Comment communiquer sur l'agriculture ?
Trois élèves du Lycée du Paraclet ont invité une représentante de Passion Céréales et un agriculteur adepte des réseaux sociaux pour partager leurs conseils sur leur
manière de communiquer sur l’agriculture au sens large.
du Paraclet. Ils ont accueilli fin de semaine dernière Nadège Lanier et Thierry Bailliet pour une matinée d’échange
sur la communication faite par les agriculteurs.
«Un agriculteur est légitime pour communiquer sur ce qu’il fait. Et de toutes manières, s’il ne le fait pas, ce sont d’autres qui le feront à sa place...» Agriculteur dans le Pas-de-Calais, rompu à la communication sur son métier par la vidéo (entre autres), Thierry Bailliet est aujourd’hui à la tête d’une large communauté de «fans» qui le suivent dans son quotidien. En parallèle à son métier d’agriculteur, la communication sur l’agriculture et ses pratiques est volontiers chronophage, mais il assume et assure y prendre beaucoup de plaisir. Fin de semaine dernière, c’est devant les étudiants du Lycée agricole du Paraclet qu’il est venu distiller quelques précieux conseils. Il était accompagné pour cela de Nadège Lanier, chargée de communication de Passion Céréales, l’association créée à l’initiative de l’interprofession céréalière (Intercéréales) qui rassemble les producteurs de céréales, les coopératives, les négociants, les meuniers, les malteurs, les amidonniers, les semouliers, les exportateurs ainsi que les acteurs de la nutrition animale. Chacun à sa manière et avec ses propres outils est venu expliquer les bienfaits de la communication et une manière de faire.
Savoir prendre du recul
Pour Nadège Lanier comme pour Thierry Bailliet, il est essentiel de savoir prendre du recul face aux critiques et de relativiser : «Chacun s’estime aujourd’hui expert de tout, que ce soit en santé, dans le domaine de l’alimentation ou de l’environnement. La défiance que l’on ressent est valable pour tous les secteurs», constate la représentante de Passion Céréales. Chiffres à l’appui, Thierry Bailliet partage l’analyse : «40 % des agriculteurs pensent que les autres citoyens ne les aiment pas et qu’ils ont une mauvaise image, alors qu’en réalité, 59 % du grand public a une bonne opinion des agriculteurs. Ceux qui en ont une mauvaise image ne sont que 10 %. Quand 87 % des agriculteurs pensent qu’ils ont une image d’assistés, ce sentiment n’est partagé que par 47 % des Français.» Cette capacité à prendre du recul est également recherchée pour faire face aux insultes et aux violences : «Quand on m’attaque sur les réseaux sociaux, et cela arrive, je ne réponds pas tout de suite, explique Thierry Bailliet. Je réagis seulement au bout de 24 heures. Ensuite, tout dépend aussi de la manière dont on est pris à parti. Enfin, il faut savoir parfois se remettre en question et ne pas forcément vouloir toujours avoir raison.»
Les outils ne manquent pas
Pour Thierry Bailliet, les outils à disposition sont également multiples et variés. Faire des vidéos et les poster sur la plateforme de partage Youtube est assurément celui qu’il apprécie «le plus». «Quand les vidéos sont bien référencées, elles peuvent être visibles pendant plusieurs années. La vidéo est un bon moyen de toucher les gens.» Pour donner plus de visibilité à ces vidéos, le réseau social Facebook s’avère efficace : «On y voit de plus en plus de vidéos, s’amuse M. Bailliet. Au départ, on n’y voyait que des messages écrits, mais l’outil a évolué». Twitter est pour l’agriculteur un moyen d’interpeller directement un interlocuteur. Quant aux outils Instagram et Snapchat, leur vocation est de partager des photos, auprès d’une communauté et/ou de manière éphémère. «Il faut aller là où on est à l’aise, poursuit-il. Toujours avec plaisir. Ce ne doit pas être vécu comme une obligation.»
Du côté de Passion Céréales, où les réseaux sociaux font désormais partie de la palette d’outils à disposition, ces nouveaux médias ne font pas tout : «La communication passe aussi par le dialogue avec ses voisins. C’est au quotidien, sans forcément chercher à viser très haut», assure Nadège Lanier. L’association continue, quant à elle, de s’appuyer sur des chiffres - beaucoup de chiffres - sur la filière, le poids de la production céréalière en France, le nombre d’emplois induits, les débouchés... Elle s’appuie également sur un réseau d’agriculteurs «ambassadeurs» qui expliquent au grand public la réalité de leur métier, et répondent aux questions.
La capacité à raconter une histoire
Face à des consommateurs de plus en plus attentifs et curieux, mais pas forcément malveillants ou suspicieux, «il faut faire preuve de transparence, recommande Nadège Lanier. Il y a un public qu’on n’arrivera jamais à convaincre et puis il y a les indécis, ceux qui cherchent une information. C’est à ceux-là qu’il faut s’adresser. Proximité et participation sont des maîtres-mots. Les agriculteurs doivent être acteurs de leur communication en donnant des explications qui font sens et en jouant sur l’émotion. Ils doivent avoir une histoire à raconter». Thierry Bailliet estime, quant à lui, que la cible touchée par ses vidéos comporte environ 20 % de non-agriculteurs. Sans aucun doute, apprendre à communiquer sur son métier sera l’un des enjeux forts pour les futurs professionnels : «Dans le métier d’agriculteur, il y aura une partie de communication à intégrer.» Message reçu 5/5 par un public qui se composait majoritairement de futurs agriculteurs.