Souveraineté alimentaire
Conflit russo-Ukrainien : produire plus mais toujours avec Farm to Fork
A la demande de la présidence française de l’Union européenne, un Conseil agricole s’est tenu de manière exceptionnelle le 2 mars dans le but de juger de l’opportunité d’adapter les objectifs agricoles au contexte international. Des décisions seront sans doute prises dans les prochaines semaines. Mais à la marge.
A la demande de la présidence française de l’Union européenne, un Conseil agricole s’est tenu de manière exceptionnelle le 2 mars dans le but de juger de l’opportunité d’adapter les objectifs agricoles au contexte international. Des décisions seront sans doute prises dans les prochaines semaines. Mais à la marge.
A l’issue du Conseil agricole informel extraordinaire du 2 mars organisé pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine, le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, n’a pas laissé immédiatement de porte ouverte à la révision de Farm to Fork. Or de nombreuses organisations syndicales agricoles l’ont demandé, en particulier les représentants des grandes cultures et ceux des fruits et légumes.
La FNSEA dans un communiqué publié le jour même avait lancé un vibrant appel à la souveraineté alimentaire française et européenne. « La logique de décroissance souhaitée par la stratégie européenne Farm to Fork doit être profondément remise en question. Il faut au contraire produire plus sur notre territoire, produire durablement mais produire », a-t-elle insisté mettant en avant la nécessité de revenir sur les jachères : « l'obligation dans la future PAC de consacrer 4 % à des surfaces dites non productives doit immédiatement être remise en question ».
« Nous avons entendu que ces stratégies (avec Green Deal et Biodiversité 2030, ndlr), ne pouvaient pas être laissées de côté (…) Après analyse, s’il le faut, nous rectifierons le tir », lui a en quelque sorte répondu le commissaire européen, lors d’une conférence de presse. « On ne remet pas en cause les objectifs de ces stratégies. Elles doivent être soutenues », a-t-il ajouté.
Sursis pour la jachère obligatoire
Le commissaire a également indiqué que l’Europe allait « tout faire pour libérer dès maintenant le potentiel de production agricole » de l’UE, notamment en utilisant des jachères pour cultiver des protéagineux. Sur ce point, le ministre français de l’Agriculture et président du Conseil agricole, Julien Denormandie a indiqué que la demande de cultiver les jachères « valait pour l’année en cours, pas pour post 2022 ».
La réaction de la présidente de la FNSEA, également présidente du COPA a été rapide : « Les arguments de la FNSEA et du COPA ont été entendus. Je salue la décision de bon sens au Conseil des ministres européens : pouvoir semer les surfaces initialement prévues en jachère en 2022 », a twitté Christiane Lambert qui souhaite opposer un bouclier alimentaire à l’arme alimentaire russe.
En outre, « des mesures de stockage privé et des réserves de crise sont envisagées pour l’élevage », a soutenu Janusz Wojciechowski, évoquant le secteur porcin « qui traverse une grave crise ».
Un point sera établi lors du Comité spécial agriculture des 7 et 8 mars. Julien Denormandie et Janusz Wojciechowski ont enfin exprimé toute leur solidarité avec le peuple ukrainien.