Communication
Made in viande, des rencontres pour changer le regard du public sur la viande
Interbev et Inaporc organisent la huitième édition des Rencontres made in viande depuis le 10 mai et jusqu'au 17 mai prochain. Une semaine durant laquelle
87 portes ouvertes sont organisées pour mettre en valeur les métiers de la filière et leurs engagements en faveur d'une viande plus durable.
Interbev et Inaporc organisent la huitième édition des Rencontres made in viande depuis le 10 mai et jusqu'au 17 mai prochain. Une semaine durant laquelle
87 portes ouvertes sont organisées pour mettre en valeur les métiers de la filière et leurs engagements en faveur d'une viande plus durable.
«Aimez la viande et ceux qui la font» : c'est le slogan de la huitième édition des Rencontres made in viande organisées la semaine du 10 au 17 mai, par Interbev, l'association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, et Inaporc, l'interprofession nationale porcine. «L'objectif est d'essayer de se rapprocher du public en leur faisant découvrir tous les métiers du secteur de l'élevage et de la viande et leurs engagements pour une production plus durable», indiquait il y a quelques jours Jean-Jacques Henguelle, directeur d'Interbev Hauts-de-France.
Montrer la réalité des élevages
«Lorsqu'on parle de la production de viande, il y a une désinformation du grand public, regrette le directeur. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, l'accent est mis sur l'élevage industriel. Par le biais de ces rencontres, nous souhaitons montrer la réalité du terrain, des élevages à taille humaine. En moyenne, un élevage se compose d'une soixantaine de vaches, on est loin des élevages industriels. La filière est souvent critiquée, on nous prend pour des pollueurs, on pense que les animaux sont maltraités... Or, les éleveurs sont évidemment sensibles à ces sujets.»
Jean-Jacques Henguelle insiste d'ailleurs sur le pacte sociétal mis en place en 2017 par les différents opérateurs du secteur : «Depuis cinq ans, les professionnels de la viande s'engagent dans une production plus durable autour de la promesse “Aimez la viande, mangez-en mieux”.»
Un pacte axé sur différents domaines : la préservation de l'environnement, le bien-être, la protection et la santé des animaux, la juste rémunération des acteurs et l'attractivité des métiers ainsi que l'alimentation de qualité, raisonnée et durable. «La filière a fait bouger les choses et aujourd'hui, il y a une réelle prise de conscience de la part des acteurs. Ils ont compris que c'était non seulement un passage nécessaire, mais aussi utile puisque leurs efforts ont des retombées économiques», souligne Jean-Jacques Henguelle.
À l'occasion de cette huitième édition, plus de quatre-vingt événements sont organisés dans les Hauts-de-France. «Des éleveurs, mais aussi des bouchers ainsi que des entreprises de transport ou encore de découpe de viande ouvrent leurs portes au grand public», détaille le directeur d'Interbev Hauts-de-France.
Un secteur qui embauche
Plus de 70 classes, soit 1 300 jeunes de la région de la primaire au lycée participent également à ces rencontres. L'occasion aussi pour la filière de mettre un coup de projecteur sur ces métiers qui sont en demande de main-d'œuvre, «notamment dans les domaines de la logistique et de la découpe», précise Jean-Jacques Henguelle.
Charles Leignel : «expliquer notre métier est indispensable»
Que mangent-elles ? Comment sont-elles logées ? Comment est-ce que l’éleveur assure leur bien-être ? Ce 12 mai, Charles Leignel chaussera ses bottes d’éleveur, comme chaque jour, mais se coiffera aussi d’une casquette de professeur. Dans le cadre des Rencontres made in viande qu’anime Interbev, il accueillera deux classes de sixième du collège de Bray-sur-Somme dans sa ferme voisine. «Un éleveur est celui qui parle le mieux de son métier. Ça prend du temps, mais il faut s’en donner la peine si on veut développer la communication dans le bon sens», assure-t-il.
Lui n’est pas un professionnel de l’éloquence, même s’il ouvre de plus en plus souvent sa ferme au public, mais il lui semble important d’apporter sa contribution. «Interbev nous fournit des supports. C’est surtout pour avoir un langage compréhensible des enfants de cet âge-là. Pour le reste, je tâcherai d’expliquer simplement les bases du métier.» Ici, l’élevage d’allaitantes avait disparu de l’exploitation en 1991, mais un troupeau d’Aubrac a réintégré les lieux en mars 2019. Un bâtiment de 850 m2, avec parc de contention, case de pesée et silos à grains a été construit pour cela. «C’est une race qui permet de se démarquer, qui plait aux clients qui achètent en direct. C’est aussi une belle vache, douce, rustique, maternelle, qui vêle bien… Bref, facile à élever», justifie Charles Leignel. Quinze mères et dix-huit génisses ont été achetées dans l’Aveyron, berceau de la race. Aujourd’hui, quarante-cinq mères constituent le cheptel, et la suite est engraissée.
Valoriser les terres blanches
Ce qui a motivé ce retour des bovins ? «Je me suis installé en 2006. J’avais l’élevage en tête. Les mauvaises récoltes consécutives ont fini de me convaincre. L’élevage permet de valoriser les terres à faible potentiel.» Il faut dire que sur les 150 ha de l’exploitation de Bray-sur-Somme, dans la Communauté de communes du Pays du Coquelicot, 50 % sont des terres superficielles, dites cranettes sur craie. Une vingtaine d’hectares sont désormais des prairies et surfaces fourragères. «Avec les années sèches que nous vivons de plus en plus régulièrement, ce projet est vraiment pertinent.» En plus de la valeur environnementale de ses surfaces fourragères, Charles Leignel pourra mettre en avant ses actions en faveur de la biodiversité. Avec l'association Enfants et arbres, il a replanté en 2022 deux-mille arbres sur l'une de ses parcelles ainsi que des haies.
Alix Penichou