Comptes de l’agriculture : résultats 2018 en hausse
Les comptes de l’agriculture nationale, publiés le 4 juillet, font état d’une hausse des indicateurs de résultat, notamment de la valeur ajoutée brute et du résultat net. Une hausse qui ne doit pas faire oublier certains signaux inquiétants.
Année marquée par des conditions climatiques particulièrement sèches en été, 2018 a malgré tout vu le résultat de la Ferme France progresser. Et ce, pour la deuxième année consécutive. C’est l’enseignement du nouveau rapport de la Commission des comptes de l’agriculture de la nation (CCAN), publié le 4 juillet. Il confirme ainsi les tendances publiées en décembre 2018.
Le résultat net agricole français est en progression de 15,5 % sur un an après avoir bondi de 30,3 % en 2017 (résultat semi-définitif). Rapporté à l’actif, le résultat net agricole augmente de 17 % après une hausse de 33 % en 2017. Si le résultat est en augmentation, il marque le pas par rapport à 2017, où les hausses étaient plus nettes après une année 2016 catastrophique.
De plus, les chiffres prévisionnels annoncés en décembre étaient plus optimistes. Le résultat net de la branche agricole par actif non salarié en termes réels a ainsi été réévalué de 1,3 point à la baisse dans ce nouveau rapport.
Le PIB agricole augmente
«Grâce à la hausse conjuguée des volumes et des prix», la valeur de la production végétale progresse de 10,3 %, notamment grâce au fort rebond du vin. A l’inverse, la valeur de la production animale diminue de 0,9 %. Les volumes se maintiennent, mais les prix reculent. Au total, la valeur de production agricole française continue d’augmenter en 2018 de 5,7 % pour atteindre 76,4 milliards d’euros.
Côté sortie, les consommations intermédiaires augmentent de 2,1 % après plusieurs années de baisse. Ce sont les engrais et l’énergie qui tirent le plus la progression. Les premiers, car ils sont de plus en plus achetés par les agriculteurs, le second, car les prix flambent. Côté entrée, les subventions d’exploitation sont en baisse de 5 % sur un an à 7,9 milliards d’euros. Un repli expliqué par la diminution des aides du premier pilier de la Pac pour la programmation 2014-2020 «afin d’assurer le financement des aides du second pilier (ICHN notamment)», explique le rapport.
Aussi, l’équivalent du produit intérieur brut (PIB) de la branche agricole, approché par la valeur ajoutée au coût des facteurs en termes réels* (incluant aides et subventions et tenant compte de l’inflation), s’accroît de 6,7 % pour s’établir à 39,9 milliards d’euros en 2018.
Une place de choix en Europe
Si on la compare à ses voisins européens, la Ferme France se maintient à la première place en termes de valeur de sa production agricole. Elle est suivie par l’Italie et l’Espagne. L’Allemagne arrive en quatrième position, pénalisée par une drastique baisse de sa production végétale ; elle reste numéro un en production animale. Outre la première place du podium, «avec 5,6 % de croissance en 2018, d’après l’estimation du compte provisoire, la production de la branche agricole française progresse à un rythme supérieur à la moyenne européenne», analyse la CCAN.
En déduisant les consommations intermédiaires qui progressent de 4,4 % en Europe, la valeur ajoutée brute de l’agriculture européenne s’établit à 182 milliards d’euros en 2018. Soit une baisse de 3 % en un an. Et «parmi les grands pays producteurs, la France et l’Espagne seraient [...] les deux seuls pays à tirer leur épingle du jeu en 2018».
*Valeur ajoutée au coût des facteurs = production ; consommations intermédiaires + subventions ; impôts sur la production
Des allègements fiscaux en hausse
Les allègements fiscaux au bénéfice du secteur agricole étaient en hausse de 11 % sur l’année 2018, pour atteindre 1,958 Md€, selon les comptes de l’agriculture parus le 4 juillet. La premier poste d’augmentation concerne la taxe sur la consommation de gazole non routier. Les coûts de son remboursement partiel (+ 28 M€) et du taux réduit (+ 56 M€) sont en hausse en raison de l’augmentation du coût du gazole par la contribution climat énergie. Second poste en hausse, les dégrèvements de taxe foncière sur les propriétés non bâties pour perte de récolte (+ 60 M€), en raison notamment de la sécheresse.