Des chicorées qui se sèment toutes seules… ou presque
Conçu au Danemark pour le semis de betteraves, le robot FarmDroid FD20 est testé actuellement en France. Une première utilisation en betteraves dans la Marne, puis pour des semis de chicorées dans le Nord ont eu lieu au cours des dernières semaines.
Conçu au Danemark pour le semis de betteraves, le robot FarmDroid FD20 est testé actuellement en France. Une première utilisation en betteraves dans la Marne, puis pour des semis de chicorées dans le Nord ont eu lieu au cours des dernières semaines.
On l’a vu arriver sur un plateau à l’arrière d’un tracteur et c’est d’ailleurs la seule manœuvre à laquelle ce dernier a participé avant de se faire littéralement damner le pion par le FarmDroid FD20. Fin de semaine dernière, un premier hectare de chicorées a été semé à Brouckerque, dans le Nord, de manière autonome grâce à un robot. Son nom ? Le FarmDroid FD20. Cette première française en ce qui concerne la chicorée – le robot a été testé quelques jours plus tôt sur d’autres cultures (lire encadré) – est à mettre au compte de l’Interprofession de la chicorée de France.
Distribué en France par la société Stecomat, le robot d’origine danoise y gagne du terrain pas à pas – huit ont été commercialisés à ce jour – alors qu’on en compte plus d’une centaine au travail entre les Pays-Bas, l’Allemagne et le Danemark où il a été conçu en 2011.
Pour les quelques agriculteurs ayant pu assister à la démonstration comme pour le responsable du service agronomique de l’interprofession, Yannick Delourme, le moment avait quelque chose d’excitant, car inédit : «Semer des chicorées, assurait M. Delourme, ce n’est pas simple. Il faut être précis, tant sur la profondeur que sur l’écartement, si l’on veut s’assurer d’une bonne levée». Réglé par Raphaël Deneuville, technicien robotique de l’entreprise Stecomat, le robot doit placer chaque graine de chicorée à 10,8 centimètres d’écart, à une profondeur comprise entre 0,5 et 1 centimètre. Couteau gradué dans une main et mètre ruban dans l’autre, Yannick Delourme était derrière la machine pour veiller au grain : «La préparation du sol doit être la plus homogène possible, détaille le technicien. À première vue, il s’en sort plutôt bien».
Autonomie et légèreté
Côté technique, le semoir FarmDroid FD20 est un «poids plume» avec ses 700 kg comparé à un ensemble classique semoir et tracteur de plusieurs tonnes. Un avantage considérable dans des parcelles exposées au risque de tassement et ses conséquences. «Pour cela, c’est quelque chose qui est dans l’ère du temps», se réjouit Yannick Delourme. En termes d’autonomie, le robot fonctionne seul, 24h/24, grâce à des batteries alimentées par un large panneau photovoltaïque. En cas de batterie faible, l’engin s’arrête le temps nécessaire au rechargement. Un pluviomètre intégré stoppe sa progression en cas d’épisode pluvieux important. Deux antennes GPS permettent enfin au robot de tracer sa route en fonction de points préalablement définis dans sa mémoire. L’exploitant de la parcelle sur laquelle le robot est affecté peut quant à lui recevoir des notifications sur l’avancée du chantier à partir de son smartphone. En chicorée, son débit de chantier est estimé à 750 mètres par heure avec une largeur de travail de 6 rangs et un écartement de 45 centimètres entre chaque rang.
Prochain test en mode désherbage
Dans les jours suivant cette première, d’autres essais devaient être réalisés ailleurs dans la région : à Annoeullin, chez un producteur bio, et dans le Douaisis, sur une parcelle exploitée en agriculture conventionnelle. À Brouckerque, Olivier Adriansen doit attendre encore quelques jours le retour du robot FarmDroid FD20 chez lui. La prochaine étape est en effet de le tester pour le désherbage de la parcelle puisque le robot peut aussi être équipé de couteaux : «On attend de voir comment le robot va se comporter en mode binage, expliquait Yanick Delourme. Pour le semis, même si le plombage de la graine n’est pas parfait, lié au manque de poids du robot, c’est un premier essai plutôt concluant». Des observations réalisées avec un groupe d’étudiants de l’ISA Lille seront réalisées dans les prochaines semaines pour confirmer – ou pas – ce qui a été constaté visuellement.
Un bond dans le futur pour la betterave
100 000 €. Il a découvert ce robot par des vidéos sur Internet, jamais en démo dynamique. Venu du Danemark, le FarmDroid a attaqué son premier chantier en France le vendredi 26 mars dans l’après-midi aux pieds des coteaux champenois et entre deux passages de TGV. Un événement historique pour l‘agriculture marnaise et hexagonale qui était scruté comme l’atterrissage de Perseverance sur Mars.
«C’est un moment particulier qu’on attendait depuis quelques semaines, la parcelle de 6,5 ha devrait être semée en un peu plus de 24 heures non-stop», explique Damien Blondel. Pas trop inquiet pour la nuit ? «Elle va être un peu compliquée mais je regarderai de temps en temps l’application sur mon téléphone». Et la suite ? «Une fois que la deuxième pièce de 12,5 ha sera semée, le robot commencera à biner à l’aveugle, le but est d’attraper les mauvaises herbes les plus petites possibles». Entre 10 et 15 binages sont prévus avant que les betteraves ne couvrent. Interrogé le mercredi 31 mars, Damien Blondel est serein. Tout s’est bien passé à part quelques graines bloquées qui ont demandé de courtes interventions.