Distribution
Des négociations commerciales « extrêmement tendues »
Le gouvernement a réuni le 23 février le comité de suivi des négociations commerciales pour établir un point de situation. Cette année, les contrats entre transformateurs et distributeurs peinent à se conclure.
Le gouvernement a réuni le 23 février le comité de suivi des négociations commerciales pour établir un point de situation. Cette année, les contrats entre transformateurs et distributeurs peinent à se conclure.
De l’avis du ministère de l’Agriculture, « réunir un comité de suivi des négociations commerciales à cinq jours du terme est très inhabituel. Mais cette réunion s’imposait parce que ces négociations sont extrêmement tendues », concède un proche du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. Celui-ci et ses collègues Agnès Pannier-Runacher (industrie) et Jean-Baptiste Lemoyne (PME) ont appelé « à un sursaut », car les taux de signatures sont inférieurs d’au moins 20 points à ceux de l’an passé.
Les trois ministères dénoncent le manque d’entrain des grands distributeurs à signer les contrats et soulignent la « mauvaise foi » de certains d’entre eux, « même si certains industriels ne sont pas exempts de tous reproches non plus ». Ainsi, ce distributeur qui remet en cause le prix de la matière première agricole pourtant certifiée ; cet autre qui met en place des clauses de révision automatique avec des seuils de déclenchement exorbitant (+30 % ou -30 %) rendant impossible son application ou encore cette grande enseigne qui essaie de contourner la loi en rebaptisant les pénalités logistiques remplacées par le terme « risques » ou « indemnités ».
Dans les ministères, on cite aussi le cas de cet industriel qui refuse toute transparence sur les prix et celui de cette grande enseigne qui a laissé ses interlocuteurs sans réponse pendant trois semaines.
« Rééquilibrer les forces »
Toujours selon le gouvernement, les négociations paraissent mieux se passer pour les filières agricoles qui ont contractualisé. Certaines interprofessions ont mis en place des indicateurs de production sur lesquels l’aval peut s’appuyer. « C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la loi Egalim 2 : rééquilibrer le rapport de forces vers l’amont et garantir à l’agriculteur d’être payé à son coût de production », glisse un membre du cabinet de Julien Denormandie. « Il faut protéger la matière première qui était autrefois le maillon de plus faible », souffle un conseiller. D’ailleurs le pourcentage de matières premières dans un produit final reste limité. « Quelques centimes en plus en amont font beaucoup pour un agriculteur mais pèse peu dans le porte-monnaie des consommateurs », concède un autre. Cependant, la guerre des prix que les grandes enseignes se mènent pèse sur ces négociations. Certaines d’entre elles sont toujours dans une logique déflationniste plus encore quand il s’agit du non alimentaire. Ce qui fait dire au Gouvernement que « la loi Egalim 2 permet certaines avancées car les prix agricoles sont un peu à la hausse ».
Si le Gouvernement refuse de faire du « name and shame » (c’est-à-dire « nommer et faire honte ») avant le 1er mars 23h59, date à laquelle les négociations prennent officiellement fin, il ne l’exclut pas de le faire après. Le gouvernement n’envisage pas de repousser cette date. « Il fera preuve de sévérité mais aussi de discernement ». En attendant, la DGCCRF poursuit ses contrôles. « Elle en a effectué environ 400 », assure-t-on au cabinet d’Agnès Pannier-Runacher.