Politique
Denormandie obligé de clarifier la pensée présidentielle sur les pesticides
Après la déclaration d’Emmanuel Macron en ouverture du congrès mondial de la nature de l'UICN à Marseille sur « une sortie accélérée des pesticides », le ministre français de l’Agriculture est venu apporter des précisions, sans forcément convaincre.
Après la déclaration d’Emmanuel Macron en ouverture du congrès mondial de la nature de l'UICN à Marseille sur « une sortie accélérée des pesticides », le ministre français de l’Agriculture est venu apporter des précisions, sans forcément convaincre.
Un ministre qui vient au secours de son président de la République, ce n'est pas courant et c'est d'ordinaire l'inverse qui se produit quand un ministre est « allé trop loin ». Cette fois, c'est au tour d'Emmanuel Macron d'être servi par « son » ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, après une déclaration du chef de l'État lors du congrès mondial de la nature de l'UICN qui se tient du 3 au 11 septembre à Marseille.
Lors de l’ouverture de ce congrès, vendredi 3 septembre, Emmanuel Macron s’est fait remarquer en déclarant (entre autres) vouloir « une initiative forte (...) de sortie accélérée des pesticides ». « Je veux que sur ce sujet des pesticides, la présidence française de l'Union européenne porte, et je m'y engage ici, une initiative forte, avec tous les collègues, de sortie accélérée des pesticides », a-t-il dit. « En 2022, la présidence française du Conseil de l'Union européenne portera une initiative de sortie accélérée des pesticides. Pour protéger nos sols, nos activités agricoles. En accompagnant nos agriculteurs », avait-il ajouté.
Provocation ou ambition ?
Qu’il s’agisse d’une provocation ou d’une réelle ambition, une chose est sûre, les propos du chef de l’Etat n’ont pas manqué de faire réagir. Agriculteur, député de la Creuse et rapporteur de la Loi Egalim, Jean-Baptiste Moreau le reconnait : « Cette phrase est sans doute un peu caricaturale je ne pense pas qu'il parle de tous les pesticides qui sont effectivement pour la plupart des médicaments pour les plantes. Il a aussi parlé des clauses miroirs pour les accords internationaux afin de protéger notre agriculture ». D’autres parlent de « démagogie », et craignent de voir au travers de ces intentions une esquisse du programme agricole d’un Emmanuel Macron candidat à sa réélection en 2022.
Cette phrase est sans doute un peu caricaturale (Jean-Baptiste Moreau, agriculteur et député LREM de la Creuse)
Ce samedi 4 septembre, alors qu’il participait à une conférence où était invitée la présidente de la FNSEA, c’est le ministre français de l’Agriculture, Julien Denormandie qui s’est fait l’avocat du modèle d’agriculture « à la française », assurant qu’en matière de protection de la nature et de la biodiversité, « l’agriculture et l’alimentation sont une partie de la solution », puis en prenant la défense du Chef de l’État.
Sur Twitter, ensuite, le ministre pourtant apprécié du monde agricole pour ses prises de position a clarifié les propos du président Macron dans une série de messages courts (thread), en insistant d’abord sur le fait que « ce qu’a dit le président de la République hier au congrès de l’UICN ne doit pas se résumer en un tweet… »
Pour Julien Denormandie, « la question des pesticides doit désormais être portée au niveau européen. Nous sommes dans un marché commun, donc cette question doit être européenne ! Sinon, nous créons juste de la compétition déloyale, sur le dos de notre agriculture et de notre environnement », a-t-il justifié.
"Sortir de l'hypocrisie"
En ce qui concerne la ligne de conduite du gouvernement auquel il appartient, il l’assure : « Notre position est toujours la même : pas d’interdiction sans alternative ». Et d’annoncer que « cela nécessite que notre recherche puisse avoir les moyens de travailler, ce que nous renforçons sans relâche ».
Enfin, a défendu le ministre de l’agriculture, « il faut sortir de l’hypocrisie du commerce international. On ne peut pas accepter que soient importés des produits dont la production ne serait pas autorisée chez nous. Donc, non au Mercosur et oui aux clauses miroirs ».
Des propos suffisants pour rassurer ? Pas sûr, certains agriculteurs considérant que les explications du ministre de l’Agriculture « racontent une autre histoire que les propos du président ».