Des engagements tenus mais à poursuivre
Le 1er octobre, une nouvelle réunion de la filière lait a permis de faire le point sur les engagements pris le 24 juillet autour du ministre de l’Agriculture.
La filière laitière s’est à nouveau réunie le 1er octobre au ministère de l’Agriculture pour faire le bilan des engagements de revalorisation des prix décidés lors de la table-ronde du 24 juillet. Le médiateur des relations commerciales agricoles a d’abord salué «l’effort de transparence» des différents opérateurs, constatant surtout que les engagements avaient été tenus : les distributeurs ont ainsi revalorisé de façon effective les produits de marque distributeurs (MDD) et premiers prix au niveau de 2014, ce qui représente entre 50 et 80 millions d’euros.
Un montant que le médiateur juge «significatif» au regard, par exemple, de la dotation des 62,3 millions d’euros alloués par l’Union européenne aux éleveurs français touchés par la crise de l’élevage. De leur côté, les transformateurs ont également répercuté aux éleveurs les bonifications tarifaires obtenues, avec des modalités variées : répercussion sur les premiers mois suivant les engagements, lissage sur la fin de l’année ou encore répercussion au mois le mois. Le médiateur note cependant que l’association des producteurs à ces décisions devrait être renforcée.
Effort supplémentaire des transformateurs
Si le ministre de l’Agriculture a souligné, dans un communiqué diffusé suite à la réunion, que les engagements de la filière «ont conduit à freiner la baisse des prix», puisque «le prix payé aux producteurs a significativement moins baissé en France que dans les autres grands pays laitiers européens», les efforts peuvent être poursuivis, voire amplifiés. Le médiateur préconise ainsi la prolongation en 2016 des engagements de la distribution (maintien des tarifs actuels d’achat des marques nationales par les distributeurs, maintien des prix d’achat des MDD et des premiers prix au niveau de 2015).
Par ailleurs, les profits réalisés par les transformateurs sur les produits issus de lait transformé en France devraient, selon lui, être mieux redistribués aux producteurs. «Les tarifs de vente des industriels aux distributeurs ont beaucoup moins baissé que les prix payés aux éleveurs», indiquent ainsi les conclusions du médiateur. Un «point crucial, que l’on défend depuis le début à la Fnpl», souligne André Bonnard, secrétaire général de la Fédération des producteurs de lait (Fnpl), ajoutant que «les entreprises ont toutes de l’argent du marché intérieur, les producteurs doivent en retirer une partie».
«Cette recommandation doit permettre de relever le prix du lait payé aux éleveurs et de remplir l’objectif de combler une partie de l’écart entre le prix actuel correspondant à l’application des contrats majoré de l’effet des engagements de juillet, et le prix auquel certains producteurs aspirent», insiste le rapport du médiateur, en rappelant l’importance du «dialogue avec les organisations de producteurs».
Bien qu’il reste difficile de chiffrer ce bénéfice, André Bonnard a «bon espoir que la plupart des entreprises suivent cette recommandation». Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a, de son côté, appelé chacun des acteurs à «prendre ses responsabilités» s’engageant, pour sa part, à mobiliser le secteur de la restauration hors foyer, qui n’a pour le moment pas participé à l’effort de revalorisation. Si la table-ronde a été jugée globalement positive par la Fnpl, les producteurs de lait attendent néanmoins du concret dans les quinze jours. Le médiateur recommande d’ailleurs une revalorisation dès les derniers mois de 2015.
La Fnpl demande d’appliquer les recommandations du médiateur
A la suite de la table-ronde sur la filière laitière, le 1er octobre, la Fédération nationale des producteurs de lait demande aux entreprises laitières de rencontrer les organisations de producteurs pour appliquer les recommandations du médiateur. Selon son analyse, les engagements pris par la grande distribution ont été tenus, alors que ce n’est pas le cas de tous les transformateurs. Il demande, en outre, la redistribution aux producteurs d’une partie des profits réalisés par les transformateurs sur les produits résultant de la transformation du lait collecté en France. «En clair, les tarifs négociés début 2015 par la distribution et les entreprises n’ont logiquement pas anticipé la dégradation du prix du lait payé aux producteurs», souligne la Fnpl. D’ailleurs, le ministre de l’Agriculture s’est prononcé dans le même sens en recommandant aux transformateurs «de faire un effort sur le prix payé aux producteurs sur le dernier trimestre».