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Georges-Etienne Vandamme : le goût des saveurs picardes

Son entreprise, le Domaine Picard, à Villers-Bocage, a reçu la médaille d’or au SIA 2016, pour son pâté de foie de porc, récompense remise par la vice-présidente de la Région, le 22 mai.

© AAP


«Son dada, c’est le pâté», dit de lui l’ancien PDG du Domaine Picard, Alain Bogaert. Renseignement pris auprès de l’intéressé, le pâté, «j’aime bien, répond Georges-Etienne Vandamme, mais j’aime surtout les miens». Le ton est donné. Il suffit d’ailleurs de l’écouter évoquer les produits du terroir dans le giron de l’entreprise, leur qualité, leur histoire, leur recette et leur mise en valeur pour en avoir l’eau à la bouche. A l’évidence, Georges-Etienne Vandamme ne fait pas les choses à moitié quand il s’investit et s’enthousiasme pour un projet.
Cette entreprise réunit exactement ce qu’il aime : de très bons produits et le lien qu’ils instaurent instantanément entre ceux et celles qui les partagent. Parce que sans partage, la vie n’a pas la même saveur. Comme le goût de la bonne chair, qui lui est venue au fil des années et des expériences vécues dans plusieurs villes de France et d’Italie, celui d’entreprendre a cheminé en lui avec la même lenteur. Avoir son entreprise, il ne l’imaginait guère, pas plus qu’il n’en rêvait. «Mon père avait une petite entreprise qui connaissait régulièrement des hauts et des bas. J’en ai pas mal souffert. On s’inquiétait tous pour lui. Aussi devenir chef d’entreprise, je n’en avais aucun désir, car je voyais cela comme un métier à risque. C’est sans doute pour cela que j’ai démarré ma carrière dans des grands groupes. Ce n’est qu’à présent que j’ai compris que mon père était heureux malgré ses déboires, car il décidait de tout. Et je le comprends d’autant mieux aujourd’hui que j’ai désormais mon entreprise et que je n’ai jamais été aussi heureux», raconte-t-il.

Des détergents à l’agroalimentaire
Ce gourmand patenté, Lillois d’origine, a pourtant commencé une carrière de commercial dans les détergents, chez Procter, après des études à l’EDHEC de Lille. Une entreprise «remarquable», selon ses dires, qui l’a formé, lui a appris la rigueur et l’a conduit durant huit ans sur différents postes. Son seul défaut ? L’absence d’autonomie accordée à ses cadres. Rassurant quand on débute, mais handicapant au bout de quelques années pour qui veut déployer ses ailes.
Aussi quand Danone lui tend la perche pour le faire venir dans ses rangs, il franchit le Rubicon sans hésiter un instant, bien qu’il ne connaisse rien à l’agroalimentaire, et encore moins aux produits laitiers frais. Ses débuts en tant que directeur commercial régional sont difficiles. «J’ai eu un peu de mal à m’adapter au commencement, car Danone donne à ses cadres une autonomie que je n’avais jamais expérimentée chez Procter. C’était un peu angoissant mais, une fois ce sentiment passé, j’ai énormément appris et ai pu laisser libre cours à ma créativité», dit-il.
Après les produits laitiers, il passe par la case charcuterie en intégrant Herta, groupe Nestlé, puis retourne vers les produits laitiers en tant que directeur commercial de Yoplait, avant de devenir directeur général de Richemont, puis de Candia. «J’ai adoré le monde du yaourt, car il y a beaucoup d’innovations, et ce sont des produits à fort marketing. Mais le fromage, c’était encore mieux car, à partir des matières premières, on arrive à faire des choses fabuleuses», expose-t-il. Sans oublier un passage par une coopérative. Des grands groupes aux coopératives, Georges-Etienne Vandamme enrichit son savoir-faire et gagne une connaissance approfondie qui lui serviront, demain, sans qu’il ne le sache encore, sur son nouveau terrain de «jeu».

Voler enfin de ses propres ailes
Si les expériences sont riches, son éloignement géographique avec sa famille et ses amis commence cependant à lui peser. Enthousiasmé pourtant par sa vie parisienne, il finit par s’en lasser. «Je ne supportais plus de vivre dans ce monde de transplantés qui n’ont aucun lien entre eux. Finalement ne vivent à Paris que des gens de passage. Le Nord a fini par me manquer par sa vie sociale riche et profonde. Dans le Nord, les gens ont un vrai intérêt les uns pour les autres. Vous savez, c’est important les racines», confie-t-il. Pour y revenir, il quittera son grand groupe pour diriger une coopérative à Arras. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais c’est bien mal connaître le personnage, avide de nouvelles expériences.
Ainsi, quand l’opportunité d’acheter le Domaine Picard se présente, il n’hésite pas un instant. «J’avais envie d’une entreprise à moi. Etre autonome et indépendant, c’est un levier précieux. Vous gérez complètement votre vie, et vous n’avez plus à vous soucier de plaire ou déplaire. J’ai saisi cette occasion avec d’autant plus de plaisir que je cherchais à acheter une entreprise avec une production, et si possible dans l’agroalimentaire. J’étais donc comblé avec celle-ci», relève-t-il. Et encore plus, car l’aventure commence sous de bons auspices.
En effet, dès sa première visite sur le site, en mars 2008, le contact est immédiat avec le propriétaire d’alors, un gars du Pas-de-Calais comme lui. Trois mois après, la signature est faite alors que dans ce type de transactions il faut d’ordinaire compter une bonne année. L’entente est telle que l’ancien propriétaire restera cinq années auprès de lui. Autre attrait : un potentiel de développement des produits à faire dans la grande distribution. Puis «faire à partir de la matière brute de bons produits alimentaires savoureux et appétissants, c’est vraiment quelque chose que j’adore, et d’autant plus avec ces produits qui s’inscrivent dans un terroir, dans une histoire et dans des recettes anciennes oubliées», ajoute-t-il.
S’il est autant attaché à cela, «c’est, dit-il, parce qu’on ne vit et qu’on n’existe que par rapport à son histoire et à ses racines.» Son futur défi ? Que la notoriété des produits picards dépasse les frontières hexagonales. Avec l’enthousiasme qui l’anime quand il en parle, gageons qu’il n’aurait pas de mal à relever le pari.

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