Festival de l’oiseau : découvrez les migrateurs au Marquenterre
La 29e édition du Festival de l’oiseau a lieu du 13 au 22 avril dans l’ouest du département. Parmi les animations proposées, le parc ornithologique du Marquenterre fait découvrir sa faune exceptionnelle. Suivez le guide !
Les chants des oiseaux de toutes sortes forment une joyeuse symphonie, en ce matin ensoleillé de printemps, au Parc ornithologique du Marquenterre. Soudain, au détour d’une allée, un sifflement en trille strident, de tonalité élevée, se fait remarquer. «Un martinet ! s’exclame Philippe Carruette, responsable pédagogique du site. En trente-cinq ans d’ornithologie, je n’ai jamais vu un martinet en Picardie début avril, si tôt en saison.»
Des surprises comme celle-ci, le site de 200 ha de marais, dunes et roselières, entre terre et mer, au cœur de la réserve naturelle de la Baie de Somme, en offre chaque année. «Ici, c’est comme un grand livre. On tourne les pages, mais on ne voit jamais le mot fin. Chaque moment est différent.» Et cette période, choisie pour l’organisation du Festival de l’oiseau, du 13 au 22 avril, est capitale : «C’est la migration de printemps, où nous voyons revenir de nombreuses espèces en provenance d’Afrique et du sud de l’Europe. En même temps, certains oiseaux sont encore en hivernage. C’est la période où il y a la plus grande diversité. On observe jusqu’à quatre-vingts espèces en une seule journée», confie Philippe Carruette.
Parmi elles, le coucou vient de faire son apparition, après 8 000 km de trajet en solitaire. «Il reste trois mois en Europe, passe deux mois en migration, et vit le reste de l’année en Afrique du Sud.» La spatule, un grand oiseau à allure de héron, au plumage blanc et reconnaissable à son bec long, large, curieusement ridé et spatulé à l’extrémité, fait partie des espèces phares du site. «Lorsque j’étais jeune, la spatule était un mythe pour moi, car elle ne remontait jamais si haut en France. Mais avec le réchauffement climatique, certainement, elle niche désormais chez nous. Quel bonheur d’en voir tous les jours !» Le Parc du Marquenterre accueille d’ailleurs la seule colonie de spatules visible du public en France. Quatre-vingt-douze couples ont trouvé refuge dans les pins. «Une vraie chance».
Ces pins font aussi le bonheur des cigognes. Elles n’étaient plus qu’onze couples en Picardie dans les années 1980 et, «grâce à des passionnés qui ont voué leur vie à leur préservation», elles sont désormais une cinquantaine de couples à se reproduire chez nous. Elles semblent faire bon ménage avec le héron garde-bœufs. L’échassier arbore en ce moment son plumage nuptial, aux plumes blanches, orangées sur la tête, le dos et la poitrine, un bec jaune et des pattes rougeâtres. «Il est arrivé chez nous en 1992. Cette année-là, j’ai cru voir un éléphant tellement c’était improbable», s’étonne encore l’ornithologue. D’ici le début du mois de mai, deux cents nids de ces grands échassiers devraient être observés.
Plus d’agriculture, plus d’oiseaux
Ces oiseaux sont les indicateurs du réchauffement climatique. «Il profite à certaines espèces, quand d’autres ont du mal à s’adapter. Les changements sont souvent trop brutaux pour certains.» Le Marquenterre souffre aussi d’un grave problème agricole : celui de la disparition de l’élevage. «Les terres agricoles nourrissent les oiseaux, assure le professionnel. Ils y trouvent des insectes, des rongeurs, des invertébrés… Si bien que le nombre de poussins diminue en même temps que le nombre d’hectares de champs et de prairies.» Toutes les espèces en diminution de population sont des espèces liées à l’élevage. L’alouette, qui fait un festin d’insectes, de larves, de vers de terre, et de graines et de semences diverses, est, par exemple, de plus en plus rare.
Le spectacle qu’offrent ces oiseaux, évoluant dans un espace préservé, riche d’une flore exceptionnelle, reste époustouflant. Les vingt et un guides du parc, qui dispensent leur savoir à qui veut l’entendre, s’en émerveillent encore chaque jour. «Cette richesse est aussi bien accessible à un ornithologue expérimenté qu’à un enfant de cinq ans», annonce Philippe Carruette. Le Festival de l’oiseau est un appel à l’observation de cette biodiversité. Pour l’occasion, des rencontres nature sont organisées les 15, 16, 17, 18, 19 et 22 avril, à 9h, pour profiter de l’éveil de la nature avant que le site n’ouvre ses portes au public. Des sorties en Baie de Somme en calèche et des ateliers reporter photos sont aussi prévus pour les enfants.
Réservation au Parc du Marquenterre : 03 22 25 68 99
Toute une panoplie d’activités est proposée dans le cadre de ce festival : sorties nature, ateliers pour les enfants, expositions, documentaires, conférences, stages de photographie… Consultez le programme complet sur www.festival-oiseau-nature.com