de ne pas déstabiliser les exploitations agricoles du territoire». Enfin, en matière d’environnement, «1 100 ha d’aménagements écologiques vont être réalisés : berges lagunées, création de zones humides, reboisements…» Malgré tout, «oui, il y a aura des impacts, mais nous sommes attachés à les réduire autant que possible et compenser avec une réglementation qui s’est durcie», a dit le directeur «partenariats et territoires» au sein de la Société du canal Seine-Nord Europe.
Compensation écologique
Pour Pierre-Yves Biet, si le temps du débat a été «long» et le ton des échanges parfois «vif», «il a été tranché» et «la responsabilité de la société du canal Seine-Nord est désormais de faire en sorte qu’il devienne réalité». À une époque où la notion souveraineté est de quasiment tous les discours, «nous sommes convaincus que ce canal est une part modeste de la réponse à apporter», a défendu M. Biet. Rien qu’en matière logistique, «il va permettre de massifier les flux. Un bateau à grand gabarit, c’est trois à cinq fois d’émissions de CO2 à la tonne transportée qu’un transport routier». De quoi ravir les défenseurs d’une nécessaire transition écologique des transports.