Agroalimentaire
En Normandie, mini mobilisation contre méga projet de sucrerie
Moins d’une vingtaine de personnes se sont réunies ce mardi 26 avril à Rouen pour manifester leur opposition à un projet d’implantation d’une sucrerie sur le territoire de la métropole rouennaise.
Moins d’une vingtaine de personnes se sont réunies ce mardi 26 avril à Rouen pour manifester leur opposition à un projet d’implantation d’une sucrerie sur le territoire de la métropole rouennaise.
C’est devant le siège de la Métropole Rouen Normandie, territoire sur lequel a été annoncé le 17 mars un projet d’implantation d’une sucrerie de grande capacité par un investisseur dubaïote (AKS), que des membres de plusieurs associations se sont réunis ce mardi 26 avril pour marquer leur opposition au projet. Comme l’ont constaté nos confrères du journal Le Parisien, une dizaine d’associations étaient représentées « contre cette méga sucrerie, méga polluante, méga imposée et méga inutile ». Parmi elles, l'Association de défense des berges de Seine (ADBS), Les Amis de la Terre, Terres de luttes, Alternatiba ou encore Extinction Rebellion. A peu de choses près, on y retrouve les mêmes qui s’en sont pris à un train transportant des céréales vers une usine de production d’aliments du bétail en Bretagne mi-mars, ou dévasté le stand de la FNSEA lors du dernier Salon de l’agriculture à Paris, fin février.
4,5 millions de tonnes de betteraves à trouver
Le projet contre lequel ces organisations ont manifesté consiste en l’implantation d’une sucrerie d’une capacité de transformation de betteraves pour en faire du sucre comprise entre « 650 et 800 000 tonnes annuelles », en bord de Seine, à Grand-Couronne-Moulineaux. Il s’agirait ainsi « de l’une des plus grandes unités de ce type en activité sur le continent européen », selon les responsables d’Haropa Port, le gestionnaire du Port de Rouen. Cette sucrerie pourrait s’installer sur un terrain de 75 hectares devenu une friche industrielle depuis le départ de Renault, en 2020.
La production réalisée sur le site normand aurait pour vocation l’export, et plus particulièrement les destinations Maghreb, Italie, Espagne et Royaume-Uni. Le sucre serait expédié par conteneurs, ce qui ravi Haropa Port. Le promoteur de ce projet, AKS est une société familiale implantée à Dubai, spécialisée dans la fabrication de sucre.
Pour la métropole de Rouen, un tel projet est une aubaine compte tenu des retombées économiques espérées. L’investissement prévu est évalué à « plusieurs centaines de millions d’euros », indiquait mi-mars Haropa Port. Autre effet attendu, celui sur l’emploi : « 300 emplois directs et un millier d’emplois indirects » sont annoncés. La mise en service de la sucrerie serait effective en 2025. En outre, « la construction de l’unité de production offrira de nouveaux débouchés à la production agricole normande ». Selon une information du journal Les Échos parue en mars, « AKS table sur un approvisionnement en betteraves issues pour les deux tiers du département voisin du Calvados et, pour le tiers restant, d'autres régions de Normandie et des Hauts-de-France ». Cette nouvelle sucrerie « avalerait » environ 4,5 millions de tonnes de betteraves par an, soit quelque 50 000 hectares.
300 emplois directs attendus
Parmi les arguments des opposants, du classique : un éloignement trop important entre les champs de betteraves et le futur site de transformation, un « massacre » du paysage, des nuisances pour les riverains – « circulation intensive des camions, odeurs, activité 24/24, bruit, paysage défiguré, qualité de vie » -, le rejet « d’une quantité astronomique d’eau malodorante et difficile à traiter », risque de pollution de la Seine et/ou du captage d’eau potable qui alimente un tiers de l’agglomération rouennaise, les effets de la consommation de sucre sur la santé, une menace sur la survie d’autres sucreries, une utilisation « aberrante » des terres agricoles fertiles pour produire du biocarburant est une aberration, ou encore des critiques sur la culture intensive de la betterave qu’ils qualifient de « désastre pour l’environnement (…) nécessitant d’énormes quantités d’intrants chimiques notamment les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles ».
Chacun de ces arguments peut être lu – sans qu’il y ait forcément un débat contradictoire possible, faut-il le rappeler -, sur une plateforme de pétition en ligne qui a recueilli à ce jour un peu moins de 1 300 signatures.
Pour la métropole de Rouen, un tel projet est pourtant une aubaine compte tenu des retombées économiques espérées. L’investissement prévu est évalué à « plusieurs centaines de millions d’euros », indiquait mi-mars Haropa Port. Autre effet attendu, celui sur l’emploi : « 300 emplois directs et un millier d’emplois indirects » sont annoncés. La mise en service de la sucrerie serait effective en 2025. En outre, « la construction de l’unité de production offrira de nouveaux débouchés à la production agricole normande ». Selon une information du journal Les Échos parue en mars, « AKS table sur un approvisionnement en betteraves issues pour les deux tiers du département voisin du Calvados et, pour le tiers restant, d'autres régions de Normandie et des Hauts-de-France ». Cette nouvelle sucrerie « avalerait » environ 4,5 millions de tonnes de betteraves par an, soit quelque 50 000 hectares.
Des élus locaux partagés
Si le président de la Région Normandie Hervé Morin et le président de Métropole Rouen Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol se sont déclarés favorables au projet, le maire de la commune de Moulineaux - le territoire sur lequel la sucrerie pourrait s’installer -, Frédérick Le Goff s’est positionné quant à lui le 10 avril dernier contre le projet. Faisant siens les arguments des associations d’opposants, il se déclare « favorable pour la réhabilitation des friches industrielles, des emplois, mais pas avec un tel projet industriel de raffinerie qui est un non-sens en termes d’environnement écologique ». Pour l’élu local, les efforts accomplis « depuis tant d’années pour rendre notre village plus agréable et vivant » seraient « réduits à néant avec ce projet ». Et d’affirmer enfin « attendre avec impatience la prochaine réunion avec Haropa port ».
Le 4 avril dernier, interviewée par le site d’actualité de Seine-Normandie 76 Actu, la maire de la commune de Grand-Couronne, Julie Lesage restait prudente, évoquant seulement « un projet » : « J’entends beaucoup d’inquiétudes sur l’odeur et le trafic. On n’en sait pas plus aujourd’hui sur ces deux questions. Du côté de l’emploi, c’est très positif. J’attends de rencontrer les responsables du port pour qu’ils nous en disent davantage », avait-elle déclaré.