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Conférence environnementale : l’agriculture s'est fait entendre

Alors que le Premier ministre a conclu la conférence environnementale en annonçant que la lutte contre le changement climatique serait déclarée grande cause nationale pour 2015, l’agriculture et ses contributions possibles n’ont pas été négligées.

«On ne peut pas faire zéro pesticides dans l’agriculture aujourd’hui, si je dis ça aux agriculteurs, que restera-t-il en termes de production ?» a déclaré le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, pour qui le changement de modèle est nécessaire mais c’est «une mutation profonde, qui prendra un peu de temps».
«On ne peut pas faire zéro pesticides dans l’agriculture aujourd’hui, si je dis ça aux agriculteurs, que restera-t-il en termes de production ?» a déclaré le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, pour qui le changement de modèle est nécessaire mais c’est «une mutation profonde, qui prendra un peu de temps».
© V. Marmuse / CAIA

«L’enjeu principal, c’est de faire que la question environnementale soit un chemin vers notre réussite économique», a rappelé Manuel Valls en conclusion de la Conférence environnementale qui s’est tenue à Paris les 27 et 28 novembre. L’évènement a permis au gouvernement de marquer son engagement dans une lutte qu’il souhaite efficace et pragmatique contre le réchauffement climatique. «L’écologie ne doit pas être un frein à l’économie», a ainsi affirmé le Premier ministre, évoquant notamment «une écologie qui crée de nouvelles filières, en particulier dans l’agriculture».

Agro-écologie
En effet, la contribution positive de l’agriculture a été reconnue à plusieurs reprises à l’issue des débats, comme l’a montré la restitution de la première table-ronde qui portait sur la mobilisation des acteurs en vue de la COP 21 (Conférence de l’ONU sur le climat en 2015). L’engagement des partenaires du milieu agricole pour mettre l’agro-écologie, les efforts sur les bioproduits, les bioénergies au centre des contributions a été salué par les parties-prenantes.
Entre autres idées avancées, celle d’un label bio-carbone est apparue prometteuse pour voir le secteur de la forêt, du bois, et de l’agriculture pleinement engagés dans la réduction des émissions, «dans un secteur où ce n’est pas facile de le faire», a noté le rapporteur de la table-ronde, Laurence Tubiana.
Le secteur agricole peut devenir producteur d’énergie, par exemple avec la méthanisation. Manuel Valls a par ailleurs incité à «aller plus loin dans valorisation des déchets agricoles, plus loin dans le stockage carbone», et à «faire grandir la filière bois». «Je crois à une agriculture moderne, innovante et écologique. La loi d’avenir pour l’agriculture, la réforme de la PAC, le pacte responsabilité sont autant d’opportunités pour amener l’agriculture vers le développement durable», a insisté le Premier ministre.

Agriculture, environnement et santé
Autre contribution de l’agriculture, la production d’une alimentation plus saine, respectueuse de l’environnement. La troisième table-ronde traitant du lien entre environnement et santé a notamment abouti sur large consensus pour une alimentation issue davantage d’agriculture durable et de proximité. Une dynamique soutenue par le Premier ministre : «l’agro-écologie doit se diffuser dans nos restaurations scolaires, c’est une question écologique, économique, sanitaire, sociale : il faut favoriser une restauration collective de proximité et de qualité».
Pour y parvenir, la structuration de l’offre et de la demande au niveau local devra être encouragée, à travers des plateformes comme Agrilocal par exemple. Manuel Valls a ainsi évoqué un guide pour faciliter la généralisation de ces plateformes.

Bio : le crédit d'impôt prolongé
La question de l’alimentation ne peut pas être traitée sans évoquer la réduction des pesticides, et la mise en avant de l’agriculture biologique dont les produits doivent pour le Premier ministre «être généralisés», en particulier dans la restauration collective. En ce sens, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a annoncé le prolongement de trois ans du crédit d’impôt pour agriculteurs qui font le choix de passer en bio.
Sans oublier la parution d’un guide pour aider collectivités territoriales à acheter bio et local, guide présenté au congrès des maires et qui sera envoyé à 35 000 exemplaires aux collectivités.
Les autorités françaises se veulent volontaristes également au niveau des phytosanitaires, avec l’idée de demander une réévaluation anticipée des substances les plus problématiques. La France sera également très vigilante quant au respect du calendrier européen de réévaluation des néonicotinoïdes. Enfin, le milieu agricole s’est aussi très largement engagé à favoriser produits de biocontrôle.

Vigilance pour la suite

Les observateurs craignaient une énième grand-messe, aussi bruyante que stérile. Aux dires des participants, cette conférence environnementale semble avoir ouvert la voie vers des avancées réelles et concrètes. La Fnsea, JA, l’Apca et Coop de France ont ainsi «salué la tenue d’un dialogue constructif» dans les trois tables-rondes, le monde agricole ayant fait entendre son point de vue, par exemple sur le sujet des transports en défendant «la modernisation de toutes les infrastructures pour garder les activités économiques structurant les territoires». Globalement satisfaits de cette conférence et de la position adoptée par le ministre de l’Agriculture au cours des débats, Stéphane Le Foll ayant souligné «la nécessité de donner du temps pour que les transitions produisent des effets», les représentants du monde agricole restent «vigilants et actifs» en attendant de voir si la feuille de route finale prendra bien en compte leurs contributions et leurs attentes.

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