Economique
Graminées : les relations ne sont pas stabilisées avec Benoist Sem
Sans élément solide de discussion, l’association des multiplicateurs de semences est exaspérée de la situation.
Alors que la récolte de graminées a débuté au gré des averses, la transition entre les Ets Laboulet et Benoist Sem semble bien moins fluide qu’escomptée par les producteurs. En effet l’Association des producteurs (AMSBPR) se dit toujours en quête d’informations claires et prospectives de la part de la société Benoist Sem au bénéfice de laquelle a été prononcé une ordonnance de transfert d’activités pour la récolte 2012.
Aucune réponse de la part de Benoist Sem
Jérôme de Colnet, président de l’AMSBPR, avait relevé trois points d’urgence : la clarification de la grille de paiement de la récolte en cours ; le rattrapage contractuel de la très grande majorité des producteurs ayant dénoncé leur contrat, et des discussions sur les perspectives de ressemis au mois de septembre.
Interrogé ce mercredi, Jérôme de Colnet confirme n’avoir eu aucun contact sur ces sujets de la part de Benoist Sem ni à titre personnel, ni en tant que représentant de l’association. Et de regretter cette distance qui s’installe et replonge les producteurs dans l’incertitude (voir encadré).
Le terrain est donc propice à toutes les velléités ; d’ailleurs, des concurrents directs en activité ne manquent pas de démarcher les multiplicateurs, notamment ceux disposant de capacités individuelles de séchage et stockage. Dès lors et à trois semaines des ressemis, la crainte est forte de voir l’unité économique et identitaire du bassin voler en éclat.
Il est plus qu’urgent pour les producteurs d’avoir des conditions de confiance rétablies, des perspectives de consolidation économique préservant aux graminées un intérêt face aux grandes cultures qui sont toujours solides pour 2013. A défaut de réponse immédiate, le scénario d’une solution émergeant du territoire et du cœur du bassin se doit d’être étudiée, selon la Fdsea de la Somme.
ILS ONT DIT
Jérôme de Colnet : Benoist Sem reste éloigné des producteurs
Au lendemain de l’ordonnance, nous avons réuni les producteurs et dit clairement que nous jugions l’arrivée d’Agrial / Benoist Sem avec un a priori positif. Nous leur avons exprimé à plusieurs reprises des points de clarification nécessaires et je suis au regret de dire qu’à ce jour, nous n’avons pas eu le moindre retour de leur part. Quelle qu’en soit la raison, ce mutisme est exaspérant pour les producteurs. Certes, nous avons un peu plus de certitude sur les récoltes en cours (même si le doute finit par s’installer…) mais surtout, cela ne présage rien de bon pour les ressemis, car nous pensions en avoir fini avec des discussions sous le manteau et des approximations permanentes ; aujourd’hui, aucune de ces méthodes de travail n’a changé. A trois semaines des ressemis, quand on voit la vulnérabilité des graminées aux conditions climatiques, les difficultés de récolte et les cours des grandes cultures, on ne s’étonnera pas de la réaction des producteurs. Et qu’on ne vienne pas leur jeter la pierre : pour l’heure, ils ont perdu la récolte 2011 et ils ont quand même maintenu celle de 2012 pour sauver le bassin. En cas d’échec, la responsabilité sera à chercher ailleurs !
Laurent Degenne : être prêt à se prendre en main
Le département a une culture de valeur ajoutée pour les producteurs. Ça ne doit pas demeurer un slogan de discours, mais ça doit se concrétiser dans des moments comme celui-ci. L’arrivée d’un interlocuteur solide nous a un temps rassuré et laissé espérer un avenir constructif. Cet espoir n’est pas encore éteint, mais il s’amenuise chaque jour depuis bientôt un mois. L’intérêt des producteurs est de préserver un développement collectif possible, et ce dans l’unité. Je refuse de prendre le risque de ne pas avoir de solution à proposer aux multiplicateurs en cas d’avortement du projet de Benoist Sem, et de voir ce bassin se faire dépecer et disparaître. Aujourd’hui, sans claquer la porte au schéma de reprise, je considère que le bassin doit se préparer à se prendre en main et à se sortir de cette impasse. Un bassin uni, un outil au cœur du bassin, et une gouvernance émergeant du territoire, voilà ce que je souhaite au bassin, et ce à quoi j’appelle à réfléchir tous les acteurs économiques concernés !