Filières biologiques cherchent agriculteurs
Le 30 novembre, l’Agriculture biologique en Picardie organise un Forum d’opérateurs biologiques, à Compiègne.
Etat des lieux des filières et opportunités pour les agriculteurs.
L’agriculture biologique se porte bien, même très bien. En 2015 déjà, en Hauts-de-France, sa progression était de plus de 14 %. Certes loin des 23 % à l’échelle nationale, mais «du jamais vu», selon Fanny Vandewalle, chargée de mission Filières à l’ABP (Agriculture biologique en Picardie). Fin 2015, 17 404 ha ont été convertis en bio dans les Hauts-de-France par 613 producteurs (cf. encadré). Et cette tendance à la hausse continue de plus belle en 2016, avec 2 000 ha engagés en conversion bio sur l’ensemble des cinq départements de la grande région. Le potentiel de surfaces en conversion pourrait atteindre, lui, les 4 000 hectares, selon l’ABP.
Entre un intérêt économique qui se confirme, des prix plus stables et plus rémunérateurs, une recherche de cultures à forte valeur ajoutée, la crise de l’élevage depuis presque deux ans et la moisson catastrophique de cet été avec des cours des céréales en berne, la bio apparaît comme un secteur à investir pour de plus en plus d’agriculteurs. Autre évolution : les mentalités. «Ce n’est plus une activité considérée à part ou pointée du doigt comme par le passé», commente la chargée de mission.
Tous les indicateurs de croissance sont donc au vert concernant le secteur de la bio. Aussi, côté transformateur, la mutation est également en marche. Le secteur de la bio est en train de s’industrialiser à grande vitesse sous l’impulsion d’investissements records. Plus de 80 % en 2014 et plus de 50 % en 2015. Le marché français de la transformation bio dans le secteur de l’agro-alimentaire représentait en 2015 près de 3,5 milliards d’euros. Les coopératives s’engagent d’ailleurs pour aider les agriculteurs à passer en bio. Ainsi, Lact’Union et Biolait, pour ne citer que ces exemples, proposent des primes à la conversion et des prix rémunérateurs. Le secteur se développant, les filières, en cours de structuration, recherchent donc des agriculteurs tentés par «l’aventure».
Filières et agriculteurs
Pour faciliter la rencontre entre les opérateurs et les agriculteurs, et forte du succès du premier Forum d’opérateurs, à Conty, l’an dernier, l’ABP a décidé d’organiser le même événement, cette fois-ci à Compiègne, le 30 novembre prochain. Vingt-sept opérateurs, toutes filières confondues, ont répondu favorablement à l’invitation de l’ABP, dont huit nouveaux. Parmi ces nouveaux, Biofaçonnage, Agrial, Allaire, Leroux, Larrère, Pinguin, Pronatura et Marché de Phalempin. Ils étaient vingt-six l’année précédente. Leurs besoins sont les mêmes, soit augmenter leur capacité de collecte de produits bio.
Ainsi, la coopérative Acolyance, qui s’est lancée dans la bio en 2011, cherche à développer des filières locales afin de garantir des débouchés en région. Soit dépasser les 5 500 tonnes collectés l’an dernier. Biolait, premier collecteur de lait de vache bio, est prête à accepter de nouveaux adhérents, «selon les débouchés commerciaux», précise-t-elle. Le groupe Cocorette est à la recherche de 50 000 poules biologiques supplémentaires. Biocer est à la recherche à la fois de producteurs bio, de porteurs de projets à la conversion, de multiplicateurs de semences, céréales et oléoprotéagineux. Agrial, branches légumes, veut développer en bio le poireau avec des volumes importants et toute la gamme de légumes d’hiver…
«Plus qu’une mise en relation, le Forum d’opérateurs a pour ambition de tisser un espace de dialogue entre opérateurs au sein d’une filière et inter-filières biologiques. Convaincus que l’agriculture biologique doit se développer dans la coopération et qu’elle se raisonne à une échelle globale, légumes de plein champ, grandes cultures et élevage se côtoieront au cours de cette journée», précise Fanny Vandewalle. Autrement dit, l’objectif est de structurer la filière. L’agriculture biologique est incontestablement à un tournant. Mais «il faut savoir vers où on va aller. Le défi des dix années à venir va être de structurer ce développement», rappelait Stéphane Le Foll, lors des Assises nationales de l’agriculture biologique, le 14 novembre, à Paris. Si la filière doit répondre à la demande croissante, «elle doit rester équitable, en rémunérant au prix juste agriculteurs et opérateurs à chaque maillon de la chaîne», indique Fanny Vandewalle.
La bio en 2015 dans les Hauts-de-France
- 17 404 ha convertis en bio, dont 7 979 dans le Nord-Pas-de-Calais et 9 425 ha en Picardie
- Surfaces par département : 5 209 ha dans le Nord (210 exploitations), 2 770 ha dans le Pas-de-Calais (130 exploitations), 4 729 ha dans l’Oise (82 exploitations), 2 456 dans la Somme (102 exploitations), 2 240 ha dans l’Aisne (89 exploitations)
- 613 producteurs, dont 340 dans le Nord-Pas-de-Calais et 273 en Picardie
- Sur les 613 producteurs, 109 en grandes cultures, 163 en légumes et maraîchage, 125 en lait-viande, autres cultures pour le reste