Congrès JA : les jeunes agriculteurs veulent des garanties pour l'avenir
Face aux jeunes agriculteurs qui l’ont interrogé, à l’occasion de leur congrès, sur les sujets d’actualité, le ministre de l’Agriculture a garanti que le financement des aides à l’installation serait assuré et que l’enveloppe prévue à cet effet serait rallongée si nécessaire.
«Oui, je prends l’engagement qu’aucun jeune, en 2019 et en 2020, ne puisse pas s’installer car il manque de l’argent. L’installation fait partie des priorités du gouvernement, et l’argent des DJA sera présent partout !», a promis le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, lors de la dernière journée du congrès de Jeunes agriculteurs (JA), le 6 juin, à Roanne (Loire). L’augmentation du nombre d’installations aidées - «une bonne nouvelle pour la France», selon Samuel Vandaele, président de JA - laissait en effet craindre un dépassement de l’enveloppe initialement prévue, et donc un manque de financement pour la dotation jeunes agriculteurs (DJA). Le ministre a, par ailleurs, indiqué qu’il souhaitait «engager un grand plan de formation» pour «réorienter les programmes dans les lycées agricoles» et faire en sorte qu’ils soient plus proches des réalités du terrain.
Inquiétudes sur un accord UE/Mercosur
Si le ministre, qui a répondu aux interrogations des jeunes agriculteurs, sous un format inédit de questions/réponses, a pu clairement rassurer l’assistance sur l’accompagnement à l’installation, d’autres sujets ont été soulevés, sans annonce notable de la part de Didier Guillaume. Ce dernier a notamment rappelé, dans le cadre des négociations entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, que la France ne signerait pas d’accord qui permettrait d’importer des produits qui ne correspondent pas aux standards européens et français.
«Mais l’enjeu politique, c’est de faire monter l’ensemble des standards européens, car si la France dit non et que l’ensemble des pays est pour cet accord, cela pose problème», a-t-il néanmoins reconnu, tout en demandant parallèlement à la filière bovine de se battre davantage pour conquérir des marchés internationaux. La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a également insisté sur ce point, exigeant «que l’article 44 de la loi Egalim (qui interdit de proposer à la vente des produits qui ne répondent pas aux normes françaises, ndlr) soit mis en application le plus rapidement possible».
Agribashing, revenus
Dans l’esprit de leur rapport d’orientation, qui défend une ruralité attractive, vivante pour la jeunesse au sein des territoires, les jeunes agriculteurs ont rappelé l’importance de maintenir l’attractivité du métier d’agriculteur, mis à mal depuis quelques années par les faibles revenus, l’agribashing ou encore les freins à l’installation. Ainsi, face à une grande distribution qui peine à mettre en pratique la loi Egalim, «les sanctions doivent tomber vite, aussi vite que les sanctions de la Pac» , a souligné Samuel Vandaele. «Le compte n’y est pas», a reconnu le ministre, en dépit des 2 000 contrôles déjà réalisés sur les 6 000 prévus par la DGCCRF. «Nous continuerons à mettre la pression», a-t-il ajouté, incitant les JA à en faire de même vis-à-vis des distributeurs récalcitrants.
Enfin, le sujet de l’agribashing est évidemment revenu à plusieurs reprises dans les échanges, d’autant plus ravivé par les intrusions qui ont eu lieu ces derniers temps dans les élevages et les abattoirs, et qui entraînent pour les agriculteurs un sentiment «d’injustice», pour Christiane Lambert, et une «souffrance», estime Samuel Vandaele. «Quand pensez-vous faire respecter notre liberté ?», a demandé le président de JA de la Loire, Rémi Jousserand. Si le ministre a condamné ces attaques, de même que l’agribashing en général, il attend que la justice fasse son travail le plus rapidement possible.
Congrès JA : un événement national en avril 2020
«Les Toqués de l’agriculture», c’est le nom de l’événement national qu’organisera Jeunes agriculteurs du 24 au 26 avril 2020, à Paris, a annoncé l’organisation, le 6 juin, à l’occasion de son congrès national à Roanne, dans la Loire.
Pendant ces trois jours, installés sur le parvis de l’Hôtel de ville de la capitale, les producteurs mettront en valeur le lien entre agriculture et alimentation. Les jeunes agriculteurs venus des régions pourront, les deux premiers jours, vendre leurs produits et expliquer leur métier, rappelant que sans bons produits, pas de bons plats.
Le dernier jour sera consacré à la mise en valeur des produits au sein de la gastronomie française, à travers des recettes élaborées en partenariat avec l’Institut Paul Bocuse. L’événement est financé par Terres innovantes, le fonds de dotation de Jeunes agriculteurs destiné à la promotion du métier et à la valorisation du secteur agricole dans son ensemble.