Des betteraves à tout prix
Les stratégies des groupes sucriers se concrétisent pour l’après quota.
Alors que l’heure est aux semis des betteraves de la récolte 2016, les discussions portent davantage sur la campagne 2017. Et pour cause ! Dans un an seront mises en terre les graines de la première récolte de betteraves qui se fera hors du cadre des quotas sucriers.
Il s’agit d’une véritable révolution pour la filière, qui fait le pari à l’échelle nationale de s’adapter à cette ouverture en misant sur l’augmentation des surfaces produites pour diminuer les coûts de transformation et ainsi améliorer son attractivité sur les différents marchés. Un choix assumé par la filière, et qui doit se décliner à présent pour les producteurs.
Les coopératives donnent le ton
Les groupes coopératifs Tereos et Cristal Union, qui pèsent à eux seuls près de 80 % des surfaces nationales ont donné le ton en proposant à leurs planteurs coopérateurs actuels de prendre part à un objectif identique à l’échelle de chaque groupe, celui d’un accroissement des volumes de 20 %. Des propositions de souscription ont ainsi été transmises à leurs planteurs, avec la volonté d’un retour début avril.
Points communs de leurs propositions : l’unification des tonnages contractés en un seul contrat ; une hausse proposée de 20 % par rapport à l’engagement 2016 ; la liberté pour chacun d’aller bien au-delà (pas de limite connue à ce jour) ; le fait de couvrir les futurs tonnages contractés par un capital social correspondant (ce qui n’était pas forcément le cas aujourd’hui, du fait de la diversification alcool/éthanol ou autres usages) ; et enfin un prix intégrant la valorisation des pulpes.
Concernant les niveaux de rémunération, là ou Tereos s’engage sur un prix minimum garanti à 25 €/T, Cristal Union s’engage sur un prix pivot de 27 €/T pour intégrer des risques de conjoncture économique. Derrière cette différence de présentation, on sent néanmoins des philosophies très semblables.
En effet, l’autre point de similitude, c’est le fait de réaliser une première vague de souscription destinée aux planteurs adhérents, et de proposer à cette catégorie de planteurs des conditions simples et privilégiées dans le prolongement de leur engagement actuel.
Dernière similitude pour les deux groupes, le «quid» qui surviendra si à l’issue de la première vague, l’objectif n’est pas atteint à l’échelle du groupe. On se poserait alors des questions épineuses pour ouvrir ces volumes, soit à des tiers non adhérents (c’est le cas des planteurs qui n’ont pas souscrit de parts de coopératives), soit de nouveaux adhérents, et dans ce cas du niveau des éventuels droits d’entrée en complément du capital social.
Pour l’heure, la question ne se pose pas et les mesures que déclinent les deux groupes coopératifs sont focalisées sur les planteurs adhérents.
Si les groupes coopératifs ont dévoilé leurs propositions, cela renvoie immédiatement à d’autres interrogations : le pendant chez les groupes privés, tels que Saint Louis Sucre qui est aussi très implanté dans le département, et l’articulation interprofessionnelle qui sera alors en vigueur.
Les questions qui en découlent
Concernant Saint Louis Sucre, les discussions sont en cours avec l’industriel, mais à l’heure actuelle elles ne sont pas suffisamment abouties pour apporter un éclairage aux planteurs. Toutefois les propositions des groupes coopératifs sont un paramètre de taille qui contraint ces discussions à aboutir au plus vite à présent : elles peuvent les concerner dès à présent s’ils sont planteurs mixtes soit dans un éventuel second temps pour des non adhérents actuels.
Concernant l’interprofession, la CGB rappelle qu’ «un accord interprofessionnel» doit être «conclu, avant la conclusion des contrats de livraison.» Et à l’heure actuelle, le futur accord interprofessionnel est encore à l’état de discussions, lesquelles portent sur des éléments de rémunération des betteraves aussi essentiels que les conditions de réception et de livraison, les dates de paiement, la tare terre, la pulpe ainsi que le barème d’équivalence et de richesse.
Reste enfin à chaque planteur de se projeter et d’analyser ses marges. Pour une plante dont la productivité continue à croître, la betterave offre toujours des garanties agronomiques. Même si la rentabilité n’est plus aussi acquise qu’auparavant, elle peut toujours trouver une place de choix dans l’exploitation, selon le potentiel, l’assolement actuel et la disponibilité dans la rotation, les surfaces d’épandages, l’étalement des travaux ou l’approvisionnement en pulpes.
De quoi méditer en observant la récolte 2016 pousser.