Transports
Des entreprises misent déjà sur les ports du Canal Seine-Nord
Les réunions publiques de présentation des projets des ports intérieurs du Canal Seine Nord Europe donnent l’occasion à des entreprises déjà présentes sur le territoire de la Somme d’expliquer leurs attentes vis-à-vis de ces équipements.
Les réunions publiques de présentation des projets des ports intérieurs du Canal Seine Nord Europe donnent l’occasion à des entreprises déjà présentes sur le territoire de la Somme d’expliquer leurs attentes vis-à-vis de ces équipements.
Des quatre futurs ports intérieurs qui jalonneront le tracé du Canal Seine-Nord Europe, deux seront installés dans la Somme : l’un à Nesle, et l’autre à Péronne. Les deux autres seront situés à Noyon (60) et Cambrai-Marquion. Contrairement à l’ouvrage du Canal Seine-Nord en lui-même, ces ports seront aménagés par la Région Hauts-de-France et les collectivités locales - dont les intercommunalités -, d’où une série de quatre réunions qui devaient se tenir jusqu’au 31 mai pour «présenter le travail des cabinets d’étude et évoquer les retombées attendues», rappelait il y a quelques jours à Péronne le vice-président chargé des Transports au Conseil régional des Hauts-de-France, Franck Dhersin.
Nigay et BP-Castrol s’y voient déjà
Parmi les entreprises enthousiastes à l’idée de voir deux plateformes portuaires être aménagées le long du futur Canal Seine-Nord, on trouve Nigay (caramel) et BP-Castrol (lubrifiants). L’une est installée à Nesle, et se situera «à un kilomètre du port», s’est réjoui le 15 mai dernier Julien Burlat, le directeur de l’usine de Nesle. L’autre est à Péronne. L’utilisation du transport fluvial doit permettre au fabricant de caramel de réduire son empreinte carbone en remplaçant une part du transport routier par une part de fluvial. Nigay réalise actuellement un chiffre d’affaires de 113 millions d’euros – deux sites en France -, et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. En ce qui concerne le site de Nesle, cinq camions entrent et sortent chaque jour. À terme, ce pourrait être 10 pour faire face au développement de l’activité. Avec le Canal Seine-Nord et le port de Nesle, «nous allons pouvoir nous connecter directement aux ports d’Anvers ou de Zeebrugge, en réduisant nos émissions de CO2», a défendu Julien Burlat. Et de rappeler que 75 % du chiffre d’affaires de Nigay est réalisé à l’export. Très concrètement, il assure encore que «nos camions ne traverseront plus Licourt, comme c’est le cas actuellement».
À Péronne, c’est l’entreprise BP-Castrol qui voit dans l’aménagement d’un futur port intérieur des retombées positives. Son directeur Jean-Baptiste Le Floch a expliqué le 22 mai comment il compte s’appuyer sur ce nouvel équipement, et les conséquences (positives) déjà constatées, dont une relocalisation de l’activité «lubrifiants industriels». Pour l’heure, l’usine de Péronne est «l’une des seules du groupe à ne pas être connectée à une voie d’eau. Les autres reçoivent de la matière première par barge. Ici, ce n’est pas encore le cas, mais on y croit», a souligné Jean-Baptiste Le Floch. Comme pour Nigay, plus de transport fluvial, c’est moins de camions sur les routes, et donc des économies avec un coût du transport routier en augmentation, comme sur le plan environnemental avec moins d’émissions de CO2. Sans détour, le directeur de BP-Castrol Péronne l’affirme : «Le projet de port a été un élément qui a pesé dans le choix du groupe de conserver et développer le site de Péronne.»
Mise en service des ports en 2030
Si la réalisation des ports tient compte des réalités topographiques, de leur environnement et la biodiversité, une chose semble acquise : les travaux de construction puis l’exploitation des ports intérieurs va, à Nesle comme à Péronne, engendrer une augmentation du trafic routier «parce que le territoire va être plus attractif», expliquent les promoteurs de ces infrastructures. Néanmoins, ils misent sur un report multimodal de la circulation qui devrait à terme faire baisser le trafic de poids lourds. Interrogé sur le coût de ces chantiers, Franck Dhersin l’assure : «À terme, ces ports vont amener plus de recettes que les dépenses qui y seront consacrées.» C’est ce que l’on appelle «investir». La mise en service des ports intérieurs n’étant pas envisagée avant 2030 – les premières entreprises pourront s’implanter en 2028 -, il est fort à parier que de l’eau va encore couler sous les ponts.