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Fécule : après les arrachages, une conservation délicate

Dans son dernier flash info «conservation fécules» réalisé avec Roquette, Tereos et les coopératives d’approvisionnement de Vecquemont, de Vic-sur-Aisne et de Haussimont, Arvalis-Institut du végétal revient sur les conditions de réalisation des derniers arrachages et donne ses conseils pour optimiser la conservation des tubercules.

Après avoir perturbé les arrachages, la pluie complique l’étape de conservation des pommes de terre féculières, 
en particulier, lorsqu’elles sont stockées en extérieur.
Après avoir perturbé les arrachages, la pluie complique l’étape de conservation des pommes de terre féculières,
en particulier, lorsqu’elles sont stockées en extérieur.
© D. R.




Alors que l’été 2019 avait été caractérisé par des conditions météorologiques particulièrement chaudes et sèches, pénalisant très fortement de ce fait la productivité des parcelles, voici maintenant six semaines que des pluies importantes viennent perturber les opérations de récolte à défaut de vraiment faire progresser les rendements sur des plantes souvent parvenues à un niveau de sénescence avancé. Du point de vue des précipitations, on observe un excédent de l’ordre de 30 % en moyenne en octobre sur la France. Pour la zone nord, le passage de nombreuses perturbations océaniques aboutit à des cumuls de pluies parfois impressionnants, avoisinant les 200 mm dans certains secteurs. Le plus souvent, ce cumul de pluie est plus modeste, mais s’approche d’au moins une centaine de litres d’eau par m2 pour l’ensemble des secteurs du bassin de production. Mais plus que la quantité d’eau, c’est souvent la fréquence de ces pluies qui a freiné localement les opérations d’arrachage, venant sans cesse réhumidifier les surfaces. En effet, des pluies supérieures à 2 mm au moins entre un jour sur deux à un jour sur trois sur ce mois d’octobre ont été enregistrées, quelle que soit la localité. Dans ce contexte, les arrachages ont bien progressé malgré tout pour atteindre aujourd’hui respectivement 80 % et 95 % des surfaces à récolter pour Roquette et Tereos. La qualité des livraisons reste, de ce côté, relativement stable avec une richesse de 20,7 % et une tare de 9,1 % à Haussimont contre respectivement 20,3 % et 12,15 % (dont 3,37 % de cailloux) pour Vecquemont. L’impact des conditions météorologiques des dernières semaines apparaît ici comme une légère baisse de la richesse pour l’usine champenoise et une progression modérée de la tare pour son homologue picarde.

Vigilance sur le mildiou
En plus de rendre difficiles les arrachages, ces fortes précipitations ont détrempé les silos extérieurs non couverts avec plusieurs conséquences négatives : un développement ponctuel de pourritures dans les silos les plus chargés en terre, sans doute en lien également avec des blessures plus ou moins sévères sur tubercules, mais aussi une baisse d’efficacité notable de la performance de nettoyage des déterreurs mobiles. Le flux régulier, quasi continu, des pluies pendant plusieurs semaines a également causé des dégâts susceptibles de répercutions plus dramatiques en conservation. En effet, le lessivage de la végétation a pu entraîner des spores de mildiou de la surface des quelques tâches présentes sur le feuillage vers les tubercules en croissance dans les buttes. Même s’ils restent peu nombreux jusqu’à présent, plusieurs cas de mildiou sur tubercules sont ainsi signalés et incitent à une extrême rigueur dans les conditions de mise en tas et de ventilation pour éviter tout développement de pourritures humides à partir de ces tâches de mildiou sur tubercules qui peuvent rester sèches si le tas est bien ventilé.

Un temps frais propice à la ventilation de séchage
Après une période de relative douceur il y a quelques jours, suivie d’un temps plus frais et plus sec ayant permis de reprendre les arrachages, les prévisions sont orientées vers un rafraîchissement continu des températures durant les dix jours à venir. Ces températures basses seront propices à un déclenchement fréquent de la ventilation pour sécher efficacement les tubercules terreux récoltés en conditions humides (…) La fraîcheur attendue doit être accompagnée de pluies fréquentes. Cette forte humidité devrait limiter la vitesse de séchage des tas. Néanmoins, à condition de toujours ventiler avec de l’air plus froid que le tas, chaque heure ventilée est efficace pour sécher le tas, même s’il pleut.

