Elevage
Fiché pour un tas de fumier trop haut
Dans le canton de Poix-de-Picardie, plusieurs agriculteurs se sont attiré les foudres de la Direction départementale de la protection des populations pour des manquements à la réglementation sur le stockage des effluents d’élevage. L’un d’eux témoigne de la méthode cavalière employée par l’administration.
Dans le canton de Poix-de-Picardie, plusieurs agriculteurs se sont attiré les foudres de la Direction départementale de la protection des populations pour des manquements à la réglementation sur le stockage des effluents d’élevage. L’un d’eux témoigne de la méthode cavalière employée par l’administration.
L’affaire a beau dater de plusieurs mois, Fabien*, un agriculteur installé sur une ferme de polyculture-élevage dans le canton de Poix-de-Picardie n’en revient toujours pas. En juin dernier, une lettre recommandée émanant de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) l’informe que deux infractions ont été relevées dans l’une de ces parcelles sur la réglementation encadrant le stockage des effluents d’élevage.
Dix centimètres trop haut
Ce qui lui est reproché, c’est d’abord d’avoir installé un dépôt de fumier sur une aire stabilisée. La seconde chose qui le met en infraction, c’est la hauteur dudit dépôt qui dépasse de dix centimètres en certains endroits la hauteur maximum de 2,5 m. Fabien dit pourtant avoir agi de bonne foi : «Cela fait vingt ans que je fais comme cela et c’est la première fois que je me fais épingler… Je n’ai jamais eu de plainte des voisins. Si j’avais su qu’il y a une hauteur maximum, j’aurais fait autrement. Si le tas fait 2,6 m par endroit, c’est l’affaire de quelques jours, avant qu’il ne se tasse.»
L’éleveur a bien tenté d’obtenir des explications de la part de l’administration, mais l’inspection des installations classées qui a établi le constat d’infraction est intransigeante : «Je me suis heurté à un mur. On m’a répondu que si j’avais respecté la réglementation, cela ne serait pas arrivé… J’aurais aimé être prévenu autrement que par un courrier recommandé.» En échangeant avec d’autres agriculteurs, il se rend compte qu’il n’est pas le seul dans cette situation. Dans le courrier qu’il a reçu, l’administration lui impose un délai de trois mois pour se mettre en règle ; ce que l’agriculteur a fait sans sourciller. «J’ai eu le choix entre déplacer le tas de fumier ou l’épandre», poursuit Fabien.
Fiché dans le portail Géorisques
Aujourd’hui encore, l’éleveur reste «choqué» et s’interroge sur l’avenir de son atelier d’élevage :
«Encore une comme celle-là, et je laisse tomber l’élevage. Cela devient très compliqué», assurait-il début de semaine. Ce qui le heurte le plus, c’est d’avoir depuis cette date le nom de son exploitation inscrite sur la plateforme «Géorisques» qui recense «pour un territoire donné la liste des données et documents relatifs naturels et technologiques». Pour Fabien, c’est le choc : «Me voilà fiché comme un délinquant, à la vue de tout le monde. Chacun peut aller sur le site Géorisques et exploiter les données contre nous…» Tout cela pour un tas de fumier «mal» placé et un peu trop haut.
(*) prénom d’emprunt