Echo des moissons : des récoltes remarquables, d’autres désappointantes
La moisson touche presque à sa fin. Les céréales présentent des rendements hétérogènes, tandis que les semences fourragères signent une bonne année. La récolte de lin, elle, est décevante.
Parmi les productions qui donnent le sourire aux agriculteurs de la Somme, nommons les semences fourragères. En ce début de semaine, plus de la moitié étaient récoltées. «Nous avons presque terminé les graminées fourragères, confie Géraldine Poiret, responsable de SFP (Semences fourragères de Picardie). De très belles parcelles de dactyle, de gazon (15 qx/ha net) et de trèfle incarnat (10 à 12 qx/ha net) ont été récoltées. Seule la fétuque (8 qx/ha net), est décevante.» En cause : «un problème de vernalisation et un manque d’eau au printemps ont bloqué le montage à épis».
Il reste désormais 270 ha de vesces encore sur pied. «Les parcelles présentent un gros potentiel de rendements. La météo sera déterminante.» Le trèfle violet doit aussi être récolté à partir du 15 août mais, cette fois, Géraldine Poiret est «observatrice». «Ce pourrait être hétérogène, car les plantes ont manqué d’eau à la reprise de végétation, en mai. La pression apions était également assez forte.»
En blé, même si l’année n’est pas exceptionnelle, les rendements moyens sont corrects et la qualité est bonne. «La Picardie sera privilégiée par rapport au reste de la France», se rassure Hubert Lecat, en charge du secteur Ouest de Noriap. «Dans le Vimeu, nous avons récolté 50 % des blés et les rendements oscillent entre 70 et 100 quintaux.» Antoine Dennetière, responsable d’exploitation de Calipso, confirme l’hétérogénéité des résultats : «Dans le Ponthieu, les rendements, entre 60 et 65 qx/ha, sont plus que moyens. Vers Argoules, ils sont autours de 80 à 85 qx/ha, et ils atteignent 95 qx/ha vers Saint-Riquier. Le Vimeu vert et le Vimeu maritime sont nos meilleurs secteurs, avec plus de 100 qx/ha.» La pluviométrie très localisée a fait la différence. Même constat à l’Est du département, où la quasi-totalité des blés sont battus. «En moyenne, les rendements sont 5 quintaux moins bons que l’année dernière en limon, et 10 quintaux moins bons sur les plateaux», note Frédéric Toullet, responsable du secteur chez Noriap.
Parmi les déceptions, nommons cette fois le colza. Comme la semaine dernière, les quelques parcelles battues avant les pluies du week-end se sont révélées très moyennes. Jean-François Florin, directeur de Sana Terra, constate néanmoins «du mieux vers la fin de la récolte.» «On devrait approcher les 40 qx/ha de moyenne.» Les premiers champs d’orge de printemps commencent à être fauchés et sont «conformes à ce qu’on attendait à cause du printemps sec», explique Jean-François Florin. C’est-à-dire mauvais.
Du lin non exploitable
La plus grosse déception est sans doute celle du lin. Les arrachages sont désormais terminés, et la filière locale s’attend à une petite récolte en termes de quantité de paille à l’hectare. La richesse des fibres suscite l’interrogation. «La culture a été impactée par les conditions climatiques trop continentales : manque d’eau, beaucoup de luminosité et vent de nord-est desséchant», détaille Vincent Delaporte, directeur de la Calira. Le secteur maritime a particulièrement souffert.
Résultat : des levées hétérogènes, qui se traduisent aujourd’hui par des andins à double étages, et des fibres courtes. «Certains lins ne sont pas exploitables. Dans ce cas, nous étudions les parcelles au cas par cas pour apporter la solution la moins coûteuse à l’agriculteur.» Prendre le risque d’un onéreux teillage classique n’en vaut pas toujours la peine. Le teillage «toutes fibres», beaucoup moins rémunérateur, peut être envisagé pour limiter les pertes. «La consigne générale est de maintenir les parcelles propres.» Les meilleures parcelles pourront engager un retournage si les pluies annoncées ce week-end s’avèrent suffisantes.