Energies renouvelables : des opportunités au sol comme au ciel
Le Syndicat mixte Baie de Somme-Trois vallées accompagne les agriculteurs de son territoire dans la production d’énergies renouvelables. Revue de détail des possibilités.
Le Syndicat mixte Baie de Somme-Trois vallées accompagne les agriculteurs de son territoire dans la production d’énergies renouvelables. Revue de détail des possibilités.
Parmi la vingtaine d’agriculteurs qui ont répondu présent à l’invitation du Syndicat mixte Baie de Somme-Trois vallées et de la chambre d’agriculture, lundi 21 juin, pour une réunion d’information sur les énergies renouvelables dans le monde agricole, à Abbeville, il y avait ceux qui produisent déjà du gaz ou de l’électricité, ceux qui sont entrés dans une phase «projet» et ceux qui se posent encore des questions. Sur le territoire du syndicat mixte BS3V, où un Plan climat air énergie territorial (PCAET) est engagé, les objectifs sont ambitieux puisque le territoire qui compte aussi un Parc naturel régional couvrant 134 communes vise un taux d’autonomie énergétique de 48 % à l’horizon 2030. Pour y arriver, le territoire mise sur la combinaison de différentes sources – photovoltaïque, méthanisation, géothermie ou encore pourquoi pas l’agrivoltaïsme –, «dans le respect du paysage et du patrimoine», a souligné Christian Lesenne, son vice-président chargé de l’environnement.
Du photovoltaïque sur bâtiments
Au menu de la rencontre animée par la chambre d’agriculture, Cerfrance Picardie Nord de Seine, la société d’économie mixte Somme Énergie et GRDF, des interventions multiples pour préciser les enjeux et contours de chaque source d’énergie. Premier intervenant à se lancer, Antoine Pépin (Cerfrance) qui écarte d’entrée de jeu l’éolien : «Politiquement, aujourd’hui, c’est compliqué de parler d’éolien», constate-t-il. Quant au montage de projets, «cela est difficile sans passer par un promoteur». En ce qui concerne le micro-éolien, autrement dit l’installation d’une petite machine dans une cour de ferme par exemple, «le retour sur investissement n’est pas bon. Si on se lance là-dedans, c’est d’abord par idéologie…»
Et le photovoltaïque ? Malgré un certain nombre de critiques, notamment sur les conditions de rachat de l’électricité produite, l’installation de panneaux photovoltaïques continue de recevoir un certain nombre de faveurs : «L’idéal est d’avoir une toiture à rénover, explique Romain Six (chambre d’agriculture). Le tarif de rachat n’est plus aussi élevé qu’il y a quelques années, mais cela reste intéressant avec un chiffre d’affaires qui va dépendre de la surface.» Le retour sur investissement s’obtient à partir de 11,2 ans, «un peu plus tôt dans certains cas», poursuit le technicien. Et ce dernier de mettre en garde de potentiels investisseurs sur le coût de raccordement de l’installation au réseau de distribution d’électricité. Pour une installation de 100 kwh, soit 650 m2 de panneaux, le montant de l’investissement est estimé entre 80 et 90 000 €, «hors raccordement». Le business plan pour ce type d’installation est établi sur une durée de vingt ans. Aussi, pour Romain Six, «le photovoltaïque ne fera pas de vous un millionnaire, mais cela est plus intéressant qu’un placement bancaire si on a cette somme disponible…»
Du côté du Cerfrance Picardie Nord de Seine, l’analyse est semblable : «L’idéal est de coupler l’installation de panneaux photovoltaïques à un projet de construction de bâtiment, détaille Antoine Pépin. Le photovoltaïque ne paie plus un bâtiment comme par le passé, mais l’investissement devient vraiment intéressant si on auto-consomme étant donné que le tarif de l’électricité augment.» Qu’ils soient conseiller à la chambre d’agriculture ou au Cerfrance, chacun s’accorde enfin sur la méfiance dont il faut faire preuve face à des offres trop alléchantes : «Quand on vous propose un bâtiment à 1 € contre l’installation de panneaux photovoltaïques, il faut se méfier des coûts cachés et des petites lignes du contrat», assure ainsi Romain Six.
Plein feu sur la métha
Parmi les solutions qui ont le vent en poupe, et qui ont déjà fait leurs preuves, vient ensuite la méthanisation. «On est sur une courbe exponentielle», constate-t-on ainsi chez GRDF. Les projets les plus nombreux concernent l’injection de gaz dans le réseau – 41 installations dans les Hauts-de-France – devant la cogénération. Parmi les conditions de réussite d’un projet de méthanisation, on cite en vrac : évaluation du gisement de matières destinées à alimenter le méthaniseur, la connaissance du pouvoir méthanogène, l’évaluation de la production énergétique, la sécurisation des apports de substrat…Pour Romain Six, «il ne faut pas avoir d’a priori sur un type d’installation plutôt qu’un autre. Les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients».
Contrairement à une installation de panneaux photovoltaïques, l’investissement dans une unité de méthanisation se faire rarement seul avec des montants pouvant atteindre plusieurs millions d’euros. À la clé, le rapport n’est pas non le même et penche en faveur de la méthanisation. Pour qu’un projet aille à terme, «il faut aussi travailler à son acceptabilité», rappelle Benoît Deltour (GRDF). Un aspect détaillé par Jean-François Gaffet, agriculteur à Canaples, qui est revenu sur la méthode qu’il a employé pour faire accepter son unité dans le paysage : «On a d’abord rencontré le maire de la commune, puis les voisins avec le dossier sous le bras. Une fois qu’on a fait cela, on a eu la chance d’avoir l’un de ces voisins qui est devenu un ambassadeur». Depuis que le méthaniseur est en route, aucune opposition. Ce qui n’empêche pas Jean-François Gaffet de continuer à « choyer » ses voisins : «De temps en temps, on leur offre du digestat pour le jardin…» Pour les agriculteurs engagés, le même digestat est source d’amendement organique pour les cultures. Outre le revenu financier et agronomique qu’elle offre, l’installation d’un méthaniseur permet enfin d’améliorer le bilan carbone d’une exploitation. Quid enfin de la micro-méthanisation ? Synonyme de projet de moindre importance, la formule peut intéresser des éleveurs disposant d’un cheptel d’une cinquantaine d’animaux, pour un investissement compris entre 200 et 300 000 €. «La micro-méthanisation, c’est d’abord une façon de valoriser autrement ses effuents d’élevage», indique Benoît Deltour. Ce que confirme Jean-François Gaffet qui, une fois qu’il a ré-endossé sa casquette de président de la coopérative Noriap, rappelle que cette dernière propose des solutions clé en main.