Flambée printanière surprise d’influenza dans le Sud-Ouest
Avec une quinzaine de cas en une semaine, l’influenza aviaire a fait début mai un retour inattendu – et fracassant – dans les élevages du Gers et des Landes.
«Un coup de massue» à l’origine encore inexpliquée, déplore le président de la Chambre d’agriculture du Gers Bernard Malabirade.
Avec une quinzaine de cas en une semaine, l’influenza aviaire a fait début mai un retour inattendu – et fracassant – dans les élevages du Gers et des Landes.
«Un coup de massue» à l’origine encore inexpliquée, déplore le président de la Chambre d’agriculture du Gers Bernard Malabirade.
À l’arrêt depuis presque deux mois, le compteur du nombre de cas d’influenza aviaire s’est brusquement emballé dans le Sud-Ouest. Après une première suspicion, le 3 mai, dans un élevage de Couloumé-Mondebat (Gers), tout s’est enchaîné très vite : une semaine plus tard, le
11 mai, le Gers et les Landes dénombraient 14 nouveaux foyers confirmés. Une nouvelle flambée qui porte le total au niveau national à 329 cas, selon le dernier bilan du ministère de l’Agriculture au 11 mai.
Les nouveaux cas concernent surtout des palmipèdes, mais aussi des poules pondeuses et des poulets reproducteurs. La grande majorité des foyers se situent dans une zone d’une trentaine de kilomètres au nord-ouest du Gers. Dans les Landes voisines, le premier cas a été confirmé le 10 mai, dans un élevage de 8 600 canards à Bordères-et-Lamensans, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Mont-de-Marsan. Au 11 mai, au moins trois autres élevages faisaient l’objet de suspicions, selon la carte de nos confrères de Réussir Volailles.
Le président de la chambre d’agriculture du Gers, Bernard Malabirade, décrit une «situation très évolutive [qui] impose des mesures fortes». Les abattages dans les élevages foyers «ont été réalisés» et «des dépeuplements préventifs sont en cours» dans un rayon de 10 km autour des cas pour les palmipèdes (1 km pour les autres volailles), indique la chambre consulaire sur son site web. M. Malabirade évoquait aussi des «non-remises en place dans un rayon de 20 km afin de cantonner au maximum un virus apparemment hors de contrôle».
Déjà 120 000 volailles abattues
Selon France 3 Occitanie, «depuis vendredi 5 mai, environ 120 000 volailles ont déjà été abattues» dans le cadre de la lutte contre la maladie. «On passera le demi-million très rapidement. Ça va beaucoup plus vite que les années précédentes», indique à la chaîne locale Lionel Candelon, éleveur et président du collectif des Canards en colère. Ce que confirme Bernard Malabirade, qualifiant cette flambée de «très atypique par sa virulence et la période de l’année» à laquelle elle survient. Fin avril, entre le retour des beaux jours et la fin de la saison migratoire, le ministère de l’Agriculture avait abaissé le niveau de risque à «modéré» sur l’ensemble du territoire national. Mais concernant la flambée dans le Sud-Ouest, «il faut la gérer comme si on était en plein hiver», martèle Bernard Malabirade.
Sur le terrain, c’est «bien évidemment le coup de massue», rapporte le président de la chambre gersoise. D’autant que le Sud-Ouest a été relativement épargné par la maladie lors de l’hiver 2022-2023 (- 95 % de cas en un an), notamment grâce au vide sanitaire synchronisé instauré par le Plan Adour. Mais le redémarrage de la production a été pénalisé par le manque de canetons, l’influenza ayant frappé les élevages de reproducteurs des Pays de la Loire pour la deuxième fois en 2022.
La claustration «passe très mal»
Cette nouvelle flambée surprise est d’autant plus mal vécue qu’elle est, pour l’instant, encore inexpliquée. Les foyers gersois pourraient avoir «deux origines possibles», avance Bernard Malabirade. La première : une «résurgence» dans des élevages qui avaient déjà été foyers en janvier. La seconde ? «Une nouvelle contamination liée à la faune sauvage, certains élevages touchés étant proches de points d’eau.» Ce qui serait une conséquence directe de l’indemnisation de la maladie. «L’obligation de remettre les animaux à l’abri dans les zones réglementées passe aussi très mal, reconnaît Bernard Malabirade. Certains animaux étaient déjà en extérieur, le retour en bâtiment provoque un stress important.»
Vacciner toute l’année ?
Alors que la crise n’est pas encore achevée, le président de la Chambre d’agriculture du Gers appelle déjà à «en tirer les enseignements adéquats sur la stratégie vaccinale». Alors que le vaccin n’est pas attendu avant l’automne, «ça nous aurait bien arrangés de l’avoir...», souffle-t-il. Émise par le Cifog (interprofession du foie gras), l’idée qui semblait émerger était celle d’une vaccination limitée à l’hiver, période la plus à risque. Mais pour Bernard Malabirade, la récente flambée dans le Sud-Ouest montre que «la période à risque est désormais étendue à toute l’année».