Eau : passer de consommateur à acteur de la gestion
Depuis le 9 septembre jusqu’au 14 octobre prochain, l’Agence de l’eau Artois Picardie lance une concertation dans les quinze territoires d’aménagement et de gestion de l’eau dans les Hauts-de-France pour sensibiliser les différents utilisateurs d’eau et gestionnaires de la ressource à sa préservation.
Dans le département de la Somme, trois territoires sont concernés : le Sage de l’Authie, celui de Somme Aval et de Haute Somme. De quoi est-il question lors de ces réunions qui ont débuté le 9 septembre dernier sur le territoire du Sage de Scarpe aval et qui se concluront le 14 octobre en Haute Somme* ? Pour le directeur de l’Agence de l’eau, Thierry Vatin, «il s’agit de mobiliser le plus grand nombre possible d’acteurs locaux dans le domaine de l’eau pour parler de sa gestion», expliquait ce dernier le 8 septembre, à Douai. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces acteurs sont «nombreux et divers» : citoyens, collectivités, aménageurs, industriels, agriculteurs...
Des pressions qualitatives et quantitatives
Bien qu’il soit le petit de France, le bassin Artois Picardie est aussi celui qui concentre le plus de population et d’activités, d’où des pressions multiples (utilisation domestique et industrielle, artificialisation des cours d’eau, agriculture...), et un effet de plus en plus sensible du changement climatique. «Depuis trois-quatre ans, on a des phénomènes de sécheresse tous les ans et nous devons y prendre garde. Nous ne pouvons pas continuer à utiliser la ressource comme on l’a toujours fait.» Sur ce territoire, rappelait M. Vatin, «il n’y a pas de grand fleuve, des débits de cours d’eau faible, 8 000 kilomètres de rivières et 1 000 kilomètres de canaux». Les pressions qui s’exercent sont à la fois «qualitatives et quantitatives», avec un sujet préoccupant qui prend de plus en plus d’ampleur : le niveau des consommations. «Il y a encore quinze-vingt ans, jamais personne n’aurait imaginé que l’on puisse un jour manquer d’eau dans un territoire comme celui-ci, poursuit le directeur de l’Agence de l’eau Artois Picardie. Et pourtant, si on ne fait rien, c’est ce qui risque d’arriver avec des difficultés pour certaines nappes à se recharger.»
Échanges territoriaux
Si le discours est volontiers alarmiste, Thierry Vatin constate toutefois que des «efforts» ont été réalisés pour améliorer la qualité des masses d’eau dans le bassin ; ce qui est, par ailleurs, un objectif réglementaire fixé par une directive européenne. «Sur la centaine de masses d’eau que l’on recense dans le bassin, dont quatre-vingt huit masses d’eau de surface, dix-huit sont en bon état écologique, explique le directeur de l’Agence de l’eau Artois Picardie. L’Agence a investi massivement depuis une vingtaine d’années pour en arriver là». Et cette dernière d’annoncer son engagement à poursuivre cet effort, mais pas seule : «L’objectif est d’atteindre le bon état écologique pour quarante masses d’eau dans les six ans à venir.» Pour cela, il existe, selon M. Vatin, un outil - le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) - et une méthode : le dialogue territorial. Les moyens, quant à eux, devraient suivre. Chacune des réunions organisées au sein de chaque territoire couvert par un SDAGE est l’occasion de présenter «un état des lieux de la ressource, ce qu’on y a fait et ce que l’on va y faire d’ici 2027». Une fois les consultations territoriales achevées, les remontées et observations effectuées seront compilées pour être ensuite discutées lors d’un comité de bassin prévu le 20 octobre.
* Calendrier des réunions : pour le Sage Authie, le 30 septembre, à 14h30, salle des fêtes d’Auxy-le-Château ; pour le Sage Somme Aval, le 14 octobre, à 9h30, 32 route d’Amiens à Dury ; pour le Sage Haute Somme, le 14 octobre, à Péronne, CCI, 7 rue des chanoines.