Lin
Évaluer le risque altise à temps sur le lin de printemps
Les semis sont en cours, voire se terminent sur la zone de production du lin fibre. Entre le semis et le stade 4-5 cm, le lin est particulièrement sensible au risque altise. Il faudra caractériser finement la situation avant d’envisager une stratégie de lutte adaptée, si nécessaire.
Les semis sont en cours, voire se terminent sur la zone de production du lin fibre. Entre le semis et le stade 4-5 cm, le lin est particulièrement sensible au risque altise. Il faudra caractériser finement la situation avant d’envisager une stratégie de lutte adaptée, si nécessaire.

Les altises du lin désignent deux espèces de coléoptères : la grande altise (Aphtona euphorbiae) et la petite altise (Longitarsus parvulus). Leur période d’émergence coïncide avec celle du semis du lin et donc aux stades de sensibilité de la culture. Si les attaques sont précoces, les altises peuvent s’insinuer dans les failles du sol et endommager les germes (pertes de pieds). Après la levée, les attaques d’altises se traduisent par des morsures en forme «d’impact de balle» sur les cotylédons et les feuilles. Une atteinte des bourgeons terminaux peut entraîner une ramification (activation des bourgeons axillaires) des lins.
Anticiper
La préparation du sol et la date de semis influencent le risque altise, il est alors recommandé d’assurer une levée rapide des lins pour réduire la période de sensibilité du lin vis-à-vis des altises - le décalage de la date de semis et l’implantation sur sol réessuyé et réchauffé sont à privilégier -, mais aussi de limiter la présence de résidus et de mottes dans la parcelle.
Surveiller les parcelles
Estimer l’abondance d’altises dans les parcelles est nécessaire avant d’envisager des solutions de lutte directe.
Plusieurs méthodes complémentaires existent pour suivre les populations.
• Suivi de la somme des températures
Cette méthode permet d’effectuer un suivi prévisionnel des populations. Les derniers travaux de recherche ont mis en évidence une corrélation entre l’activité des altises et le cumul des températures maximales supérieures à 13°C depuis le semis. Celle-ci permet d’estimer une date prévisionnelle du début du pic d’activité des altises.
En 2025, les dates prévisionnelles d’arrivée du pic sont plus tardives cette année comparativement à l’année dernière (pour une même date de semis). Comme toujours, les semis précoces réalisés mi-mars sont plus exposés que les semis plus tardifs (tableau). Il sera nécessaire de surveiller attentivement ces parcelles par l’intermédiaire de la feuille A4 et de la cuvette jaune.
• La cuvette jaune
Cette méthode permet de détecter les premiers vols d’altises. Une cuvette jaune est enterrée au moment du semis dans la parcelle et relevée tous les deux jours. Lorsque les captures évoluent rapidement (entre 50 et 100 individus capturés quotidiennement), on estime que les altises sont en activité.
• Le dénombrement sur la feuille A4
Cette méthode permet d’évaluer l’activité et les populations d’altises sur la parcelle à un instant donné. Elle consiste à déposer une feuille A4 de couleur verte au sol, d’en faire le tour à 30 cm des bords en comptant les altises sautant sur la feuille. La moyenne des altises comptabilisées représente un des indicateurs clés permettant d’ajuster sa stratégie de lutte.
Adapter sa stratégie de lutte en fonction du risque
Pour évaluer le niveau de risque, quatre paramètres doivent être pris en compte : l’abondance des altises à l’aide de la méthode de la feuille A4, les conditions météorologiques, le stade du lin et le niveau de dégâts. Si le risque est faible, il n’est pas nécessaire d’intervenir (réévaluation du risque 24h ou 48h après l’observation). Si le risque est moyen, il est préférable d’opter pour une solution à base de lambda-cyhalothrine (type Karaté Zéon à 0,075 l/ha). Deux interventions peuvent être nécessaires si le risque est élevé.
Optimiser l’efficacité des traitements insecticides
La réussite de sa stratégie de lutte chimique dépend des conditions d’applications des produits. Les solutions homologuées étant principalement des produits de contact, leur efficacité dépendra du nombre d’altises touchées lors de la pulvérisation.
Trois règles sont à retenir :
• Traiter quand les altises sont présentes dans les linières : les altises étant principalement actives lorsque les températures sont douces, la période optimale pour réaliser un traitement se situe en fin d’après-midi d’une journée ensoleillée.
• Traiter avec un volume de bouillie conséquent : les traitements doivent être réalisés avec un volume minimal de bouillie de 150 l/ha afin d’augmenter la probabilité de toucher les
altises.
• Adapter le type de buse : les buses choisies doivent permettre la formation de gouttes de taille petite à moyenne afin d’augmenter la probabilité qu’une altise soit atteinte par celles-ci. Ce matériel expose toutefois à un risque de dérive plus important.
La période idéale pour traiter est la fin d’après-midi. Ce créneau assure la présence des altises tout en limitant le risque de dérive.