Des parlementaires touchés par la jaunisse
Dans l'attente d'une modification législative qui permettrait la réutilisation de substances néonicotinoïdes en enrobage pour protéger la betterave de la jaunisse virale, la CGB 80 poursuit son travail de sensibilisation.
« Messieurs les parlementaires, on attend de vous que vous sensibilisiez vos collègues et que vous les informiez de ce que vit actuellement la filière betteraves, même si certains d'entre eux peuvent se sentir éloignés du sujet parce qu'il n'y a pas de betteraves dans leurs départements... » Ce message d'alerte, c'est celui porté par Jérôme Fourdinier, agriculteur à Montigny-sur-L'hallue et président de la section Sainte-Emilie de la coopérative Cristal Union ce mercredi 26 août aux députés de la Somme, élus du Conseil département et de la Région Hauts-de-France qui ont répondu présent à l'invitation de la CGB80. La rencontre se déroulait chez Jean-Philippe Jeanson, à Marcelcave, où les betteraves n'ont pas échappé au virus responsable de la jaunisse.
Impasse technique cherche solutions
A quelques semaines du vote d'un texte de loi qui permettrait de déroger pendant une période de trois ans à l'interdiction d'utiliser des néonicotinoïdes pour protéger la betterave du virus de la jaunisse, le syndicat betteravier ne veut pas baisser la garde : « Nous avons reçu un engagement de la part du ministre de l'Agriculture, mais cela ne veut pas dire que tout est réglé. Il nous faut maintenant transformer l'essai », rappelait ainsi Dominique Fievez, président de la CGB80. Pour éviter une désillusion, la CGB France comme ses antennes départementales continuent donc de mobiliser autour d'arguments pour rallier un maximum de parlementaires à la ré-autorisation temporaire des NNI. Pour cela, le syndicalisme betteravier sait pouvoir aussi compter sur l'expertise de l'Institut technique de la betterave (ITB). Dans le département de la Somme, les premiers pucerons sont apparus début avril avant une montée en puissance de la maladie progressive. Les traitements insecticides réalisés pour tenter de lutter contre le phénomène se sont bien souvent montrés insuffisants, laissant nombre de betteraviers « dans une impasse technique », a rappelé Dominique Fievez. « Etant donné que nous n'avons pas de solution pour traiter la jaunisse, il faut que l'on s'occupe de son vecteur, c'est à dire le puceron vert », indiquait pour sa part Ghislain Malatesta, responsable du Département expérimentation et expertises régionales de l'ITB. Pour l'heure, ni les auxiliaires – ils sont arrivés cette année avec un décalage de cinq semaines par rapport aux infestations de pucerons -, ni des solutions alternatives aux NNI n'ont fait la preuve d'une efficacité comparable.
Une recherche engagée
La rencontre de terrain aura été aussi l'occasion « de remettre les pendules à l'heure » dixit le directeur de la CGB Hauts-de-France, Emmanuel Pigeon, après les affirmations entendues au cours des derniers jours sur le risque pour les abeilles d'utiliser des NNI pour la culture de la betterave ou l'irrigation. Ainsi, affirme Ghislain Malatesta (ITB), « la betterave n'attire pas les abeilles, on est en sûr ». En ce qui concerne la rémanence des NNI, là encore les risques seraient « limités » : « Après une betterave, dans 99% des cas, vient un blé, un escourgeon ou un orge de printemps, rappelle Dominique Fievez. Ce sont des plantes qui ne fleurissent pas et qui ne sont pas mellifères ». Pour conclure la rencontre, ITB et CGB sont finalement revenus sur les programmes de recherche en cours : utilisation de solutions de biocontrôle, sélection variétale, association de plantes... Et s'il semble aux yeux d'aucuns que la recherche n'avance pas assez vite, ou encore qu'elle aurait du se mobiliser plus tôt, Dominique Fievez rappelle des engagements passés : « La betterave ne devait pas être concernée par l'interdiction des NNI. Les efforts de la recherche se sont donc concentrés sur l'amélioration de la richesse de sucre à l'hectare, sur les techniques de désherbage jusqu'à ce qu'une décision politique n'en fasse autrement ». Aujourd'hui encore, c'est donc à l'Etat et au monde politique qui « fait » la loi que la CGB demande de corriger le tir.