Du blé local, c’est l’idéal pour Tereos Nesle
D’où viennent les céréales dont l’usine Tereos de Nesle extrait l’amidon avant de l’exporter aux quatre coins du monde ? Principalement des régions Hauts-de-France et Grand-Est, par la route et par le rail.
D’où viennent les céréales dont l’usine Tereos de Nesle extrait l’amidon avant de l’exporter aux quatre coins du monde ? Principalement des régions Hauts-de-France et Grand-Est, par la route et par le rail.
L’une des dernières fois que l’usine Tereos de Mesnil-Saint-Nicaise (Nesle, 80) ouvrait ses portes pour une visite officielle, c’était en février 2021 pour accueillir le président du Conseil départemental de la Somme, Stéphane Haussoulier, pour lui présenter ses activités et ses investissements. Le 31 janvier dernier, c’est comme si l’usine de Nesle allait à la rencontre de l’un de ses fournisseurs en participant à l’une des réunions d’hiver du Groupe Carré à Pertain. L’occasion pour les agriculteurs partenaires de l’entreprise de négoce de découvrir ce que deviennent une partie de leurs céréales. Car on ne le sait peut-être pas, mais l’usine samarienne «consomme» annuellement 800 000 t de blé tendre pour la fabrication d’amidon – soit 25 % du blé produit dans les Hauts-de-France –, dont une partie est livrée par le Groupe Carré. Responsable de son service céréales, Jean Deray confirmait «que nous sommes un livreur historique de l’usine de Nesle». Pour l’usine samarienne de Tereos, l’approvisionnement est d’abord local, et il est réalisé majoritairement par la route (70 %) avec un complément par le rail (30 %). Parmi les 71 usines spécialisées dans la fabrication d’amidon dans l’Union européenne, Tereos en exploite cinq réparties entre la France, la Belgique et l’Espagne. L’activité amidonnière de Tereos en fait le troisième producteur européen, et le deuxième producteur mondial de protéines de blé.
Qualité homogène recherchée
En matière de critères d’approvisionnement pour le blé, l’acheteuse «céréales» de Tereos, Constance Levesque, évoque des normes comparables à celles exigées par le secteur de la meunerie, «mais avec plus de souplesse». Concrètement, Tereos Nesle cherche des tonnages de blé avec un taux de protéines compris entre 11 et 11,5 %, un PS de 76 ou encore un taux d’humidité maximum de 15 %. Pour l’acheteuse, «le plus important, c’est d’avoir une qualité homogène». Ainsi, «quand une nouvelle récolte arrive, il faut quelques jours pour rééquilibrer le process industriel (…) Quand nous avons des taux de protéines trop importants, cela pénalise l’extraction. Plus le grain est protéiné, plus il est difficile à travailler». C’est dans la réponse à ce genre de problématique que le métier d’organisme stockeur (OS) prend son sens.
À la réception, une attention particulière est portée sur l’absence de pyrimiphosméthyl, un insecticide utilisé pour le stockage : «Il suffit que l’on en trouve des traces pour se voir refuser l’accès à certains marchés, notamment en Amérique du nord», explique Constance Levesque. L’amidonnier se dit également «de plus en plus exigeant sur la présence d’ergot et de mycotoxines». «Depuis quatre ans, nous ne notons pas de problèmes particuliers sur ces sujets, mais nous restons vigilants.»
Valorisation des coproduits
Les coproduits générés par l’amidonnerie sont eux aussi valorisés localement puisqu’ils transitent directement par une bande passante vers l’usine d’élevage d’insectes, Innovafeed. Ainsi, détaille Constance Levesque, «nous n’avons plus besoin de sécher nos coproduits qui sont consommés comme aliments par les insectes. Cela nous permet de réaliser des économies». Dans son environnement proche, Tereos Nesle travaille aussi en liens étroits avec d’autres entreprises : Ajinamoto qui produit du glutamate à partir de sucre fournit par Tereos ; Nigay à qui Tereos fournit de la vapeur, de l’eau et du sirop ; Sedalcol France qui produit des alcools à partir de coproduits. Ayant besoin d’un volume annuel de 800 000 t à transformer pour satisfaire une activité qui ne s’arrête pas (7 jours/7), «l’usine doit tourner et les approvisionnements doivent suivre», constate Jean Deray pour le Groupe Carré, satisfaisant de ce débouché géographiquement proche et sécurisé, «même si de temps en temps, il peut y avoir des réfactions…»
Tereos cède ses activités roumaines à des investisseurs privés
La reprise de l’usine de Ludus avait été un temps envisagée par l’État roumain, avant que des investisseurs privés se soient portés acquéreurs. Ces derniers ont déclaré au cours des derniers jours vouloir «relancer la production de sucre dans le pays cette année». Des discussions entre les futurs nouveaux propriétaires de la sucrerie de Ludus doivent s’engager prochainement afin d’envisager une contractualisation de production pour la campagne 2023 avec quelques 300 producteurs. Les 150 employés de l’usine devraient quant à eux garder leur emploi.
En 2012, lorsque Tereos avait fait le pari de s’implanter en Roumanie via la reprise de la sucrerie de Ludus, celle-ci produisait aux alentours de 34 000 t de sucre de betterave par an. L’approvisionnement de l’usine s’effectuait auprès de 500 planteurs, cultivant environ 5 000 ha de betteraves. La volonté du groupe coopératif et de sa direction d’alors était de disposer d’une «base» dans cette partie d’Europe orientale afin «d’accompagner ses clients industriels sur un marché où la consommation de sucre est appelée à croître sensiblement au cours des prochaines années.»