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Filière porcine
Des prix porteurs d’espoir pour les éleveurs porcins

Après une longue période de crise, les éleveurs porcins voient le bout du tunnel, avec un Marché du porc breton (MPB) historiquement haut. Quelques ombres continuent cependant à planer au-dessus de la filière. Les éleveurs des sections 62, 59 et 80 faisaient le point lors de leur AG, ce 13 février, au Domaine Picard de Villers-Bocage (80). 

La hausse des prix du porc est due au manque d’offre en sortie des élevages.
La hausse des prix du porc est due au manque d’offre en sortie des élevages.
© Laurent Larraillet/FrAgTw

2,13 €/kg à l’issue de sa séance du jeudi 9 février. C’est un record historique pour le Marché du porc breton (MPB). Le précédent record datait des 24 et 28 août 1989. Le cours de référence avait alors été fixé à 13,66 francs (2,082 €).
«On retrouve le sourire», confie Franck Caffin, président de la section porcine de la Somme. Ce 13 février, avec ses homologues du Pas-de-Calais, Benoît Decherf, et du Nord, Olivier Fagoo, ils étaient réunis au Domaine Picard de Villers-Bocage (80), qui transforme une partie de leurs cochons, pour une assemblée générale commune*. L’occasion de faire un point de situation de la filière, et d’évoquer les dossiers en cours. 

Les prix, donc, offrent aux éleveurs porcins une bouffée d’oxygène, alors que ceux-ci sortent d’une longue période de crise, avec des prix descendus jusqu’à 1,13 €/kg. Inhabituelle à cette période de l’année, cette hausse est due au manque d’offre en sortie des élevages : l’activité hebdomadaire est en recul de «20 000 porcs par rapport à l’an passé et de 30 000 porcs par rapport à 2021», précisent les analystes du marché de Plérin, à comparer aux 359 095 porcs abattus la semaine du 30 janvier. Cette tendance étant à l’œuvre depuis le début de l’année, «le déroulement de la vente [du jeudi 9 février] a peu varié en comparaison avec les séances précédentes». D’après le commentaire de la cotation, «d’autres hausses importantes sont attendues dans la plupart des bassins de production» européens. «La baisse de l’offre est encore plus forte dans le nord de l’Europe», note le MPB.

Quelle est la situation en Hauts-de-France ? «Nous n’avons pas échappé à la crise, et le nombre d’éleveurs est plutôt en baisse. Mais nous avons peut-être mieux encaissé que d’autres régions, car nous avons su conserver notre lien au sol. Ça nous permet notamment de moins subir l’augmentation des coûts de l’aliment, par exemple», analyse Franck Caffin. Pour les acteurs locaux, l’actualité n’est pourtant pas si rose. «Nous faisons face à un manque d’abattoirs locaux qui nous achètent les porcs», assure Sylvie Delforge, directrice du Groupement de producteurs de porcs des Monts de Flandre (GPPMF). Même constat pour Éric Bettens, directeur de la coopérative Cobevial. «Le problème est politique. Certains acteurs préfèrent saturer des outils d’autres régions.» Les frais d’approche explosent alors pour les coopératives. «À 0,14 €/kg, c’est insoutenable», pointe Sylvie Delforge. 

Le spectre de la PPA plane toujours

Autre sujet d’inquiétude pour la filière : la peste porcine africaine, dont le spectre plane toujours sur l’Europe. «Nous ne sommes pas à l’abri d’une entrée de la peste porcine sur le territoire», s’inquiète Franck Caffin, président de la section porcine de la Somme. D’après la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA), les nouveaux cas de peste porcine africaine continuent en effet de se multiplier chez les sangliers, notamment en Allemagne et en Italie. L’intérêt de l’audit biosécurité dans les élevages mis en place depuis juillet 2020 prend tout son sens. «Il pourrait devenir obligatoire à l’avenir. Surtout, en cas d’entrée de la PPA chez nous, la gestion de crise ne sera pas la même pour les élevages qui l’ont réalisé ou non.» 

Le Porc Français, une reconnaissance

À L’URGPP (Union régionale des groupements de producteur de porcs Nord Picardie), une personne est entièrement dédiée à la réalisation des diagnostics PigConnect biosécurité et Le Porc Français. «Les deux peuvent être réalisés en même temps. Comptez 3h30 pour cela», présente Gwendoline Desailly, sa directrice. Le Porc Français (précédemment VPF) est une démarche volontaire mise en place à la fin des années 1990 par l’interprofession de la filière porcine. «Cette marque est reconnue par 90 % des consommateurs désireux d’acheter de la viande française, note-t-elle. Il n’y a rien d’obligatoire, mais sans ce référencement, vendre ses porcs en France peut être compliqué.» Cet audit est réalisé chaque année, aux frais du Groupement pour ses adhérents. «En moyenne, 90 % des critères sont déjà respectés dans les élevages. Si certaines lacunes sont pointées, l’éleveur dispose de quatre mois pour y remédier, et un accompagnement technique du groupement est proposé.»

* L’assemblée générale était élective pour les sections du Nord et du Pas-de-Calais. Olivier Fagoo et Benoît Decherf ont respectivement été réélus pour ces sections. Une réflexion vers une section régionale – «en vue du nombre d’éleveurs dans chaque département» – est engagée. 

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