« Des éoliennes près du mémorial est un choc »
La construction de huit éoliennes, prévues à cinq kilomètres du mémorial australien de Villers-Bretonneux, «choque» la population et les élus locaux. Ceux-ci se sont mobilisés sur place jeudi 2 septembre.
La construction de huit éoliennes, prévues à cinq kilomètres du mémorial australien de Villers-Bretonneux, «choque» la population et les élus locaux. Ceux-ci se sont mobilisés sur place jeudi 2 septembre.
«Des enfants ont quitté l’Australie et leur mère en larmes pour ne jamais revenir. Ils sont morts dans les tranchées, sur nos terres. Aujourd’hui, nous leurs rendons hommage avec ce mémorial. Une nation honorable comme la notre se doit de respecter ceux qui ont donné leur vie pour elle», scande Yves Ducrocq, maire de Fouilloy, ce jeudi 2 septembre. Avec d’autres élus et quelques citoyens, ils s’étaient donnés rendez-vous pour faire part de leur opposition au projet de construction de huit éoliennes. Ce qu’ils réclament à l’unisson : que le ministère de la Transition écologique annule tout bonnement le projet.
"Fi de toute législation"
Celui-ci a vu le jour en 2015, et les membres de l’association Contre vents et marchés se battent contre lui depuis ce jour. «Ce parc éolien est une aberration depuis le départ. Outre la proximité avec le mémorial, il fait fi de toute législation. Entre l’autoroute, une antenne relais et le réseau de gaz, il y avait 50 mètres pour s’installer, et c’est là qu’ils ont prévu de le faire. La première éolienne, de 160 m de hauteur en bout de pale, sera à 535 m des habitations», se désole Ludovic Kusnierak, membre de l’association et maire de Guillaucourt.
La justice s’est prononcée du côté des promoteurs éoliens, puisque la cour d'appel de Douai (59) a émis un avis favorable pour leur implantation au printemps dernier. Seule Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, pouvait encore s’y opposer et lancer une ultime action en Conseil d’État. Or, celle-ci a choisi de ne pas contre-attaquer la décision de la Cour d’appel de Douai.
"Les Australiens qui viennent en France visitent d’abord ce mémorial avant la tour Eiffel. Quelle image leur donnerons-nous ?"
«Nous nous inquiétons d’un entêtement et d’un jusqu’au-boutisme de la ministre, alors même qu’il s’agit de son département d’origine. Veut-elle en faire un exemple ?», questionne Christophe Coulon, vice-président du Conseil régional. «Nous voulons la rassurer. Abandonner ce projet n’est pas un signe de faiblesse, au contraire. Sa décision est une faute qu’elle doit réparer. Nous sommes tous sous le choc d’un tel projet.» Stéphane Haussoulier, président du Conseil départemental de la Somme, ajoute : «Nos valeurs doivent passer au-dessus des intérêts économiques que représentent le marché de l’éolien. Les Australiens qui viennent en France visitent d’abord ce mémorial avant la tour Eiffel. Quelle image leur donnerons-nous s’il est entouré d’éoliennes ?» Les Australiens prennent d’ailleurs le sujet à cœur. Une équipe de journalistes était présente ce jeudi pour informer la population de ces faits.
"Qu'on nous fiche la paix"
Nombre de Samariens, à leur échelle, sont arrivés à saturation quant aux éoliennes. «Qu’on nous fiche la paix, résume Emmanuel Maquet, député de la Somme. En Hauts-de-France, nous comptons 1 800 mats, 900 en construction et autant autorisés, ce qui signifie deux fois plus d’éoliennes à l’horizon dix ans. Pourquoi chez nous ? Parce que nous sommes pauvres ! Nous disons stop à cette voracité éoliennes. Nous avons largement participé à la PEE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) de l’État.»
Pour Nicolas Perney, président de l'association Contre vents et marchés, cette action des élus redonne un peu d’espoir. «C’est la première fois que nos recevons un tel soutien. Mais maintenant, nous attendons un résultat.» Barbara Pompili sera-t-elle sensible à cet appel ?