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Fertilisation
Des amendements organiques adaptés pour des sols fertiles à long terme

Comment va mon sol ? Pour le savoir, une analyse de terre est intéressante. Encore faut-il pouvoir interpréter les résultats, et apporter les réponses adéquates. 

La coopérative Noriap organisait un webinaire sur le sujet ce 11 mai.

Les amendements organiques ont une action globale et durable sur l’équilibre  et la fertilité du sol.
Les amendements organiques ont une action globale et durable sur l’équilibre et la fertilité du sol.
© CABC

Près d’une parcelle sur deux est déficitaire en CaCO3 (carbonate de calcium), et près d’une parcelle sur trois l’est en matière organique. C’est le bilan qui ressort après plus de cinq-mille analyses de sols réalisées chez des adhérents de Noriap, entre janvier 2021 et avril 2023. La coopérative organisait donc un webinaire sur le sujet ce 11 mai, nommé «maintenir et améliorer la fertilité de votre sol avec le chaulage et la matière organique». Il convenait d’abord de différencier un amendement organique d’un fertilisant. «Les fertilisants nourrissent directement la plante. Les effets des amendements, eux, sont sur un temps beaucoup plus long. Ils ont une action globale et durable sur l’équilibre et la fertilité du sol», introduit Rémy Goût, spécialiste du sujet chez Noriap. 

Ces amendements jouent sur la structure du sol et sur sa fertilité. «Ils améliorent la rétention en eau, la circulation de l’air, ils allègent la structure, offrent plus de stabilité et facilitent donc le travail du sol. Ils permettent aussi de corriger le pH.» Il faut alors distinguer les amendements minéraux des amendements organiques. Un des amendements minéraux utilisés est la craie, qui permet de corriger le pH des sols trop acides, qui présenteront une structure trop collante. «Pour connaître le pH d’un sol, il faut faire des analyses régulières, au même moment de l’année, car le taux change selon la saison», rappelle Rémy Goût. 

La quantité de craie à apporter se calcule selon le résultat de l’analyse. «On estime qu’un sol perd 800 à 1 200 tonnes de CaCO3 par hectare et par an. L’optimum est 0,3 % de CaCO3.  Avec une teneur de 0,3 %, il faut donc apporter 10 tonnes pour assurer l’entretien pour dix ans. Dans un sol avec un taux de CaC03 proche de zéro, il faut augmenter la dose à 15 tonnes pour assurer le redressement et l’entretien pour cinq ans, et ensuite reprendre un rythme de croisière, soit 10 tonnes pour dix ans.» En revanche, si le sol est en excès de CaCO3, il suffit d’attendre. «7 tonnes d’avance se consomme en six ou sept ans.» À la CABC (filiale de Noriap), en plus de la craie pure, on propose une craie magnésienne. «Cette craie est enrichie en dolomie, on obtient ainsi un carbonate de chaux et de magnésie, idéal pour répondre à un besoin simultané de calcaire et de magnésium.»

 

Matière organique et C/N

Les amendements organiques (compost, fumier, engrais verts…), eux, permettent de nourrir le sol et de constituer un stock d’humus. Ils nourrissent ainsi les micro-organismes et entretiennent la vie du sol. Ils jouent à la fois sur la structure et sur la fertilité. Ils ont la particularité d’être à la fois un amendement et un engrais, car en se dégradant, ils libèrent progressivement des minéraux qui vont nourrir la plante. «L’objectif, c’est de stocker un maximum de carbone.» Rémy Goût apporte quelques repères : «L’idéal est un taux de 2 % de matière organique, avec un C/N (rapport massique carbone sur azote, qui permet de juger de l’aptitude de la matière organique à se décomposer dans le sol) compris entre 8 et 12.» 

Pour maintenir ce C/N à 8, la biomasse microbienne doit consommer 5 unités d’azote. Il s’agit donc de choisir le produit organique le mieux adapté selon le C/N de la parcelle. «S’il est faible, mieux vaut choisir une paille ou un fumier qui ne se décomposera pas trop rapidement. S’il est élevé, au contraire, il faudra plutôt s’orienter vers des composts qui se dégradent facilement.» À noter également que les intercultures sont complémentaires aux apports organiques. «Ils permettent d’augmenter légèrement le stock d’humus.» Quelques conseils pour les terres particulières : «En cranette, la matière organique vit très peu. Il faut favoriser sa dégradation avec un compost à pH faible, type lisier. Pour un sol qui présente une acidité de surface, choisissez des produits cuits à action rapide.»

 

Moduler à l’échelle de la parcelle

Pour apporter la bonne dose d’amendements organiques au bon endroit, Noriap conseille sa solution be Api, pour «agriculture de précision intra-parcellaire». «L’objectif est de cibler les zones déficitaires en CaCO3 et les zones critiques en matière organique pour leur apporter la bonne réponse», explique Estelle Cleuet, experte agriculture de précision et OAD de la coopérative. Be Api fertilité consiste en un diagnostic d’hétérogénéité de l’état de fertilité des sols, tous les hectares, en P2O5, K2O, MgO, CaO, pH. Une stratégie de fertilisation en découle. Chaque année pendant dix ans, une cartographie des besoins intra-parcellaires en engrais de fond et amendements basiques est fournie à l’agriculteur. Il l’applique automatiquement avec son équipement de modulation de doses. L’objectif : amener, à terme, la parcelle à un niveau homogène de fertilité. Il existe également Be Api Potentiel, qui consiste à «cultiver en optimisant le potentiel des parcelles soit par chimie, soit par conduite adaptée». Dans les deux cas, «le but final est de maximiser le rendement et de permettre des économies d’intrants».
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