Institutions

Des inconnues pour la commission de l’Agriculture

Avec le nouveau Parlement européen, qui prendra ses fonctions en juillet, le fonctionnement et la composition de la commission de l’Agriculture pourraient fortement évoluer. Fin 2023, Strasbourg a commencé à se pencher sur la structure de ses commissions, pour les remodeler en vue du prochain mandat législatif. Il était alors envisagé de réduire potentiellement de moitié le nombre de commissions pour résoudre les conflits de compétences qui se sont multipliés ces dernières années, notamment entre celles de l’Agriculture (Comagri) et de l’Environnement (Comenvi). La Comenvi qui couvre les dossiers biodiversité, climat et santé est devenue au cours de cette mandature la plus importante du Parlement avec 88 membres (contre 47 membres pour la Comagri). Dans un document de réflexion, il était proposé une fusion de la Comagri avec la commission de la Pêche, voire de regrouper la sécurité alimentaire (actuellement du ressort de la Comenvi), avec l’agriculture et la pêche. Autre solution, privilégiée à l’époque, la création d’une commission de la Santé et de la sécurité alimentaire au sein du Parlement européen qui réduirait le nombre de compétences de la Comenvi, dont le rôle serait alors limité à l’action climatique, l’environnement, les océans et les forêts. Ces discussions n’ont toutefois pas abouti à des propositions concrètes, mais ces idées restent dans l’air et pourraient ressortir à l’issue des élections européennes. La fusion des commissions de l’Agriculture et de la Pêche serait la plus probable.

Des partants...

Sans même considérer ces réflexions, en termes de personnes, le visage de la future Comagri devrait de toute façon évoluer. Plusieurs membres ou suppléants bien connus ont déjà annoncé qu’ils ne briguaient pas un nouveau mandat. C’est le cas de l’Allemand Peter Jahr (PPE, droite) - qui était le rapporteur du volet Plans stratégiques de la Pac -,
de l’Allemande Ulrike Muller (centriste) - rapporteure du règlement horizontal de la Pac -, de la Verte autrichienne Sarah Wiener - rapporteure du règlement Pesticides -, de l’Italien Paolo de Castro (Social-démocrate) - ancien président de la Comagri, rapporteur du règlement Indication géo- graphiques -, le Belge Benoît Lutgen (PPE) - rapporteur pour avis sur la directive Émissions industrielles. Parmi les autres partants : le Français Gilles Lebreton (extrême droite) ou l’Allemande Marlene Mortler (PPE). D’autres ne semblent pas en bonne position sur leurs listes. La conservatrice espagnole (ECR) Mazaly Aguilar, 3^e vice-présidente de la Comagri - ne figure pas parmi les trois premiers noms annoncés il y a peu et pourrait même être évincée. Le Français Claude Gruffat (Verts) est, lui, en 12^e position et, au vu des sondages, ne devrait pas revenir pour second mandat.

...des incertitudes, des nouvelles têtes potentielles

Au rang de ceux qui pourraient rempiler : le président de la Comagri, l’Allemand Norbert Lins (PPE) figure en bonne place sur sa liste régionale, le coordinateur du groupe PPE, l’Italien Herbert Dorfmann est tête de liste pour son parti, les Verts Benoît Biteau (6^e de la liste française) et Martin Hausling (6^e de la liste allemande), l’ancien commissaire européen à l’Agriculture Dacian Ciolos (tête de liste des centristes roumains), l’Allemande Maria Noichl (S&D) et le socialiste français Christophe Clergeau (5^e de la liste PS).

D’autres membres ou suppléants de la Comagri sont encore dans l’expectative. La liste française des centristes de Renaissance ne devrait pas être dévoilée avant la fin avril. Jérémy Decerle et Irène Tolleret repostulent pour une place, sans garanties pour autant. Situation similaire pour la sociale-démocrate espagnole Clara Aguilera qui, a priori, devrait être bien placée sur sa liste. Le cas d’Anne Sander (droite) est en discussion au sein des Républicains. Des rumeurs lui attribuent une place autour de la 8^e position qui ne lui assure toutefois pas une réélection, en fonction des résultats de son parti.

Et du côté des nouvelles têtes, plusieurs personnalités issues du monde agricole devrait rejoindre Strasbourg et postuleront légitimement pour un siège à la Comagri : la céréalière française Céline Imart (numéro deux de la liste les Républicains en France), l’agricultrice belge Christiane Collinet (successeure annoncée de Benoît Lutgen), et l’Allemande Christine Singer (centre), elle aussi agricultrice, qui prendrait le relais d’Ulrike Muller.