Désherbage mécanique du maïs : les stratégies incontournables
Avec le développement des PCAE, l’équipement pour le désherbage mécanique se démocratise et l’on peut envisager de désherber du maïs mécaniquement sans perte de rendement. Voici les stratégies d’Alain Lecat , conseiller agriculture biologique à la chambre d’agriculture, pour réussir le désherbage mécanique du maïs qui s’y prête bien.
Avec le développement des PCAE, l’équipement pour le désherbage mécanique se démocratise et l’on peut envisager de désherber du maïs mécaniquement sans perte de rendement. Voici les stratégies d’Alain Lecat , conseiller agriculture biologique à la chambre d’agriculture, pour réussir le désherbage mécanique du maïs qui s’y prête bien.
La pratique habituelle du désherbage en maïs est de traiter sur sol nu en pré émergence ou d’intervenir en plein dès le stade 4F du maïs. Cependant, il est beaucoup moins fréquent d’employer la pulvérisation localisée sur le rang. Cette technique est un premier moyen pour réduire les zones traitées. L’inter-rang étant biné durant le même passage, le désherbage est complet.
Cette technique, plus connue sous le nom de désherbinage, permet de réduire des deux tiers les surfaces traitées et garantit la propreté de la parcelle. On a pu également mesurer des gains de rendement dû au travail du sol qui accélère la minéralisation.
Du traitement localisé au tout mécanique
Pour ne plus utiliser de désherbant, il faut raisonner en stratégie de désherbage car il est illusoire de remplacer un traitement chimique par un «traitement mécanique». L’association mécanique et chimique est tout à fait possible, quel que soit l’ordre de passage des opérations. Toutefois, il faut travailler en amont de la culture et réfléchir à sa rotation. Il est préférable d’éviter le maïs en monoculture ou plusieurs successions de cultures de printemps car la flore devient très spécialisée, considérable et vite incontrôlable.
Pratiquer le faux semis
Le premier incontournable dans la stratégie de désherbage est de mettre en œuvre la pratique du faux semis. Ce dernier s’anticipe par une préparation de sol dès la mi-mars et qui sera refermé au rouleau afin d’éviter le dessèchement du profil. Selon la météo, un ou deux faux semis sont possibles sans retarder pour autant la date de semis. Le faux semis se réalise à l’aide de herses étrilles si la préparation de sol est optimale. On peut également reprendre le sol avec des outils de préparation de sol classique de printemps. Un faux semis a besoin d’être rappuyé pour être efficace car un bon contact graine/sol est primordial. Si plusieurs faux semis peuvent être réalisés à la suite, alors on prendra soin de remonter son outil vers la surface du sol après chaque passage. Dans tous les cas, le dernier faux semis sera réalisé à 5/6 cm de profondeur pour nettoyer le lit de semence.
Utiliser un outil «à l’aveugle»
Le deuxième incontournable de la stratégie consiste à passer un outil de désherbage «à l’aveugle». Mais pour réaliser ce passage, il est préférable de semer le grain de maïs à 5 cm minimum de profondeur. Le but du semis profond étant que les adventices lèvent avant le maïs et, accessoirement, lutter contre les corvidés. En créant un décalage de levée entre les adventices et le maïs, il est alors possible de passer une herse étrille ou une houe rotative avant la sortie du maïs pour nettoyer une première levée. Si le maïs est déjà semé à moins de 5 cm, alors l’outil à privilégier est la houe rotative.
Cette pratique bien connue des agriculteurs bios est souvent redoutable d’efficacité lorsque les conditions pédoclimatiques le permettent. Sur la photo, on peut apercevoir sur la partie droite le résultat d’un passage de herse étrille à l’aveugle par rapport au côté gauche qui n’en n’a pas reçu. Toutes les adventices lèvent en même temps que le maïs ! L’avantage de cette technique est de remettre les stocks des mauvaises herbes à zéro et de laisser une longueur d’avance au maïs. Lors des prochaines levées, les adventices déjà moins nombreuses seront plus petites et donc plus réceptives aux désherbants post-levée. Si vous optez pour une stratégie mixte à cette étape du désherbage, alors vous obtiendrez une baisse conséquente des doses de produits appliqués à venir. Le nec plus ultra sera de passer au désherbinage !
Après les incontournables, la stratégie zéro phyto consistera à désherber au fur et à mesure des levées échelonnées des adventices. Tous les matériels traditionnels de désherbage mécanique entrent dans la méthode de désherbage, mais le dernier passage sera réservé à la bineuse. La figure 1 reprend les divers passages d’outils en fonction du stade de la culture du maïs.
À chacun de construire son itinéraire de désherbage
Dans le cadre d’un itinéraire mécanique, un outil pris individuellement n’est pas toujours suffisant pour allier efficacité de désherbage et rendement.
Pour atteindre une efficacité équivalente aux itinéraires chimiques, une stratégie de désherbage en maïs ayant pour but de supprimer complètement les produits phytosanitaires n’est jamais «programmée» d’avance. Cette technique demande souplesse, réactivité et disponibilité pour une efficacité certaine. Elle est tributaire également des conditions pédoclimatiques de l’année. Elle peut engendrer des coûts économiques supplémentaires, mais qui peuvent être pris en charges par des Maec réductions de produits phytos. Dans tous les cas, l’appui d’un conseiller se révèle utile pour démarrer dans de nouvelles stratégies de réductions d’intrants.