Festival : immersion dans l'art digital avec les Safra'Numériques
La scène conventionnée du Safran, à Amiens, accueille la 4e édition des Safra’Numériques jusqu’au 23 mars.
Visualiser les ondes sonores, bouger ses mains pour y lire l’avenir, tester si le courant passe entre deux corps, jouer avec le son et l’image de la nuit, découvrir son portrait interactif animé par une intelligence artificielle, observer un paysage à l’intérieur d’un casque de réalité virtuelle et explorer divers degrés de liberté sur l’espace ou la ligne de temps… Autant d’expériences à découvrir et à vivre seul ou en groupe au cours de cette quatrième édition des Safra’Numériques, organisée par la scène conventionnée du Safran, à Amiens.
Ce rendez-vous culturel, devenu incontournable dans la région des Hauts-de-France, a conquis, l’an passé, plus de douze mille spectateurs. Il revient en force, cette année, avec une programmation faisant, comme toujours, une large place à la scène locale et régionale, qui voit émerger de nouvelles formes artistiques.
Si Le Safran persiste et signe dans cette voie du numérique et des nouvelles technologies, c’est parce que «la réalité augmentée, l’art génératif et l’art interactif sont devenus de véritables esthétiques. Et les nouvelles technologies concernent tous les domaines de notre société, dans un monde qui va très vite et qui est de plus en plus globalisé. Aussi nous avons décidé de développer une programmation qui s’attache à mettre en lumière ces nouveaux langages pour toucher tous les publics, faire découvrir les artistes et nourrir une réflexion sur notre monde», commente le directeur du Safran, Ikbal Ben Khalfallah.
Au total, une trentaine de propositions artistiques inédites (installations, spectacle vivant et jeune public, immersions virtuelles, concerts, ateliers, projections cinématographiques…) seront à l’affiche, pour la plupart gratuites, au Safran, mais aussi dans d’autres lieux de création de la métropole amiénoise : la Machinerie, La Lune des Pirates, la Maison du théâtre, l’Université de Picardie Jules-Verne, la Maison de la culture d’Amiens, le réseau Canopé, etc.
Enfants et jeunes adolescents ne sont pas non plus oubliés avec cinq ateliers qui leur sont destinés, et proposant de leur apprendre à coder, à concevoir et fabriquer des pièces céramiques en 3D, à découvrir l’art du mix et du scratch, de piloter un drone, ou encore à plonger dans la réalité virtuelle avec un casque VR vissé sur les yeux.
Explorez de nouveaux mondes
Imaginez, dans un dialogue sans frontières, une manière nouvelle d’être présent au monde. C’est l’invitation que lance Camille Rocailleux, avec son spectacle, «Muances» (22 mars, à 20h). Vidéos internet et musiciens sur scène tissent progressivement une enquête musicale et un poème sociologique sur le monde tel qu’il nous est donné à voir à travers les vidéos internet.
Sortir de notre état de «robot» que confère Internet, donnant l’illusion de pouvoir communiquer avec le monde entier sans bouger de son lit ou de son canapé, mais nous coupant de l’autre subrepticement, mais sûrement, et nous rendant prisonniers des écrans, tel est le sujet qu’aborde, à bras-le-corps, la Compagnie L’Embardée, avec son spectacle de hip-hop, «Robotisé» (23 mars, à 15h).
Pour les fans de musique électronique, c’est à La Lune des Pirates, qu’il faudra être, le 23 mars, à partir de 20h30, pour découvrir Irène Drésel, Dombrance et Dersee. Avec ces trois-là, c’est une techno entêtante, haute en couleur et underground, susceptible de plaire aux avertis comme aux profanes, à laquelle vous êtes convié.
Mais, bien sûr, ce rendez-vous immersif et ludique qu’est le festival Safra’Numériques ne serait pas ce qu’il est sans les installations et expériences immersives créées de toutes pièces par des artistes locaux et internationaux.
Avec les artistes Eric et Camille Turlot, plongez au cœur du changement climatique. «Don’t look the sun in the eye» est une installation qui puise son esthétique dans la science-fiction post-apocalyptique, et raconte l’histoire d’un Smiley se débattant avec une catastrophe écologique imminente…
Sans transition aucune, les logiciels de Face Tacking, ça vous parle ? Non ? Pourtant, ce sont les outils utilisés dans de nombreuses applications telles que Snapchat et Animoji d’Apple, pour adapter les graphiques aux mouvements du visage. Avec «I’ll be there», l’artiste allemande, Manja Ebert, vous propose une interaction entre la contemplation volontaire de votre reflet et la surveillance externe ciblée de ces technologies.
Autre proposition : un «Tête à tête» avec le projet Acqua Alta d’Adrien M. et Claire B., qui vous permettra de vivre un spectacle depuis l’intérieur, grâce à un casque de réalité virtuelle, où vous vous retrouverez sur le même plan que les danseurs.
Autant d’expériences et de découvertes pour décrypter les enjeux de société autour, entre autres, du changement climatique, des relations homme/machine, du rapport au temps, de l’importance du rêve, de la nécessaire protection de la terre… Tel est le fil rouge qui constitue les fondations de ce festival au fil des ans. Salutaire.
Le Safran, 3, rue Georges Guynemer, à Amiens.
Rens. au 03 22 69 66 00 ou sur www.amiens.fr/LeSafran