Communication
Dans le Nord, une commune de Flandre fait de l'anti-agribashing
Dans une publication sur le réseau social Facebook, une élue de la commune d'Hondeghem, dans les flandres, tente d'expliquer à tout à chacun la présence d'épandeurs dans les champs.
Dans une publication sur le réseau social Facebook, une élue de la commune d'Hondeghem, dans les flandres, tente d'expliquer à tout à chacun la présence d'épandeurs dans les champs.
Autant se le dire tout de suite : une municipalité qui prend la défense des agriculteurs installés sur sa commune, et bien que celle-ci soit rurale, cela interpelle. Habituellement, lorsque l’on associe « commune » et « phytos », le sujet porte plutôt sur des interdictions avec la prise d’arrêtés anti-phytos ou des conflits de voisinage…
L'histoire se passe cette fois à Hondeghem, un village du Nord d'un peu moins de 1 000 habitants entre Hazebrouck et Dunkerque, où l'on peut lire depuis ce matin sur la page Facebook de la commune un message sur la pulvérisation. En quelques lignes, la publication a pour but de faire « comprendre la pulvérisation, pourquoi, comment... » Autrement dit, de la « dédramatiser ». Avec une certaine pédagogie, le message de ce post explique sobrement les raisons de la présence de pulvérisateurs dans les champs à cette période de l’année.
Expliquer sans donner de leçon
L'auteure de cette publication est Céline Asseman. Elle n'est pas agricultrice – c’est son époux Hervé qui l’est -, mais chef de service dans le médico-social. Adjointe au maire en charge de l'environnement et de l'agriculture, elle dit avoir écrit son post pour « expliquer les choses, sans donner de leçon ».
Petite-fille, fille et épouse d’agriculteur, elle explique avoir constaté une évolution des pratiques agricoles et a voulu le faire savoir : « Pour lutter contre contre les adventices (mauvaises herbes), les insectes ravageurs et les maladies, on utilise des produits phytosanitaires, mais de moins en moins puisque la sélection variétale permet d'obtenir des plantes plus résistantes. On veille au respect de seuils de tolérance économique, en dessous desquels il n'est pas nécessaire d'intervenir - on ne pulvérise pas à la moindre bébête - on a recours au désherbage mécanique grâce à des outils spécifiques, à des solutions de biocontrôle telles que des micro-organismes, des macro-organismes et surtout des substances naturelles comme les purins d'ortie, de prêle, d'écorce de saule... »
Dans son post, Cécile Asseman parle aussi « purin d’ail », si, si ! L’élue municipale explique ainsi que cette solution d’origine naturelle s’utilise « pour lutter préventivement contre l'altise du lin qui raffole des jeunes pousses au point de pouvoir détruire entièrement une parcelle de lin ».
En résumé, poursuit-elle, « le pulvérisateur ne sert pas qu'à épandre des produits phytosanitaires mais aussi des fertilisants, des "boosters de culture", des stimulateurs de défenses naturelles et d'autres types de produits naturels qui permettent de travailler sur la vigeur générale de la plante et son système immunitaire ». Elle rappelle enfin que ces interventions qui nécessitent l’utilisation d’un « pulvé » « se font à des moments bien précis, le matin tôt ou le soir ».
Un succès qui la dépasse
Le succès de son post la surprend. En l’espace de quelques heures – le message a été posté ce vendredi 30 avril au matin -, il a été partagé plus de 200 fois, a recueilli plus d’une centaine de « J’aime » et plus de 80 commentaires, la plupart positifs et gratifiants. Jointe au téléphone ce vendredi midi, Céline Asseman explique être « dépassée » par cette audience : « Je savais qu’en écrivant sur le sujet, je lançais un pavé dans la mare, mais je ne pensais pas que ce serait un tel succès ».
Avant de poster son message, l’adjointe en charge de l’environnement et de l’agriculture en avait discuté avec le maire de la commune d’Hondeghem, qui lui a apporté son soutien. « Notre commune compte encore 19 agriculteurs, c’est une chance, estime Mme Asseman. Des conventionnels, mais aussi des bios ». En ce qui concerne le fond du message, elle admet avoir pris conseil auprès d’un technicien agricole intervenant sur la ferme de son époux.
La commune n'en est pas à son premier coup de projecteur sur le travail de « ses » agriculteurs puisqu'il y a quelques mois, elle participait à mettre un coup de projecteur sur une ferme hondeghemoise où l'on produit des endives, souhaitait une bonne fête de Saint-Eloi (1er décembre) « aux agriculteurs de notre village et d'ailleurs » ou encore en proposant un autre thread pédagogique sur les semis d'automne.
« Alors que l'arrachage des pommes de terre s'achève, que les dernières coupes d'herbe pour nourrir les vaches pendant l'hiver se réalisent, c'est aussi la période des semis de blé. Après avoir labouré la terre, le blé est semé et se développera tranquillement juste avant les gelées hivernales. L'agriculteur sème 100 kilos de blé à l'hectare pour en récolter 10 tonnes au mois d'août », expliquait alors une certaine... Céline Asseman.