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Des négociations commerciales «tendues» et «musclées»

Le gouvernement a réuni, le 27 janvier, les principaux acteurs des négociations commerciales annuelles. Comme les agriculteurs, il demande l’application totale et rigoureuse de la loi Egalim 2, occasionnant quelques poussées de fièvre dans la chaine agroalimentaire. 

«À un mois de la fin des négociations commerciales, la fermeté est totale  de la part du gouvernement pour la stricte application d’Egalim 2», a assuré Julien Denormandie, le 27 janvier.
«À un mois de la fin des négociations commerciales, la fermeté est totale de la part du gouvernement pour la stricte application d’Egalim 2», a assuré Julien Denormandie, le 27 janvier.
© Ministère de l’Agriculture

De l’avis du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, les négociations entre les représentants des industriels de l’agroalimentaire et ceux de la grande distribution ont été «tendues» et parfois «musclées». Une situation qui s’explique par le fait que, contrairement aux années précédentes, les négociations se déroulent sous deux contraintes : d’une part, celle d’une flambée des cours des matières premières qu’elles soient agricoles ou non (énergie, emballages, etc.) et, de l’autre, le nécessaire respect de la loi Egalim 2 qui oblige à tenir compte du coût de production (départ cour de ferme) et de façonner la construction du coût final en marche avant. Ce qui suppose de répercuter tout le long de la chaîne les différentes hausses de prix. Nombreux sont les syndicats et fédérations agricoles mais aussi les transformateurs à demander une hausse d’au moins 4 %, voire plus. Or, les grandes surfaces qui souhaitent conserver leurs clients et maîtriser le pouvoir d’achat de ces derniers n’entendent pas tomber dans la spirale inflationniste. Cependant, certains «mauvais élèves continuent à demander des baisses de prix», a indiqué Julien Denormandie qui parle de «comportements inacceptables», notamment sur les pénalités logistiques que certains distributeurs appliquent encore. «C’est scandaleux», s’est-il emporté. La loi Egalim 2 change le rapport de force car «il n’est aujourd’hui plus possible de combiner une alliance entre Industriels et grandes enseignes pour ensuite faire porter le poids des économies sur le dos des agriculteurs», a-t-il expliqué, avouant qu’il existe des situations de blocage entre industriels et GMS. 

 

«Pression dans le tube»

Son collègue chargé des PME, Jean-Baptiste Lemoyne, a pour sa part, appelé à la «responsabilité de chacun» et indiqué que le nombre de contrats signés fin janvier était plus faible que d’ordinaire. Selon un proche du ministre, il y en aurait 10 % de moins qu’en 2021 à la même date. De même, le nombre de recours au médiateur des relations commerciales agricoles, Thierry Dahan, se révèlent moins nombreuses que l’an dernier et le gouvernement a invité les parties prenantes qui sont bloquées dans leur discussion à recourir à cet intermédiaire. La tension monte à mesure que l’échéance se rapproche. Mais le gouvernement n’entend pas céder d’un pouce. «Nous restons fermes. Nous ne lâcherons rien», a martelé le ministre de l’Agriculture. Pour preuve, ce ne sont pas moins de 250 contrôles qui ont été effectués par la DGCCRF depuis le début de l’année, dans le cadre de ces négociations. Elles portent principalement sur la conformité des conditions générales de vente (CGV) avec la loi Egalim 2, sur les réponses apportées par la grande distribution aux industriels et sur la conformité des accords signés, avec la loi précitée. Le gouvernement espère aboutir à 1 000 contrôles d’ici fin février, certifie-t-on dans l’entourage des ministres. Il reste un mois pour que le tour de table se termine. «Nous ne décalerons pas la date de fin des négociations. C’est le 28 février au soir. Les sanctions prévues seront alors appliquées», ont clairement menacé Julien Denormandie et Jean-Baptiste Lemoyne. «Nous mettons la pression dans le tube», a imagé le ministre de l’Agriculture. Une prochaine réunion du comité des négociations devrait se tenir vers le 20 février, en compagnie des représentants ministériels. À moins de huit jours de la fin des négociations, c’est plus qu’un symbole. C’est un signal d’alarme. 

 

Denormandie refuse de décaler la date de clôture

Au terme du troisième comité de suivi des négociations commerciales, le 27 janvier, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a assuré à la presse que la date de fin des négociations, fixée au 28 février, ne sera pas décalée «comme certains auraient pu le souhaiter». Les industriels et les distributeurs n’étant pas parvenus à un accord d’ici au 1er mars s’exposeront à des «sanctions», prévient le ministre. Alors que les négociations prennent du retard dans un contexte de forte inflation des coûts de production, il explique vouloir «maintenir la pression» afin d’obliger les partenaires commerciaux à finaliser leurs contrats. «On voit que la loi [Egalim 2] a eu les effets recherchés sur la répartition du rapport de force. Si la loi n’avait pas été là, la situation serait encore plus catastrophique pour le monde agricole», en conclut le ministre. Il réaffirme la «fermeté totale» du gouvernement envers ceux qui ne respecteraient pas la loi, dénonçant «des comportements inacceptables» de la part de certaines parties prenantes. Plus de 250 enquêtes ont été lancées par la DGCCRF (répression des fraudes) depuis le 1er janvier pour contrôler la conformité avec la loi des contrats proposés et signés.

 

Une situation «inquiétante», selon les industriels

Dans un communiqué commun du 27 janvier, l’Ania (industries alimentaires), l’Ilec (marques nationales) et la Coopération agricole ont appelé chaque acteur des négociations commerciale à «prendre ses responsabilités» pour «continuer de garantir à nos concitoyens une alimentation française, saine, sûre et responsable». À un mois de la clôture des négociations, la situation des industriels est «inquiétante», alertent les trois organisations. «La guerre des prix imposée par les distributeurs depuis tant d’années doit maintenant prendre fin», affirment-elles. Elles demandent à la distribution de «prendre en compte l’ensemble des hausses de coûts subies par les entreprises agroalimentaires» et de «cesser l’application de pénalités logistiques indécentes et délétères» dans un «contexte de crise». «Si les hausses demandées ne sont pas acceptées, cela remettra en cause la pérennité des entreprises, leur capacité à investir et à bien rémunérer leurs salariés et les agriculteurs», déclare le président de la Coopération, Dominique Chargé. Il informe, qu’à date, 36 % des coopératives n’ont signé aucun contrat avec leurs clients de la distribution, contre 25 % l’année dernière.
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