Politique
Dans la Somme, Agnès Pannier-Runacher prend la défense d’Egalim
La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’est rendue le 17 avril au Crotoy pour évoquer avec la profession agricole la bonne application des lois Egalim et la rémunération des agriculteurs.
La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’est rendue le 17 avril au Crotoy pour évoquer avec la profession agricole la bonne application des lois Egalim et la rémunération des agriculteurs.
Quand il s’agit d’évoquer les contrôles menés par différents services de l’État pour s’assurer du respect des lois Egalim - celles qui visent à assurer une juste rémunération des agriculteurs -, «nous n’avons pas la main tremblante», a assuré la ministre déléguée à l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher lors d’un déplacement sur le littoral samarien le 17 avril dernier. Dans l’élevage de Nicolas Verdure, elle est notamment revenue sur l’effet de la législation sur le revenu des agriculteurs, et les contrôles visant à assurer le respect de la loi. Pour la ministre, pas de doute : «La loi Egalim votée suite aux États généraux de l’alimentation et les ajustements qui ont suivi ont permis de rendre du revenu aux agriculteurs dans les filières qui ont souhaité s’y inscrire.»
Selon les chiffres du ministère, depuis 2017, le revenu agricole moyen aurait progressé de 90 %, «toutes productions confondues», et malgré des écarts importants entre productions. Comme se sont accordés à le reconnaître chacun des participants à la rencontre, Egalim ne concerne encore qu’une minorité de filières, à l’image de la production laitière (+ 38 % entre 2022 et 2024 pour le lait) et de viande. À l’inverse, fruits et légumes, céréales et protéagineux ne sont pas concernés. Pour Agnès Pannier-Runacher, «tout n’est pas dans les mains du gouvernement. Il y a différents leviers pour améliorer le revenu agricole et il ne faut pas hésiter à s’en saisir» ; et de citer par exemple la maîtrise des charges.
Egalim, mais pas que
Au-delà du sujet central de l’application des lois Egalim, d’autres thématiques ont été abordées, notamment en lien avec la situation particulière des Bas-champs : «Travailler dans les Bas-champs, c’est une vraie gageure», a souligné la présidente de la Chambre d’agriculture de la Somme, Françoise Crété. Avant de (re)mettre sur la table deux sujets particulièrement prégnants : l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) et les mesures agroenvironnementales et climatiques (Maec). «La loi Egalim apporte certes des réponses, mais ce n’est pas suffisant», a ainsi rappelé Mme Crété. Président de la FDSEA 80, Denis Bully est revenu auprès de la ministre sur la demande désormais «ancienne» consistant à faire bénéficier des agriculteurs installés dans les Bas-champs de l’ICHN : «On est dans un secteur où il y a bel et bien des handicaps naturels, a-t-il insisté. Si vous étiez venue pendant l’hiver, votre visite aurait été moins joyeuse», a lancé Denis Bully à la ministre, rappelant les épisodes d’inondations. En ce qui concerne l’élevage, «ce qu’il nous faudrait, c’est un vrai plan de développement et de soutien, a insisté Mme Crété. Quand on dit non à une organisation plus efficiente de l’élevage, cela revient à dire simplement non à l’élevage…» Président des Jeunes agriculteurs de la Somme, Benjamin Bizet regrette que «si les aides à l’élevage ne sont pas suffisantes, engager des jeunes dans cette activité sera compliqué».
Pour Denis Bully, ce sont aussi les démarches et outils permettant d’améliorer les pratiques qui doivent être revus, à l’image des Maec : «Des agriculteurs qui s’engagent dans certains dispositifs lourds et contraignants, comme les Maec, ne sont pas suffisamment récompensés», a défendu le président de la FDSEA. «Des mesures comme les Maec doivent permettre de compenser un peu ce que nos agriculteurs ont perdu avec la convergence des aides, mais encore faut-il que ces aides soient versées», a renchéri Françoise Crété auprès d’une ministre qui a reconnu des «disfonctionnements». Pour Édouard Brunet, agriculteur à Cayeux-sur-Mer, «les critères à respecter pour bénéficier des Maec sont tellement complexes qu’on finit par abandonner…» Seulement, pour la ministre Pannier-Runacher, «quand on met en place des réglementations, ce n’est pas pour le plaisir, mais parce qu’il y a urgence à répondre au dérèglement climatique». Pour une large partie de la profession agricole samarienne, le 17 avril, il y avait aussi urgence à sauver ce qui peut l’être sur le littoral.
Négociations commerciales : lancement d’une consultation en ligne sur les lois Egalim
Dans le cadre de leur mission parlementaire sur les lois Egalim, les députés Anne-Laure Babault (Modem) et Alexis Izard (Renaissance) ont lancé, le 15 avril, deux questionnaires en ligne à destination des citoyens et des professionnels sur l’application gouvernementale Agora. Les résultats de ces consultations serviront à la rédaction du rapport des deux députés, attendu avant l’été. Anne-Laure Babault et Alexis Izard ont été missionnés par le gouvernement pour travailler sur une évolution du cadre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire quelques jours avant l’annonce d’Emmanuel Macron sur les «prix plancher» fin février. «Notre idée n’est pas de créer un Egalim 4, mais de faire en sorte que la loi s’applique à l’ensemble des agriculteurs», a déclaré Alexis Izard en conférence de presse le 13 mars. Concernant les prix plancher, «on ne s’interdit rien (…), mais on ne veut pas créer de prix plafond», a-t-il ajouté. Il assure que le fil conducteur de leurs travaux sera «la simplification».