Colonel François-Xavier Martin : «La prévention est l’affaire de tous»
Au terme d’un échange avec le président de la FDSEA, lundi 6 décembre, le colonel François-Xavier Martin s’est prêté au jeu de l’interview pour l’Action agricole picarde. L’occasion de présenter les missions de la gendarmerie et les attentes réciproques entre militaires et agriculteurs.
Au terme d’un échange avec le président de la FDSEA, lundi 6 décembre, le colonel François-Xavier Martin s’est prêté au jeu de l’interview pour l’Action agricole picarde. L’occasion de présenter les missions de la gendarmerie et les attentes réciproques entre militaires et agriculteurs.
Avant votre prise de commandement dans la Somme, quelle fonction occupiez-vous ?
Je suis arrivé dans la Somme le 1er août dernier pour prendre le commandement du groupement de gendarmerie départementale. Auparavant, j’étais en poste à la direction générale de la gendarmerie nationale où j’étais chef du bureau de l’analyse et de l’anticipation des politiques de ressources humaines. J’ai aujourd’hui sous ma responsabilité 750 personnels répartis dans diverses brigades territoriales.
Connaissiez-vous ce département avant d’y être affecté et quelle image en aviez-vous ?
Je ne le connaissais pas particulièrement et je continue de le découvrir. C’est un beau département, assez rural, où la gendarmerie a donc une place assez importante, même si le taux de délinquance n’y est pas particulièrement inquiétant. La situation sécuritaire y est maîtrisée. 98 % des communes du territoire sont en zone gendarmerie et ce département est plutôt pourvu.
Quand responsables professionnels agricoles et état-major de la gendarmerie se rencontrent, de quoi parlent-ils ?
Nous évoquons la manière dont nous pouvons travailler ensemble. Depuis octobre 2020, il existe par exemple dans ce département une «cellule Demeter» qui permet à la fois de faire de la prévention et de l’accompagnement des professionnels du milieu agricole par des actions de sensibilisation et de conseils destinées à prévenir la commission d’actes délictueux, de la communication et, enfin, du traitement judiciaire des atteintes visant le monde agricole. Au fil des années, les liens se sont un peu distendus. L’une de mes missions est de travailler à restaurer ces liens, par des échanges réguliers. Nous devons réussir à dégager du temps dans nos plannings pour ces échanges et ne pas être là seulement quand on nous appelle. Il nous revient aussi de mettre en œuvre des conditions favorables pour que les agriculteurs travaillent des conditions de sécurité satisfaisantes.
À quels types de faits délictueux peuvent être confrontés les agriculteurs ?
D’une manière générale, il s’agit de vols simples ou de vols avec effractions. Nous avons tous l’image du véhicule garé dans la cour ou sous un hangar avec la clé sur le contact. Combien de bâtiments ne sont pas fermés correctement à clé ? Un matériel qui n’est pas rangé à la place où il doit être peut aussi disparaître plus facilement. Ce sont des choses de bon sens, qu’il faut rappeler. Nous rappelons aussi que la prévention est l’affaire de tous.
Existe-t-il dans ce département une menace particulière de la part de militants animalistes envers les activités d’élevage quand on sait que plusieurs intrusions malveillantes ont eu lieu dernièrement ailleurs en France ?
À ma connaissance, le risque est faible. Il faut bien sûr être vigilant, mais il ne s’agit pas d’une problématique identifiée dans ce département.
Quelles relations entretenez-vous avec l’Office français de la biodiversité (OFB) dont le périmètre d’intervention est aussi le monde rural ?
Comme la gendarmerie, l’OFB a une mission de police mais cette mission est spécialisée puisqu’elle est axée sur l’environnement. La gendarmerie est généraliste. Dans certains cas, nous pouvons intervenir conjointement et mener des opérations communes, mais il n’y a pas de superposition des interventions, ni de concurrence entre nous.
En cas de dépôts sauvages de déchets au beau milieu de la campagne par exemple, qui de l’OFB ou de la gendarmerie est compétent ?
L’un comme l’autre, cela n’a pas d’importance. Nous avons tout autant que les agents de l’OFB la capacité de constater ce genre de faits et de mener des enquêtes pour retrouver les auteurs.
Comment considérez-vous la proposition des fédérations de chasseurs de doter certains de leurs agents de pouvoirs de police ? Plus largement, alors que certains chasseurs sont tentés de le revendiquer, quel rôle de surveillance du territoire ces derniers peuvent-ils jouer ?
Il s’agit d’un sujet sensible. Tout citoyen qui constate un fait anormal ou une infraction doit le signaler. C’est une question de civisme. Dans le cadre de leur loisir, les chasseurs peuvent voir un certain nombre de choses et peuvent être source de renseignement. Mais ils n’ont pas, et n’ont pas à avoir d’attributions particulières par rapport à un citoyen lambda. On ne demande pas aux chasseurs de se substituer aux forces de l’ordre, et cela n’est de toutes façons pas justifié.
Certaines périodes de l’année sont-elles plus «sensibles» que d’autres ?
À vrai dire, pas vraiment en ce qui concerne la gendarmerie. Nous travaillons 7 jours sur 7, 24h/24, ce qui nous rend mobilisables à tout moment.