Du grain à 17 % d’humidité : «faire preuve de bon sens»
Au vu des conditions pluvieuses, les coopératives et négoces de la Somme ont annoncé qu’ils exempteraient de frais de séchage pour un taux d’humidité plus élevé que d’habitude. Ils en appellent cependant au bon sens des agriculteurs.
Au vu des conditions pluvieuses, les coopératives et négoces de la Somme ont annoncé qu’ils exempteraient de frais de séchage pour un taux d’humidité plus élevé que d’habitude. Ils en appellent cependant au bon sens des agriculteurs.
«Au vu des conditions climatiques pluvieuses», «pour préserver la qualité des blés», «aucun frais de séchage ne sera appliqué jusque 17 % - ou 17,5 % - d’humilité sur le blé». Mesure similaire pour le colza. Les agriculteurs de la Somme ont reçu ce genre d’information de la part de leur négoce ou de leur coopérative, jeudi 29 juillet.
Unéal était la première à dégainer. «Certaines de nos zones sont arrivées à maturité. Le principal but de cette mesure est de préserver la qualité du grain à tout prix. Nous avons investi dans des outils de travail du grain pour cela. Quatre séchoirs sont d’ailleurs en fonctionnement en ce moment», confie Nicolas Foissey, directeur céréales de la coopérative. À cela s’ajoute «un débouché export qu’il faut fournir». «Les industriels locaux, amidonniers, ont aussi besoin de marchandise.»
L’annonce d’Unéal a initié celle des concurrents dans la journée. «Nous prenons rarement ce genre de mesures, car elles interviennent souvent à mauvais escient. Cette fois, nous l’avons jugée pertinente, car certaines de nos zones de collecte, comme l’Eure-et-Loir, présentaient des parcelles de blé très mûres», justifie Pierre Ouvry, directeur agriculture chez NatUp. Cette mesure était difficilement «sectorisable», mais la coopérative veut alerter : «Il faut prendre le temps d’analyser la situation avant de prendre la décision de moissonner. Si le blé n’est pas parfaitement mûr, il n’est peut-être pas opportun de se précipiter !» Néanmoins, NatUp se dit «prête» à vivre une moisson tardive et humide si cela devait se présenter. «Nous disposons d’une dizaine de séchoirs, y compris dans la Somme. Mais nous miserons davantage sur des horaires d’ouverture de nos silos les plus larges possible lorsque les conditions seront favorables.»
«L’individuel contre le collectif»
La gouvernance de Noriap a aussi estimé qu’une telle décision était la bonne pour ses adhérents. «Il y avait un vrai besoin des agriculteurs. Néanmoins, cette solution est mauvaise techniquement, avoue Philippe Florentin, directeur général adjoint et directeur de la commercialisation des céréales. Nous avons déjà pris cette mesure antérieurement, mais jamais aussi tôt dans la période de récolte. Or, rentrer du grain à 16,5 % d’humidité en fin de moisson et en rentrer dans le fond de la cellule n’a pas la même conséquence.» Le professionnel prévient : «Certains de nos clients ne réceptionneront jamais de grain à ce taux d’humidité. Il sont de plus en plus exigeants quant à la qualité sanitaire des produits. Il va donc falloir beaucoup ventiler, voire sécher.» Si le séchage n’est pas directement facturé à l’agriculteur, celui-ci aura bien un coût qu’il faudra supporter. «C’est l’individuel contre le collectif.»
Chez Calispo, dont l’annonce de cette mesure a rapidement suivi, le conseil est le même : «il faut savoir raison garder. Nous avons connu quelques moissons précoces qui nous donnent l’impression d’être en retard cette année. Mais moissonner en août n’a rien d’exceptionnel !», analyse Olivier Faict, le président. Là encore, les frais de séchage auront un coût pour la coopérative. «Nous disposons de deux séchoirs à Crécy-en-Ponthieu et au Translay. Il faudra acheminer le grain jusque là-bas, et en déplacer vers les autres sites pour libérer de l’espace de stockage…»
Vers des conditions plus favorables
En ce milieu de semaine, l’optimisme gagnait à nouveau la plaine samarienne, puisque le soleil devrait être à nouveau au rendez-vous dans les prochains jours. «Gardons la tête froide, préconise Pierre Ouvry, chez NatUp. Nos blés sont toujours de qualité meunière, et les marchés sont favorables.»