Coop de France : la compétitivité économique comme fer de lance
La bonne santé économique des coopératives et de l’agriculture dans sa globalité constitue la première des nécessités revendiquées.
La sonnette d’alarme a été lancée lors du Congrès de Coop de France, le 14 décembre dernier. L’agriculture française décroche au profit de pays concurrents directs à l’appétit tout aussi féroce. L’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas ou la Pologne pour ne citer qu’eux. Annoncée par la Commission des comptes de l’Agriculture, le 13 décembre dernier, la perte de - 26 % du revenu des agriculteurs pour l’année 2016 confirme cette triste réalité (cf. ci-dessous).
«Nos positions sont menacées», alerte Michel Prugue, président de Coop de France dans son discours de clôture. Un sentiment de déclassement jugé «inacceptable» par l’ensemble des acteurs réunis. Même tonalité chez le président de la FNSEA, Xavier Beulin, qui insiste sur des exigences de «compétitivité, de résilience et de durabilité» afin de permettre aux entreprises agricoles françaises de rebondir. Les surcoûts liés à la réglementation omniprésente et toujours plus pressante plombent leur compétitivité et génèrent des distorsions de concurrence toujours plus grandes.
Un besoin vital d’investissements
«L’agriculture est confrontée à un monde en bouleversement total, qui oblige à une redéfinition de son modèle […] Le monde agricole français doit se concentrer sur sa capacité de financement», opine Philippe Dessertine, économiste. Le mode coopératif permet, selon lui, de fédérer l’investissement et d’offrir d’autres conditions de financement. «Les fonds publiques et européens à travers la Pac sont en train de se réduire. C’est un point dangereux. L’agriculture doit s’emparer de ces grands défis», ajoute-t-il. L’innovation, la valorisation de la production, l’investissement, l’export composent les principaux chantiers de la coopération et du secteur agricole dans son ensemble.
Par ailleurs, «il faut revoir la loi de modernisation économique (LME) sur le point qui interroge le droit de la concurrence», insiste Michel Prugue. Ce dernier estime que la loi Sapin 2, validée ce début de mois, ne répondra pas entièrement aux exigences en termes de transport, de salaires et de développement. A ce titre, le représentant de Coop de France annonce surveiller de très près les négociations commerciales en cours avec les GMS.
Sur le dossier Pac, la coopération demande à ce qu’elle soit «résolument économique» en intégrant des outils pour lutter contre la volatilité. En moins de dix ans, explique Jérémy Decerle, président de Jeunes agriculteurs (JA), le nombre d’exploitants a chuté de - 25 %. «Il ne faut plus continuer à en perdre. La restructuration de nos fermes a atteint ses limites», réagit l’intéressé. Le monde de la coopération demeure un acteur de poids dans le paysage économique français, avec un chiffre d’affaires évalué à près de 86 milliards d’euros. Parmi les coopératives, un bon nombre d’entre elles investit à l’étranger sur des marchés porteurs. L’Afrique en fait partie.
Dix propositions en Afrique
A l’occasion de son congrès, Coop de France a publié un livre blanc destiné à construire des partenariats ambitieux avec des opérateurs en Afrique. Ce continent présente des opportunités de croissance indéniables. Pour preuve, sa population doublera en 2050 à près de deux milliards d’habitants. Ces nouveaux consommateurs représentent naturellement de nouveaux besoins en matière d’alimentation et autres. «On a l’espoir de développer de nouvelles activités. On pourrait faire des produits en partenariat avec des organisations de producteurs locales directement», souligne, enthousiaste Pascal Viné, directeur général de Coop de France.
«Ce livre blanc est la première pierre angulaire sur le territoire africain», déclare pour sa part Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo. Parmi les propositions figurent la création d’un fonds de coopération agricole française, le développement d’un dispositif d’accompagnement pour les entreprises souhaitant s’engager dans un partenariat ou encore la création d’un comité d’éthique de suivi des activités sur place.