Coups de pioche et de taloche pour le canal Seine-Nord Europe
Alors que la préfecture de l’Oise a autorisé le début des travaux de la première phase d’un chantier qui en compte quatre, le canal Seine- Nord Europe s’invite dans la campagne des élections régionales.
Alors que la préfecture de l’Oise a autorisé le début des travaux de la première phase d’un chantier qui en compte quatre, le canal Seine- Nord Europe s’invite dans la campagne des élections régionales.
Un jour, c’est non. Un autre, c’est oui, mais… Les propos de la députée européenne et tête de liste Climat emploi pour les élections régionales en Hauts-de-France, Karima Delli contre le projet du canal Seine-Nord Europe ont provoqué une levée de boucliers quasi unanime… contre elle. Comment en est-on arrivé là ? Par des déclarations qui datent un peu (2014, 2017) mais précieusement conservées jusqu’alors. La première trace de l’opposition de Karima Delli au Canal Seine Nord Europe date en effet de 2014 où par la voie d’un communiqué siglé EELV, la députée européenne dénonce «l’absurdité d’un grand projet inutile». En 2017, c’est sur le réseau social Twitter que celle qui est aujourd’hui candidate à la présidence de la Région Hauts-de-France clame son opposition. Elle y déclare en effet que «le canal Seine-Nord ne réduira pas le trafic routier, seuls 3 % des marchandises passeraient du routier au canal». Plus récemment, c’est toujours de Twitter que le trouble est venu avec un message du 15 avril dernier dans lequel elle assure que «sous ma présidence, le canal Seine-Nord se fera, et même aux meilleurs standards écologiques. Ce qu’il nous faudra comprendre et remettre à plat, c’est comment la Région s’est retrouvée à financer un projet que l’État devait payer pour nous».
Embarras politique
En pleine campagne pour les élections régionales, certains se frottent les mains de ce qui apparaît comme un volte-face de la tête de liste Climat emploi, à commencer par le vice-président sortant et président du groupe LR au Conseil régional Hauts-de-France, l’axonais Christophe Coulon. «Il va falloir nous dire qu’elle est la bonne version… Nous ne vous ferons jamais confiance sur le canal, a-t-il déclaré le 16 avril à l’adresse de Mme Delli. EELV le combat depuis toujours». La confusion s’est invitée aussi au sein de la propre liste de Karima Delli avec des soutiens embarrassés, à l’image du sénateur du Nord et président du groupe PS au Sénat, Patrick Kanner. Il reconnait ainsi une divergence de point de vue sur ce grand projet qu’il a lui-même soutenu lorsqu’il était ministre pendant le quinquennat de François Hollande. Pour tenter d’apaiser les tensions, Patrick Kanner évoque la «remise à plat» du projet demandée par Karima Delli, ce qui ne signifie pas selon lui «une remise en cause».
Premiers travaux engagés
Dans le département de la Somme, les déclarations de la tête de liste EELV n’ont pas manqué récemment de faire réagir également les partisans du canal Seine-Nord-Europe, à l’image de l’ancien président du Conseil départemental et sénateur (LR), Laurent Somon : «Défenseur du projet du canal Seine-Nord Europe», il a souhaité «redire tout son soutien à ce projet» par un communiqué le 16 avril. «Inquiet des dernières prises de parole de Karima Delli», il rappelle «qu’en 2014, madame Delli avait avec Barbara Pompili, signé un communiqué de presse au sujet du canal, déclarant l’absurdité du projet et avait dit clairement ne pas vouloir du canal Seine-Nord, et vouloir tout faire pour l’empêcher». «Les travaux de ce grand projet d’intérêt général débutent et doivent pouvoir aller au bout», a-t-il défendu. Car en effet, celui qui s’annonce comme le nouveau «chantier du siècle» est entré dans sa phase concrète il y a quelques jours. La préfète de l’Oise, Corinne Orzechowski, a signé le 12 avril l’arrêté valant autorisation environnementale pour le secteur 1 du canal. Autrement dit, c’est cet arrêté qui permet d’autoriser le lancement des travaux du canal Seine-Nord Europe. L’autorisation porte sur le secteur 1, la partie sud du canal Seine-Nord Europe, qui s’étend sur 18,6 km dans le département de l’Oise, depuis la confluence (Compiègne) entre l’Oise et l’Aisne jusqu’à Passel.