Elections chambres d’agriculture : les enjeux en trois questions
La FNSEA, dont le score s’érode depuis vingt-cinq ans,
parviendra-t-elle à conserver sa majorité absolue au niveau national ? La Coordination rurale consolidera-t-elle sa deuxième place ? Comment évoluera le taux de participation ?
L’enjeu des élections aux chambres d’agriculture, c’est d’abord d’être le porte-voix de la profession auprès des pouvoirs publics. Le scrutin de 2019 ne fait pas exception. «C’est ce score qui fera qu’on sera plus ou moins écoutés par le ministère», rappelait au printemps Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, au lancement, très précoce, de sa campagne. Avec 53,39 % des voix au dernier scrutin, la liste d’union FNSEA-JA est jusqu’ici incontestée dans ce rôle, loin devant le deuxième syndicat, la Coordination rurale, reléguée à plus de trente points (20,49 %).
Toutefois, depuis les années 80, le score de cette liste d’union majoritaire s’est érodé d’une petite dizaine de points (cf. graphique). L’un des enjeux du scrutin 2019 sera donc de savoir si la FNSEA et les JA parviendront à se maintenir au-dessus de la barre symbolique des 50 %. Le scénario d’une perte de la majorité absolue n’est pas impossible, car le score de la liste d’union peut varier de 10 points entre certains scrutins. Il pourrait d’ailleurs tout aussi bien rebondir. Quel que soit le résultat de la FNSEA, il pourrait peser sur la réelection de Christiane Lambert à la tête de son syndicat en 2020, à l’issue de son premier mandat.
Bataille pour la seconde place
Autre enjeu : la seconde place. Le scrutin de 2013 avait sonné comme une victoire pour la Coordination rurale (CR), qui avait dépassé la Confédération paysanne (Conf’) pour la première fois de son histoire au niveau nationale, et pris la tête de quatre chambres départementales. Toutefois, deux petits points seulement séparaient la Conf’ et la CR au niveau national. La question sera donc de savoir si les dynamiques entamées depuis 2007, positive pour la CR, négative pour la Conf’, se poursuivront. Aucun des deux syndicats minoritaires ne s’est risqué à afficher à un score à atteindre.
Le résultat du scrutin ne se lit pas seulement grâce au score national, mais également au nombre de chambres départementales emportées. La Coordination rurale ambitionne de conserver les quatre chambres d’agriculture ravies en 2007 - Lot et Garonne, Charente, Calvados et Puy de Dôme (sur une liste d’union avec la Confédération paysanne pour ce dernier département). Elle en vise d’autres, comme la Dordogne et la Haute-Vienne, où elle avait échoué de justesse au dernier scrutin. Mais Christiane Lambert a d’ores et déjà annoncé qu’elle espérait que des chambres soient reprises à la CR et à la Conf’.
Ultime interrogation : le taux de participation. Il est traditionnellement élevé en agriculture, à 54,34 % au dernier scrutin, mais il avait fortement chuté par rapport à 2007 (de plus de 10 points). Continuera-t-il de s’éroder, à l’instar de la plupart des scrutins électoraux en France, à l’exception de l’élection présidentielle ? L’issue du vote du projet de loi agriculture et alimentation, dont la lecture définitive est attendue début octobre, tombe à pic, et devrait inévitablement peser sur les scores de chacun des syndicats et tout comme la participation. Reste à savoir de quelle manière.