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Arboriculture
Delphine Nicolaï : «J’espère que les arboriculteurs ne vont pas tous y passer»

Les images de vergers arrachés par leurs propres arboriculteurs, ce 14 janvier, traduisent leur désarroi. Les professionnels multiplient les actions en France pour alerter sur leur situation économique critique. Dans la Somme, Delphine Nicolaï, présidente de la coopérative Nelfruit, en témoigne.

Des images choc qui révèlent la détresse d'une filière. Samedi 14 janvier, des arboriculteurs ont organisé des opérations d'arrachage de vergers dans les principales zones de productions de pomme (Maine-et-Loire, Vaucluse, Haute-Vienne, Hautes-Alpes et Tarn-et-Garonne), puis manifestaient et rendaient visites aux grandes surfaces. Ils alertent sur les prix de vente des pommes et des poires qui ne tiennent pas compte de l'augmentation des coûts de production. Dans la Somme, la filière plus confidentielle ne s’est pas mobilisée, mais sa détresse est tout aussi grande. 

Il faut dire que les difficultés s’enchainent. En 2021, les arboriculteurs subissaient les conséquences d’une petite récolte, à cause notamment de fortes gelées printanières. L’année dernière, les prix ne permettaient pas de renflouer les caisses. 2023 ne démarre pas mieux du tout. «On fait le dos rond, mais la situation dure et on ne pourra pas tenir éternellement. On ne sait pas ce qu’on va devenir. J’espère qu’on ne va pas tous y passer», s’alarme Delphine Nicolaï, arboricultrice à Vron, présidente de la coopérative Nelfruit basée à Nesle. Douze producteurs y sont adhérents. 

Pour elle, l’augmentation de 0,20 €/kg du prix d’achat producteur que réclament l'ANPP (Association nationale pommes poires) et la FNPF (fruits, FNSEA) est indispensable à la survie des vergers. «Comme tout le monde, on subit l’explosion des coûts de production, notamment celle des intrants, de la main-d’œuvre et du stockage, gourmand en électricité. Sauf que l’argent sort de la caisse et n’entre plus.» Les arboriculteurs sont dans l’impasse. «Écouler la marchandise rapidement pour éviter le stockage n’est pas une solution, puisque la vente se fait à un prix dérisoire. Et puis, il faut trouver l’acheteur…» Économiser sur l’entretien du verger est  le début d’un engrenage. «Notre culture est pérenne. Si on ne prend pas soin de nos arbres une année, nous allons le payer celles qui suivront, avec des récoltes de moins en moins qualitatives.»

 

Une concurrence «déloyale»

Pour éviter la perte d’une filière française tout entière, le rôle des grandes surfaces est énorme. «Il faut mieux répartir la marge, mais surtout, il faut faire le choix d’un approvisionnement français.» Car la concurrence étrangère n’a jamais été aussi forte. «La Pologne a envahi le marché en 2022 avec des pommes bien moins chères que les nôtres. Même nos poires, un produit qui se vend bien habituellement, souffrent d’une concurrence belge énorme.» Cette semaine encore, la productrice recevait un mail d’un grossiste l’informant qu’il allait se fournir en pommes polonaises plutôt que samariennes, car moins chères. «C’est démoralisant.» Pour la professionnelle, la bataille ne se fait pas à armes égales. «Nous sommes soumis à des cahiers des charges serrés. On ne sait pas comment sont produits les fruits importés.» Des importations incohérentes avec le «bien manger» prôné. «Bien manger, ça commence par manger français quand on le peut. Nos règles de production assurent la qualité.»

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