Encore des «marges de progrès» dans les négociations commerciales
Le troisième et ultime comité de suivi des négociations
commerciales, orchestré par le gouvernement, s’est réuni le 22 février. Si des améliorations sont notées sur la filière laitière, le ministre de l’Agriculture a estimé qu’«il y a des marges de progrès».
des filières agroalimentaires françaises».
«Il y a encore des marges de progrès», s’est exclamé Stéphane Travert, le 22 février, à la sortie du troisième comité de suivi des négociations commerciales. Il a annoncé la création d’un comité de suivi de la Charte «pour une relance de la création de valeur et pour son équitable répartition au sein des filières agroalimentaires françaises», signée par l’ensemble des acteurs, fin avril. «Au-delà des négociations, il y avait d’autres choses dans cette charte», a-t-il souligné.
Pour Delphine Geny-Stephann, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, «il existe une pression importante différenciée en fonction de la catégorie des produits». Elle évoque une grande vigilance de la part de la DGCCRF sur les menaces de déréférencement, les centrales d’achat internationales et les problèmes de logistique impliquant des pénalités sur les fournisseurs. Elle se refuse à un discours «binaire» sur ces négociations commerciales entre la distribution et les industriels, qui révèlent selon elle «une grande hétérogénéité des pratiques».
180 contrôles
«L’Etat est là pour rappeler les règles du jeu, pour faire l’arbitre», a conclu Stéphane Travert qui réaffirme que le gouvernement «ne lâchera rien». Il souhaite également lancer un groupe de travail pour affiner les chiffres donnés par les observatoires des prix des différents acteurs (FCD, Ania, Ilec, Coop de France) et mieux analyser la situation.
Plus de 180 contrôles ont été effectués par la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF), qui doit cependant «attendre que les négociations soient achevées pour pouvoir agir», selon Delphine Geny-Stephann. De son côté, à la sortie du comité de suivi, Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), a annoncé «des hausses de tarifs de 0,7 à 2 % en fonction des produits» et des «hausses significatives pour les produits laitiers de 2 à 10 %» avec «une volonté de s’inscrire dans la ligne des Etats généraux de l’alimentation».
Chantages et pressions
De son côté, Christiane Lambert, président de la FNSEA, a dénoncé des «mesures coercitives de la part de la distribution, des chantages sur les questions logistiques» vis-à-vis des industriels. «Les hausses ne viennent pas compenser les baisses affichées depuis des années», continue-t-elle. «On dirait que nous n’avons pas assisté à la même réunion», a-t-elle ironisé. Catherine Chapalain, directrice générale de l’Ania et également présente au comité, a «totalement cautionné» les propos de Christiane Lambert.
Les négociations au point mort
Dans un communiqué commun, l’Ania, Coop de France, la FNSEA et l’Ilec en appellent à l’Etat pour mener à bien les négociations commerciales 2018 avant la date butoir du 1er mars. «La charte signée le 14 novembre est bafouée», assurent-ils. La situation n’a pas beaucoup évolué depuis le 30 janvier, date de la dernière réunion du comité de suivi. «La majorité des entreprises n’a pas encore signé d’accord ou très peu avec la grande distribution», explique le communiqué. Rappelant les engagements pris lors des EGA, ils appellent les grandes enseignes à leurs responsabilités. Les représentants des agriculteurs, coopératives et industriels, demandent à l’Etat «d’utiliser tous les moyens de contrôle, mais aussi les moyens de sanctions financières et administratives pour faire respecter la loi et condamner les distributeurs hors la loi».