Des mesures en faveur des territoires ruraux
Le gouvernement présente au monde rural des mesures concrètes.
Manuel Valls et onze de ses ministres et secrétaires d’Etat se sont rendus à Laon, dans l’Aisne, pour présenter une série de mesures en faveur du développement des territoires ruraux. Ce comité interministériel aux ruralités s’inscrit dans un processus engagé il y a plusieurs mois pour favoriser le développement des territoires ruraux. Initiées en juillet 2014 par Manuel Valls, les Assises des ruralités se sont tenues de septembre à novembre et aboutissent aujourd’hui à des axes d’action concrets que le Premier ministre a présentés à l’issue de la réunion. Avec ces mesures, l’Etat entend rétablir un équilibre entre les centres urbains et les territoires ruraux de plus en plus délaissés par les services et les investissements économiques.
Maintenir une offre de services
La diminution croissante de l’offre de services constitue l’une des causes les plus importantes du sentiment d’abandon ressenti dans les campagnes. Pour y remédier, le gouvernement travaille au développement des maisons de services au public, avec l’objectif d’augmenter leur nombre de 363 aujourd’hui à 1 000 d’ici fin 2016, notamment via les bureaux de Poste en déficit d’activité qui pourront accueillir la SNCF, EDF, Pôle Emploi, les caisses d’assurance maladie, ou encore la MSA. Le financement national pour ces structures sera doublé avec la création d’un fonds entre neuf opérateurs de services, doté de 21 M€ sur 2015-2017. Parallèlement, le gouvernement veut renforcer l'accès aux soins, avec la création de maisons de santé qui regroupent différents types de professionnels (médecins généralistes, dentistes, etc.) leur permettant de mutualiser les moyens et de ne pas exercer de façon isolée. 600 maisons existent aujourd’hui, contre 100 en 2012, et le gouvernement mise sur 200 supplémentaires en 2015 grâce à une augmentation de 200 M€ de la dotation d’équipement des territoires ruraux. Des bourses de 1 200 € par mois sont également attribuées aux étudiants en médecine qui s’engagent à s’installer en zone rurale. Par ailleurs, une expérimentation de télémédecine (consultation à distance) a été initiée depuis cette année et permet de savoir avant de se déplacer si une consultation physique est nécessaire. Objectif affiché par Manuel Valls, «que l’accès aux soins urgents en moins de 30 minutes soit une réalité». D’autres mesures vont également être développées pour maintenir les écoles via des regroupements et le raccordement à internet, ou encore pour promouvoir la culture (aménagements culturels, éducation artistique…).
Des clés pour le développement économique
Sur le volet économique, le gouvernement propose avec des contrats de réciprocité ville-campagne entre des communes urbaines et des communes rurales sur des thèmes précis (alimentation, tourisme…). Mais l’une des mesures phares concerne l’accès à internet, à travers le déploiement du Plan France très haut débit dont le financement s’élève au niveau de l’Etat à 3,3 milliards d’euros jusqu’en 2022. A cette échéance, le plan permettra à la France d’être «totalement connectée au très haut débit, avec cinq ans d’avance par rapport à nos voisins», a insisté la secrétaire d’Etat au Numérique, Axelle Lemaire. Avant cela, «d’ici 2016, il n’y aura plus de zones blanches» en termes de couverture 2G et 3G a promis Manuel Valls qui a également rappelé que les opérateurs devaient «trouver une solution» pour que l’on puisse «téléphoner partout où on réside». Enfin, l’agriculture, «pilier du développement local» pour le Premier ministre, n’est pas oubliée dans les mesures du gouvernement qui réaffirme son objectif d’approvisionner 40 % de la restauration collective en produits locaux d’ici 2017. Manuel Valls a en outre rappelé sa volonté d’aligner les retraites agricoles à 75 % du SMIC en 2017. La lutte contre la délinquance en milieu rural, essentiellement le vol d’engins agricoles, porte d’ailleurs ses fruits, a salué le Premier ministre, puisque depuis 2013, le nombre de vols dans les exploitations agricoles ont été contenus et que les deux premiers mois de 2015 montrent pour la première fois une diminution nette de la délinquance de l’ordre de 12 à 15 %.
REACTION
Daniel Prieur, Secrétaire général adjoint, de la Fnsea
«Les populations rurales ne doivent pas être les grandes oubliées de la République»
Les annonces du Premier Ministre, Manuel Valls, en faveur du monde rural vont dans le bon sens. Elles contribuent à réduire la fracture territoriale que la FNSEA et ses partenaires du Groupe Monde Rural (GMR) dénoncent depuis plusieurs années. L’égalité républicaine, fondement de notre contrat social, doit garantir à tous les habitants du monde rural un accès aux services de santé et leur permettre d’accéder aux dernières technologies de l’univers du numérique. Sur le numérique, la FNSEA expérimente, dans le cadre d’un partenariat avec Orange, des solutions d’accès internet à très haut débit pour les exploitations agricoles en zones blanches. Les fruits de cette expérimentation profiteront à tous les ruraux privés de débit internet satisfaisant. Les territoires ruraux sont aussi des espaces de projets et d’innovation; l’Etat et les Collectivités Territoriales doivent accompagner leurs besoins en ingénierie et en investissements et les soutenir financièrement dans la déclinaison des politiques régionales et européennes d’aménagement du territoire. Par ailleurs, le mode d’élection au sein des Conseils régionaux doit être repensé pour favoriser un meilleur ancrage territorial des Conseillers régionaux et une meilleure représentation du milieu rural. Il sera tout autant nécessaire de réaménager la fiscalité locale, afin de garantir une plus grande équité entre les territoires.A l’heure où la nouvelle organisation territoriale se dessine loi après loi, il ne faudrait pas que les populations rurales deviennent les grandes oubliées de la République.