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Double marché du blé et baisse générale des céréales fourragères

Les conséquences économiques et techniques d'une qualité dégradée.

Le secteur de l'aliment du bétail peut retrouver du dynamisme dans ce contexte qualité/prix.
Le secteur de l'aliment du bétail peut retrouver du dynamisme dans ce contexte qualité/prix.
© Claudine Gérard

La moisson n'est pas terminée et il est trop tôt pour estimer les dégâts qualitatifs (grains germés d'où un temps de chute trop rapide de l'indice de Hagberg), le volume de production paraissant généralement préservé. Mais comme nous le confie Christian Pèes, président de Coop de France Métiers du Grain, «les organismes stockeurs, déjà confrontés au retard de collecte, vont devoir faire la preuve de toute leur compétence et de leur talent dans le travail de tri et d'allotement pour satisfaire la demande de la meunerie et de l'export. La qualité globale de la moisson se jugera lorsque la collecte sera achevée ; toutes les régions ne sont pas uniformément pénalisées (les secteurs les plus touchés semblent être la Bourgogne et le sud du Bassin parisien ; NDLR). On peut néanmoins s'attendre à une exceptionnelle hétérogénéité de la récolte nationale et à une proportion plus élevée que la normale de blé fourrager s'ajoutant à une récolte d'orge et surtout de maïs abondante. D'où les écarts inusités entre les prix des blés meuniers et fourragers, actuellement et, d'une façon plus générale, la baisse des cours des autres céréales fourragères. Dans l'immédiat, on est en présence de deux marchés du blé très distincts». Effectivement, entre les blés meuniers, classe 1 selon le classement de FranceAgriMer, et la classe 3, destinée essentiellement à l'alimentation animale, la fourchette de prix est exceptionnellement large. Elle atteint jusqu'à 40 EUR/t selon les régions. Mais le marché est très fluctuant et les écarts peuvent se modifier rapidement. Le président de Coop de France Métiers du Grain ne s'inquiète pas outre mesure de l'approvisionnement du marché intérieur (meunerie) mais convient que l'exportation risque de souffrir d'un manque de bon blé. D'ailleurs, la campagne d'export tarde à s'enclencher, la délivrance des certificats d'exportation et les embarquements, sauf sur la façade Atlantique, le Sud-Ouest ayant moins souffert de retard de collecte, s'effectuant au ralenti.

Une opportunité pour les fabricants d'aliments... et les éleveurs
Le dernier Conseil céréales de FranceAgriMer estimait l'utilisation de blé par les fabricants d'aliments du bétail à 4,4 Mt pour la campagne 2013/2014, 1,2 Mt d'orge et 3,6 Mt de maïs, cette dernière céréale étant la seule à avoir progressé dans ces incorporations parce que la plus concurrentielle, dans un contexte d'utilisation céréalière pour la nutrition animale en baisse globale : 9,9 Mt, le niveau le plus bas depuis 1996/1997. Un chiffre qui risque encore de diminuer pour cette nouvelle campagne, si l'on considère la poursuite de la baisse des fabrications d'aliments du bétail. En mai dernier, la production française d'aliments composés a baissé de 2,8 % par rapport à mai 2013, la progression de 1,9 % des aliments pour bovins (vaches laitières) ne permettant pas de compenser la chute de l'aliment porc à -6,7 % et la baisse sensible de l'aliment volaille, à -3,1 %. Sur les 11 premiers mois de la campagne, la production totale d'aliments composés (hors aliments d'allaitement) a atteint 18,2 Mt, soit un recul de 1,4 % sur la période correspondante de la précédente campagne. L'évolution des fabrications reflète la situation de l'élevage.
Ainsi, la bonne activité du secteur laitier se traduit, sur cette période, par une progression de l'aliment bovin de 1,9 %, la régression de 3,9 % de l'aliment porc illustrant la crise endémique du secteur et la diminution de 1,5 % de l'aliment volaille, dont -6,7 % pour l'aliment poulet, conséquence des difficultés d'exportation de poulet de chair. La sensible baisse de toutes les céréales entrant dans l'aliment composé va offrir aux fabricants la possibilité de réduire leurs coûts, ce qui devrait logiquement se répercuter à terme sur le prix de l'aliment pour les éleveurs et peut-être en relancer la consommation.

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