Betteraves
Cristal Union au centre d’une joute verbale entre sénateur et ministre
Lors d’une séance de questions au gouvernement, le sénateur de la Somme, Laurent Somon, a interrogé Marc Fesneau sur l’ambition du gouvernement en matière d’agriculture, citant une entreprise samarienne pour rappeler que le monde agricole réalise déjà d’importants efforts dans différents domaines.
Lors d’une séance de questions au gouvernement, le sénateur de la Somme, Laurent Somon, a interrogé Marc Fesneau sur l’ambition du gouvernement en matière d’agriculture, citant une entreprise samarienne pour rappeler que le monde agricole réalise déjà d’importants efforts dans différents domaines.
L’échange a eu lieu le 1er mars, soit une semaine avant que l’on apprenne de la part du groupe sucrier Tereos son intention de mettre un terme aux activités de la sucrerie d’Escaudœuvres (59), de la distillerie de Morains (51) et la mise en vente de la féculerie d’Haussimont (51). Lors d’une séance de questions au gouvernement au Palais du Luxembourg, le sénateur (LR) de la Somme, Laurent Somon, s’est adressé au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, sur les mesures envisagées par le gouvernement «devant le déclin de notre compétitivité».
Un «compte de faits» qui ne fait pas rêver
Après avoir décrit au ministre un certain nombre de situations qui touchent l’agriculture française – «on achète à l’étranger des œufs qui ont été pondus dans des cages que nous avons vendues», par exemple -, Laurent Somon a souhaité interroger Marc Fesneau sur le «cap», les «moyens» et le «calendrier» envisagé «pour adapter notre agriculture, assurer notre souveraineté alimentaire, défendre nos agriculteurs et nos productions et garantir l’attractivité de la profession confrontée à un besoin de renouvellement des générations». «La ferme France a besoin de connaître le cap pour adapter son évolution, a défendu le sénateur de la Somme, ainsi que les moyens alloués et le pas de temps nécessaire».
En ce qui concerne plus particulièrement la gestion de l’eau, quelques jours avant qu’une rencontre entre le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, et les préfets ait lieu, Laurent Somon a rappelé au ministre «qu’agriculteurs et industriels» n’ont «pas attendu les déclarations du président de la République (…) pour économiser cette ressource». Un exemple valant mieux qu’un long discours, pour illustrer son propos, le sénateur samarien a ainsi cité l’entreprise Cristal Union «qui utilise même l’eau des betteraves pour son cycle de production de sucre et ne puise rien dans les nappes pour gagner en compétitivité et répondre aux exigences environnementales.» Si la gestion exemplaire de l’eau au sein des usines du groupe sucrier Cristal Union lui vaut d’être cité en exemple, cela ressemble quand même à un arbre qui cache une forêt semée d’embûches. Derrière l’exemple vertueux d’une entreprise, les difficultés sont en effet bien là pour le secteur agricole et agroalimentaire : angoisse des règlements et des contrôles, incertitude des revenus, augmentation des charges ou encore distorsions de concurrence…
«Colliger les bonnes pratiques»
En l’absence du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, retenu par un agenda chargé au Salon international de l’agriculture, c’est Olivier Véran, porte-parole du gouvernement qui s’est chargé de répondre à la question du sénateur Somon : «Je partage votre constat selon lequel les agriculteurs ne nous ont pas attendu pour identifier des solutions», a-il-dit.
Répondant à l’exemple de Cristal Union cité par Laurent Somon, il explique avoir lui aussi constaté au sein d’une usine Cristal Union les efforts engagés par l’entreprise pour réduire ses consommations d’énergie et d’eau. «C’est donc possible», a-t-il ajouté, avant de détailler plus longuement l’ambition du gouvernement : «En tant que représentants de l’État, nous devons être capables de colliger ces bonnes pratiques, de les enregistrer, de les reconnaître et de les soutenir, mais aussi de les faire essaimer dans l’ensemble des entreprises du secteur agricole et sur l’ensemble du territoire national (…) Il faut partir de ce qui fonctionne sur le terrain et de l’exemple.»
En matière de solutions, le ministre est revenu sur les mesures prises par le gouvernement «depuis 2017» : loi Egalim 1&2, projet de prolongation du SRP+10, Varenne de l’eau, travaux sur la réutilisation des eaux ou encore réforme de l’assurance récolte. «L’adaptation au changement climatique et la souveraineté alimentaire sont un seul et même combat», a encore déclaré le ministre. De quoi convaincre le sénateur Laurent Somon ? Assurément, non à l’écoute de sa réponse : «En vingt ans, la France a vu son industrie décliner. Nous importons désormais voitures, médicaments, jusqu’à notre électricité. Si vous ne remettez pas en cause vos choix, nous perdrons nos agriculteurs, les vocations et notre souveraineté alimentaire. Nous avons laissé notre industrie décliner, n’en faisons pas de même avec notre agriculture.» Dans les jours suivants cet échange entre ministre et sénateur, les Hauts-de-France apprenaient la fermeture de la dernière sucrerie en activité du Nord. Et certains de s’interroger déjà sur le nom de la prochaine usine à disparaître.