Situation particulière des silos extérieurs
Les pluies intenses et répétées des dernières semaines ont montré l’intérêt d’un bâchage des silos extérieurs. Des pourritures sur tubercules ont, en effet, été observées dans quelques silos non bâchés et renfermant une tare terre importante. Les bactéries pathogènes prolifèrent beaucoup plus rapidement dans une ambiance anaérobie humide et peuvent rapidement contaminer les tubercules blessés lors de l’arrachage (…) Compte tenu des fortes pluies attendues ces prochains jours et l’arrivée sans doute proche de gels réguliers, il est fortement recommandé de bâcher au plus vite les silos extérieurs qui ne le seraient pas encore. Avant de procéder à ce bâchage avec un voile de type Toptex qui laisse «respirer» le tas en le protégeant des précipitations, il est nécessaire de l’aplanir pour éviter la création de zones en creux dans lesquelles l’eau pourrait s’accumuler et finalement pénétrer dans le silo. Le voilage épais de type Toptex a la particularité d’être quasiment étanche à la pénétration de l’eau s’il est posé sur une surface aplanie facilitant son écoulement tout en permettant de laisser respirer les tubercules présents dans le silo. Un silo constitué en bout de champ sur une largeur d’une remorque dans le sens des vents dominants et bâché va ainsi pouvoir progressivement sécher et se refroidir au fil des jours jusqu’à son enlèvement. C’est le maintien de ces conditions sèches qui garantira la bonne conservation des tubercules, même s’il ne s’agit que d’une période de quelques semaines.

Ventiler efficacement pour sécher le tas
Tout comme pour les silos extérieurs, l’obtention d’un séchage rapide des tubercules est une condition sine qua non pour une bonne conservation des tubercules stockés sous abri. Naturellement protégé de la pluie, il est nécessaire de disposer d’une ventilation performante pour avoir une action significative sur le tas qui doit être lui aussi correctement aplani pour une distribution homogène de l’air ventilé. Mais pour être efficace, il faut que cette ventilation soit mise en œuvre lorsque les conditions météorologiques le permettent. En effet, il convient de ne ventiler, en introduisant de l’air extérieur dans le tas, que lorsque les températures extérieures sont inférieures à celles du tas.  Même si l’air extérieur est humide (pluie, brouillard), le séchage sera toujours effectif à la condition que l’air extérieur est plus froid que le tas (…) Compte tenu de l’humidité des tas cette année, il est vraisemblable que le nombre d’heures nécessaires pour le séchage sera plus important que lors de la dernière campagne. Le séchage des tubercules pourra être considérer comme achevé lorsque les tubercules situés à une trentaine de centimètres du haut du tas seront secs. Visez cet objectif et une température de tas de 8°C d’ici la mi-novembre.

Précisions
L’intégralité du document «flash info conservation fécules» est téléchargeable sur les sites  :
www.planteur.roquette.com /
www.feculerie-haussimont.eu /
www.producteurs
depommesdeterre.org /
www.gipt.net /
www.arvalis-infos.fr
Le prochain numéro est à paraître le 18 novembre.



La féculerie d’Haussimont lance un appel aux surfaces

La féculerie d’Haussimont (Marne), du groupe coopératif Tereos, lance un appel aux surfaces de pommes de terre féculières, pour les plantations du printemps prochain, afin de tendre vers la pleine capacité de transformation de l’usine, ont indiqué ses dirigeants courant octobre. Suivant un plan d’investissement lancé en 2014, l’usine marnaise est passée d’une capacité de 270 000 tonnes en 2014 à 500 000 tonnes en 2017 de pommes de terre de fécule, a rappelé son directeur, Marc Freyermouth. «Nous voulons approcher de la saturation de l’outil», a ajouté Benoît Lhote, président de la commission «pommes de terre» de Tereos. L’appel aux surfaces plantées en pommes de terre de fécule n’a pas été quantifié, mais pour l’instant, 9 600 ha sont nécessaires pour produire 460 000 tonnes bon an mal an. L’augmentation de la capacité de l’outil s’est opérée, d’une part, grâce à l’allongement de la durée de la campagne de transformation : de 130 jours à 200 jours. Et, d’autre part, grâce à un plan incitant les producteurs à stocker la pomme de terre chez eux. L’accompagnement des producteurs s’effectue par des primes versées par la coopérative, et par des achats groupés de matériel de ventilation des bâtiments, équipement essentiel pour assurer la conservation des pommes de terre. Désormais, sur les 580 coopérateurs, 30 % stockent chez eux, représentant un volume de stockage de 150 000 tonnes. La féculerie est confiante dans l’expansion des débouchés. Le principal marché de la fécule (80 %) est son utilisation en alimentation humaine. La fécule est une variété d’amidon qui sert d’épaississant de soupes, de sauces et de desserts, du fait de sa viscosité. «La demande dans ce domaine restera forte, car elle accompagne la recherche d’aliments sans gluten», a précisé Marc Freyermouth. Quant au débouché papetier, il est conforté par la hausse de la demande en matière première pour fabriquer des sacs en papier, en remplacement des sacs en plastique. Enfin, la féculerie d’Haussimont extrait 2 à 2,5 % de protéines de la pomme de terre, soit 5 000 tonnes par an, pour utilisation en alimentation animale.

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