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Ecotaxe, normes, charges... l'agroalimentaire tire la sonnette d’alarme

La filière agroalimentaire met en garde les pouvoirs publics contre les risques d'une déflagration générale.

"Ras le bol". Entouré par Philippe Mangin, président de Coop de France (à g.) et de Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), le président de la Fnsea, Xavier Beulin, a résumé l’état d’esprit actuel des professionnels de l’agroalimentaire.
"Ras le bol". Entouré par Philippe Mangin, président de Coop de France (à g.) et de Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), le président de la Fnsea, Xavier Beulin, a résumé l’état d’esprit actuel des professionnels de l’agroalimentaire.
© Actuagri


«L’écotaxe a cristallisé le ras le bol. Ceci étant, nous devons faire face à une accumulation de règles et de contraintes administratives qui ôte toute lisibilité et ne dégage aucune ambition pour notre secteur». En présence de Philippe Mangin, président de Coop de France et de Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), le président de la Fnsea, Xavier Beulin, a résumé l’état d’esprit actuel de l’agroalimentaire vis-à-vis des surenchères fiscales des pouvoirs publics et de l’accumulation des normes et contraintes diverses.

Ecotaxe : aberrant
Sur l’écotaxe précisément que le Premier ministre a suspendue sans y avoir renoncé définitivement, Xavier Beulin dénonce le caractère aberrant de ce dispositif. Et de citer, le cas de la volaille qui pourrait être soumise «cinq ou six fois au prélèvement» de l’œuf jusqu’à la distribution de la viande dans les rayons des grandes surfaces, «contre une seule fois pour les produits d’importation».
Quand par exemple les autoroutes sont gratuites en Allemagne et que l’écotaxe ne frappe que les camions de 12 tonnes, contre 3,5 tonnes prévues en France. Et de demander l’exonération de l’écotaxe pour toute la filière agroalimentaire tout en déplorant l’absence de concertation avec les pouvoirs publics.

La technostructure alourdit les procédures
Xavier Beulin dénonce, également, l’accumulation des normes et réglementations qui ne cessent «de charger la barque» sur les exploitations. Et de pointer ici le retard de la mise en œuvre du nouveau régime d’enregistrement pour les élevages de porcs annoncée à la fois par Jean-Marc Ayrault, Philippe Martin et Stéphane Le Foll. «Malgré la décision politique, la technostructure met tout en œuvre pour ne pas donner suite et même alourdir les procédures», observe- t-il. Conséquence tangible, l’Allemagne a distancé la France en matière de production porcine à 40 millions de têtes aujourd’hui contre 21 millions de têtes, alors que les pays avaient le même niveau de production, il y a une dizaine d’années.
Quant à la loi d’avenir de l’agriculture, dont le projet a été adopté en Conseil des ministres le 13 novembre, il trouve qu’elle est nettement en retrait par rapport à ses attentes, notamment sur les interprofessions et la modernisation de l’agriculture.

Cice : les coopératives écartées ?
Le président de Coop de France, Philippe Mangin, considère, également, que le compte n’y est pas et que le gouvernement «n’apporte aucune réponse aux difficultés des entreprises coopératives». Qu’il s’agisse de l’écotaxe dont il demande l’ajournement pur et simple, «parce qu’elle frappe et pénalise en priorité l’économie régionale». Ou le bénéfice du Crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice), dont les coopératives seraient exclues. Malgré les promesses des plus hautes autorités de l’Etat, y compris le président de la République, il semblerait que la Commission de Bruxelles ne veuille pas en entendre parler. Ce qui représenterait un manque à gagner de 120 millions d’euros pour l’ensemble du secteur coopératif.

5 000 emplois menacés
Jean-Philippe Girard, le président de l’Ania n’est pas plus tendre vis-à-vis des pouvoirs publics. Pour son secteur, le projet de loi sur la consommation (loi Hamon) actuellement en discussion au Parlement «ne donne pas satisfaction». Selon lui, il ne prévoit rien sur l’acceptation des tarifs des industriels par les grandes surfaces, le respect du plan d’affaires, ni sur le bon déroulement des négociations qui restent toujours aussi conflictuelles. «Si le texte est voté en l’état, il sera catastrophique pour l’emploi, les investissements et la croissance», en soulignant que 5000 emplois sont actuellement menacés dans l’agroalimentaire et que 300 entreprises sont sur le point de déposer le bilan.

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